Ce nouveau coup de force des groupes armés, à mi-chemin entre le terrorisme islamiste et le grand banditisme, a semé la colère dans les villages de la région. Un appel à une marche et à une grève générale, pour la journée du samedi 20 novembre, a été lancé par des représentants des villageois de la localité d'Aghribs (40 km à l'est de Tizi Ouzou), après l'enlèvement, dimanche dernier, d'un homme de 34 ans par un groupe armé qui avait dressé un faux barrage sur la RN 71, à une dizaine de kilomètres du chef-lieu d'Azazga. Cette manifestation populaire aura lieu à Fréha, indique le communiqué des villageois, soulignant que le citoyen enlevé, S. Omar, est «sans emploi et père d'un enfant». «La mobilisation se poursuivra et s'intensifiera jusqu'à la libération de notre frère», ajoute la déclaration transmise à la presse hier par la «cellule de crise» mise en place à cet effet. Mardi dernier, premier jour de l'Aïd, une «caravane» regroupant des centaines de citoyens de différents villages de la localité a parcouru des dizaines de kilomètres autour des maquis de la région, relayant un appel à la libération du jeune Omar. D'autres actions de ce genre pourront être décidées à l'issue de la marche prévue ce samedi à Fréha. Cette mobilisation d'envergure était prévisible dans cette localité qui a déjà manifesté sa solidarité lors de l'enlèvement, en juillet dernier, d'un jeune chef d'entreprise sur la route de Tala Tgana, à quelques kilomètres du chef-lieu de Fréha. Une marche avait été organisée dans cette ville ainsi qu'une grève générale des commerçants. Cette riposte populaire avait porté ses fruits puisque l'otage sera libéré deux jours plus tard. Les gangs du kidnapping avaient reculé face à la mobilisation de la population, mais ils viennent de récidiver cette semaine, à la veille de la fête de l'Aïd. Dimanche dernier, vers 22h, un groupe armé avait investi la route nationale reliant Azazga à Aghribs, au passage du véhicule d'un important entrepreneur de travaux publics accompagné d'un jeune parent. Sans doute préparé à ce genre d'éventualités, l'entrepreneur a tenté de prendre la fuite, mais il sera atteint de plusieurs balles tirées par les éléments du groupe terroriste, munis d'armes automatiques et déguisés en éléments des services de sécurité. L'homme blessé sera abandonné sur les lieux, tandis que son compagnon, S. Omar, sera emmené par les terroristes à bord du véhicule de l'entrepreneur laissé sur la route. Alertés par des automobilistes de passage, des villageois se sont immédiatement rendus sur place et ont transporté le blessé à l'hôpital d'Azazga où il a été opéré d'urgence. Ce nouveau coup de force des groupes armés, à mi-chemin entre le terrorisme islamiste et le grand banditisme, a semé la colère dans les villages de la région qui ne supportent plus le diktat de plus en plus pesant des kidnappeurs engagés dans le business des rançons. Vendredi dernier, un commerçant du village Ighil Aouène, dans la commune de Maâtkas (25 km au sud de Tizi Ouzou), a été rançonné dans ses propres locaux par un groupe de dix individus armés de pistolets automatiques et de kalachnikovs, portant, pour certains, des tenues des services de sécurité. Le groupe armé avait investi le commerce situé au bord de la route, vers 22h, et a pris en otage le fils du commerçant, âgé de 22 ans, intimant au père de remettre une rançon avant d'évacuer les lieux. L'assaut terroriste a duré plusieurs heures dans l'impunité la plus totale. Les nombreux clients qui se dirigeaient vers le commerçant au moment de la séquestration ont été retenus sur place et ont subi un prêche islamiste, selon des sources locales. A noter, enfin, qu'un citoyen âgé d'une soixantaine d'années, commerçant de son état, enlevé le 27 septembre dernier à Tala Bounane, à une dizaine de kilomètres de Tizi Ouzou, a été libéré lundi dernier près de Maâtkas.
