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Edition. L'arbitraire de Bachir Hadj Ali
La torture post-indépendance
Publié dans El Watan le 09 - 11 - 2005

Nombreux sont ces hommes dont le parcours individuel illustre, du moins en partie, les avatars et vicissitudes historiques de leur pays. Exemple, le poète et musicologue Bachir Hadj Ali à travers son livre L'Arbitraire, réédité récemment par les éditions APIC (Algérie)(1). L'auteur relate de par cet ouvrage la torture qu'il a subie... après l'indépendance de l'Algérie onze fois dans les locaux de la Sécurité militaire, chemin Poirson à Alger.
C'est en ces lieux qu'il a aussi écrit ce livre avant son transfert à la prison de Lambèse le 20 novembre 1965(2). Le livre est préfacé par Hocine Zehouane, l'historien Mohammed Harbi en a signé l'introduction. Ces derniers ainsi que Bachir Hadj Ali ont créé après le coup d'Etat du 19 juin 1965 dirigé par le colonel Houari Boumediène contre le président Ahmed Ben Bella l'Organisation de la résistance populaire (ORP). Elle regroupe des opposants au pronunciamiento en question. D'où leur arrestation la même année et les affres de la torture vécues en conséquence. Sans haine, Bachir Hadj Ali décrit ces pratiques et dresse le portrait de ses bourreaux tout en prônant le pardon à leur égard. Aussi, relate-t-il, comment en ce combat inégal, il transcende la douleur. « ... Je réfléchis à une astuce, comme tous les torturés : tenir longtemps sous l'eau, en expirant l'air très lentement, faire le geste désespéré du noyé un peu avant que les poumons ne se vident entièrement, expirer les dernières bulles d'air avant la remontée et inspirer très vite, en surface, améliorer cette technique sans cesse en réglant ces mouvements sur ceux du tortionnaire pour les synchroniser... »(p.40). Néanmoins, le flegme de la victime et sa volonté de surpasser les services ne font que redoubler la férocité des tortionnaires. « Mon refus obstiné de répondre à leurs questions précises et serrées... et mon calme ont porté leur colère à un haut degré d'exacerbation. » (p. 43). A lire L'arbitraire, on n'a pas besoin de subir la torture pour connaître les affres de cette pratique des plus barbares. Au-delà de ses services postindépendance tels que relatés par Bachir Hadj Ali est-il permis de déduire que la révolution algérienne a libéré la terre mais pas l'homme. Les lendemains de la fête ont été éphémères, emportant avec eux tous les espoirs tant entretenus durant sept ans et demi de lutte et de sacrifices. Ce n'est pas avec de petites gens à commencer par les tortionnaires et leurs maîtres que triomphent les nobles idées à l'exemple de la justice sociale, du progrès, des droits de l'homme et du droit à la différence. Notons que Bachir Hadj Ali est né le 20 décembre 1920 à La Casbah d'Alger. Il est issu d'une famille originaire d'Azeffoun (Kabylie). A dix-sept ans, à la veille de son entrée à l'Ecole normale d'instituteurs, il abandonne ses études pour aider son père qui a perdu son emploi. En août 1945, il adhère au Parti communiste algérien (PCA). Son engagement lui vaut d'être déféré devant les tribunaux coloniaux pour « atteinte à la sûreté de l'Etat ». Condamné à la veille du 1er novembre à une peine de prison, Bachir Hadj Ali entre dans la clandestinité jusqu'en 1962. En mars 1956, il créé avec un groupe de militants Les Combattants de la liberté, organisation militaire du PCA. En dépit de son engagement pour la lutte de libération, Bachir Hadj Ali est réduit au silence après l'indépendance. En effet en novembre 1962, le président Ben Bella interdit le PCA d'activité. En 1963, il participe aux côtés de Mouloud Mammeri, Jean Sénac, Mourad Bourboune, entre autres, à la création de l'Union des écrivains algériens. L'organisation est vite mise sous le boisseau pour les tenants du régime de l'époque pour ensuite la récupérer à leur profit. D'où la démission de la majorité de ses membres fondateurs. Suite au coup d'Etat du 19 juin 1965, il est arrêté puis torturé avec de nombreux opposants à ce coup de force de l'ordre Kaki réunis à l'ORP. Libéré en 1968, il est assigné à résidence surveillée à Saïda puis à Aïn Sefra. Mesure partiellement levée en 1970 puisqu'il est interdit de séjour à Alger, Oran, Constantine et Annaba. Il meurt le 9 mai 1991 après dix ans de grabat, conséquence des séquelles de la torture. La révolution mange toujours ses enfants, est-il dit.
-(1) Bachir Hadj Ali L'Arbitraire, éditions APIC 2005 (Algérie)
(2) L'Arbitraire est publié pour la première fois aux éditions Minuit (Paris) en 1966. En 1991, il est réédité aux éditions Dar El Ijtihad (Algérie).


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