C'est avant-hier, dimanche, à Ath Yenni (35 km au sud de Tizi Ouzou), qu'a été donné le premier tour de manivelle pour le tournage de « Ath Yenni, Paroles d'argent », un documentaire de l'écrivain journaliste algérien Arezki Metref. D'une durée de 52 minutes, « le film vise à montrer les bouleversements et les mutations que connaît l'Algérie toute entière », indique l'auteur. « Ce documentaire se propose de décrire le passé et ce qu'il en reste dans le présent », ajoute son réalisateur, Ramdane Rahmouni qui finance également le projet. « Les grandes histoires n'ont de sens que grâce aux petites histoires singulières, celles des individus dans leur vie quotidienne et travail, l'architecture des maisons, l'agriculture... J'ai envie de réaliser un documentaire où l'on montre des personnes originaires des villages de la région. C'est en fait une espèce de portrait d'un village où l'on tentera de découvrir comment les vieux vivent l'intrusion de nouvelles valeurs. Comment les jeunes vivent-ils, de leur côté, le recul de ces valeurs devant les nouveaux moyens de télécommunication : l'Internet, le téléphone et le satellite ? », explique M. Metref. Ce dernier estime que « rien ne peut se faire sans le talent et la contribution de la population d'Ath Yenni à laquelle je lance un appel pour collecter les anciens documents et photos de la région ». Pour concrétiser son projet, l'écrivain journaliste a associé tous les animateurs du mouvement associatif des sept villages de la commune d'Ath Yenni. « Les vieux des villages sont aussi sollicités pour apporter leur témoignage sur le passé de la région, qui ne diffère pas trop de celui des autres villages de la Kabylie », ajoute-t-il. Le début effectif du tournage de Ath Yenni, Paroles d'argent aura lieu à partir de décembre prochain et durera six semaines, avancent l'auteur et le réalisateur du film. Il s'effectuera à Ath Yenni, à Alger et à Paris, précise-t-on encore. Le produit sera disponible en deux versions : en tamazight et en français. M. Metref affirme toutefois que les témoignages seront fidèlement reproduits dans les langues où ils seront exprimés, en utilisant le sous-titrage dans certains cas. Plus d'une centaine de personnes de différents âges seront appelée à apporter leur contribution. « Nous interrogerons d'anciens instituteurs encore vivants et qui ont enseigné dans les écoles d'Ath Yenni durant l'époque coloniale, les vieux et les jeunes des nouvelles générations pour mieux nous éclairer sur le passé et les mutations opérées à travers le temps », soutient-il. Interrogé sur son choix pour les villages d'Ath Yenni, Arezki Metref répondra avec une gêne apparente : « C'est un peu délicat mais je devais faire un choix. Donc, j'ai opté pour Ath Yenni qui ne sert ici que de microcosme pour la description de phénomènes aux proportions plus larges. N'oublions pas aussi que je suis natif de cette région. Du point de vue historique, Ath Yenni a un passé riche en événements. Elle est l'une des neuf tribus citées par Ibn Khaldoun... considérée déjà au XVe siècle comme un ensemble remarquablement urbanisé pour l'époque. C'est aussi l'une des régions de Kabylie qui a donné de grands hommes, tel Mouloud Mammeri, qui ont édifié une partie de l'histoire de l'Algérie ». Arezki Metref qui a publié une série de reportages sous le titre Kabylie Story dans les colonnes de notre confrère Le Soir d'Algérie veut, selon ses dires, scruter cette fois-ci l'histoire profonde d'Ath Yenni, une partie de l'histoire de l'Algérie à travers le temps.
