Tout ce qui est excessif devient insignifiant.» Cette phrase lancée, hier matin, par Abdelaziz Ziari, est adressée, selon toute vraisemblance, aux députés de la formation de Saïd Sadi. La guerre de tranchées et les tirs croisés entre les élus du RCD et ceux du RND lors de la quatrième et dernière séance plénière consacrée aux débats autour de la loi de finances 2011 ont fait réagir le président de l'APN. Tout en se disant ouvert aux critiques émanant des formations politiques, toutes obédiences confondues, M. Ziari ne s'est pas empêché de faire un mise au point aux élus de l'opposition : «Que chacun assume ses responsabilités, le Premier ministre Ahmed Ouyahia ne gère pas à lui seul le pouvoir, nous sommes tous responsables, y compris l'opposition.» Et d'ajouter : «Je vous demande d'axer vos interventions sur le contenu de la loi de finances et d'apporter des critiques fondées.» Ces propos font suite aux interventions de Aït Hamouda Noureddine, Khendek et trois autres députés du RCD. Aussi, la riposte du RND ne s'est pas fait attendre, Chihab Seddik et Hlima Boutouiga ont dénoncé les critiques du parti de l'opposition. En commençant son réquisitoire, Noureddine Aït Hamouda a tenu à répondre au Premier ministre qui a «osé» traiter les députés du RCD d'«élus inconnus à 40 km de leur territoire». Aït Hamouda contre-attaque. Pour lui, Ouyahia est plutôt connu pour l'emprisonnement des cadres de l'Etat pour des considérations de calculs politiques, par les ponctions sur les salaires des fonctionnaires et pour avoir instrumentalisé à des fins politiques l'affaire de l'assassinat de Matoub Lounès. «Sinon, comment expliquer que les assassins présumés sont en prison depuis 10 ans sans jugement ?» Sur le chapitre de la corruption, le député du RCD s'est interrogé sur l'arrivé d'Orascom en Algérie : «Un seul égyptien a pu voler le régime algérien qui vient pleurer aujourd'hui devant nous.» Aït Hamouda remet également en cause tous les chiffres avancés par le Premier ministre lors de son passage à l'APN et accuse par là même le pouvoir d'avoir assassiné Ali Tounsi dans son propre bureau. «Oui monsieur Ouyahia, le pouvoir est fort et uni pour accomplir de telles besognes», a répliqué le député. En concluant son intervention, M. Aït Hamouda a souhaité un prompt rétablissement à Karim Djoudi, ministre des Finances. De son côté, Hlima Boutouiga a estimé que l'heure est aux débats autour du projet de loi de finances 2011 et non au règlement de comptes. «Vous parlez de l'implication des pouvoirs publics dans des affaires de corruption tels Sonatrach et l'autoroute Est-Ouest, apportez vos preuves», a fulminé l'intervenante, qui lance à l'adresse des députés RCD : «Vous êtes en train de ternir l'image des institutions algériennes à l'échelle nationale et internationale. On ne critique pas pour le plaisir de critiquer, Ouyahia est un homme d'Etat.» Imperturbables et continuant leur charge contre Ouyahia, les élus RCD se sont succédé pour vilipender le Premier ministre. M. Khendek a soutenu que ce 31 octobre 2010, quelque chose a basculé vers l'irréparable. «Habituellement, les offres de services se font dans les coulisses ou dans les arcanes de ceux qui font et défont les chefs d'Etat. Cette fois-ci, elle a été faite en direct sur la télévision publique, comme gages ou offrandes promis à ses sponsors, le RCD et la Kabylie», a souligné Khendek. Ce dernier a tenu à préciser que «l'actuelle Assemblée, issue elle aussi de la fraude, joue le rôle qu'on lui a accordé. Sinon, pourquoi accepter de débattre du projet de loi des finances dès lors que le gouvernement ne présente toujours pas le bilan de la loi de règlement budgétaire ? Il est annoncé après l'adoption de ladite loi.» «Que le Premier ministre nous dise où sont passés les 500 milliards de dollars injectés dans l'économie à travers les différents plans de relance économique pour avoir aujourd'hui une faible croissance et un taux d'inflation dangereux», s'est interrogé Khendek, qui pense que c'est sur cette problématique que les Algériens attendent de sa part une explication : «Le peuple algérien ne lui demande pas de se comporter comme un chef de parti à partir de la tribune du Parlement, mais de trouver des solutions aux différents maux que vit la société.» Chihab Seddik du RND réplique au RCD : «Il s'agit là d'une pratique politico-politicienne basée sur l'amalgame. Au sein de l'alliance nous avons été les premiers à dénoncer certaines insuffisances. Tizi Ouzou et Béjaïa sont qualifiées de ville martyres ; qui est à l'origine de cette situation, n'est-ce pas le FFS et le RCD qui ont la majorité ?» a-t-il crié en frappant sur la table. Celui-ci estime qu'au RND, leur dévouement va en direction de la patrie et non au régime ou à l'Etat.
