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Formuler l'imagination Portrait. Leïla Ferhat, doyenne des femmes peintres
Publié dans El Watan le 20 - 11 - 2010


Artiste discrète et réservée, ses œuvres semi-figuratives oscillent entre le vécu et les rêves. Aborder Leïla Ferhat, la faire parler de son quotidien, n'est guère une sinécure. Mais si le propos se rapporte à l'art pictural, alors très vite la doyenne des femmes peintres algériennes sort de sa coquille et ne rechigne pas à se livrer, à parler de ses émotions face à la toile, de la magie de la création, du foisonnement de couleurs et de mouvements. Ses premières esquisses, paysages marqués par une pointe de mélancolie et de naïveté figurative dans le trait, scènes de genres aux formes lumineuses denses et variées, ont vite laissé la place à des œuvres d'imagination qui puisent dans le quotidien. Délaissant la facture réaliste pour une évocation presque abstraite des êtres et des choses, l'artiste inscrit ainsi un premier tournant dans son art. Au-delà de la diversité de ses styles, techniques et sujets, les créations de Leïla Ferhat, miroir d'une époque, témoignent, chacune à sa façon, d'une inspiration authentique, mûrie à la substance du vécu et du rêve. Refusant la facilité, Leïla Ferhat revient sans cesse sur l'ouvrage. Certaines de ses toiles ont vu le jour quasiment au forceps en nécessitant du temps. D'autres, par contre, ont été réalisées d'un seul trait. «Les moments qui me stimulent, ce sont les épreuves que je surmonte… Ce qui m'inspire c'est ce qui me touche dans le quotidien. Je gribouille des croquis, soit des personnages, soit des têtes, durant une longue période de gestation, et puis tout d'un coup, les idées se bousculent et l'expression éclate… », confie-t-elle et de poursuivre : «Le reste est simplement formulation d'imagination, c'est-à-dire la faculté de traduire les sensations en colorations.» Dès son plus jeune âge, Leïla Ferhat s'est aménagé un univers bien à elle pour traduire ses émotions, ses rêves, ses sentiments cachés. Elle se rappelle encore de son professeur de français, Melle Leroy qui, constatant ses aptitudes à la création, lui demanda de reproduire La Fontaine de Van Gogh. Dès l'école, ses dessins ont retenu l'attention. Elle se sentait comme attirée par une force puissante et mystérieuse vers l'aventure picturale. D'année en année, cet amour de la peinture l'accompagne. Les livres d'art des grands maîtres, Van Gogh, Picasso, Magritte aiguisent sa curiosité. Elle collectionne des images, des cartes postales de tableaux, des timbres et savoure le bonheur de dessiner et de peindre d'abord sur papier, puis sur toutes sortes de supports. Devenu sa passion principale, l'art pictural finira par l'emporter sur d'autres carrières et deviendra son sacerdoce. Elle quittera alors sa ville natale, Mascara, pour s'inscrire à l'Ecole nationale d'architecture et des beaux-arts d'Oran où elle obtiendra son diplôme en 1969. Elle rejoindra ensuite l'Ecole des beaux-arts d'Alger pour suivre les enseignements de ses maîtres, Issiakhem, Mesli…. En 1975, après quelques années d'enseignement des arts plastiques, elle décide de se consacrer entièrement à la création. Les premières toiles, signées Leïla, vont très vite démarquer une personnalité audacieuse. La maîtrise d'exécution, la justesse des tons auxquels s'ajoutent des trouvailles subtiles, révèlent une sensibilité d'artiste au sommet de son art. L'adhésion immédiate du public à ses travaux, tant l'accessibilité à son langage est simple, va l'inciter à aller de l'avant. Leïla ne délivre aucun message à proprement parler, mais de l'empathie pour ses sujets. Il suffit de jeter un coup d'œil à son œuvre pour mieux comprendre les aptitudes de cette passionnée. Chaque vernissage, telle une mélodie, se transforme en un moment de vérité émotionnelle exceptionnel. A travers chaque toile, toutes les facettes de son génie aux multiples influences sautent aux yeux. L'effet de sa peinture est saisissant. De la poésie en mouvement, de la délicatesse, une harmonie des formes tout en nuances, des couleurs qui illuminent, une lumière qui inonde l'esprit. Sans tambour ni trompette, Leïla Ferhat trace son chemin «dans la lignée des maîtres», sa passion à la fois tenace et intime a fini par l'emporter sur le reste. L'énergie nécessaire à la création, elle la puise dans l'actualité nationale ou internationale. La guerre imposée à l'Irak ne l'a pas laissée indifférente, tout comme le drame de la famille sahraouie. Pas moins de quarante œuvres (toiles et aquarelles) mises en vente au Palais de la culture à Alger, au profit de l'Irak, témoignent de ces préoccupations. A travers des couleurs vives, elle exprime les désastres et les massacres en laissant pointer l'espoir et la vie, ne montrant pas la guerre, mais plutôt le désir de paix. Point de déluge de feu, point de bombes, mais plutôt le feu de la vie à travers le regard paisible de l'enfant, du musicien et du citoyen tranquille. Un premier prix de peinture obtenu au vernissage organisé par le Comité des fêtes de la ville d'Alger, en 1977, fut suivi de nombreuses distinctions. Signalons au passage la Médaille d'or obtenue en France, à Puy-en-Velay en 1982, la Médaille d'Or décernée par la ville de Riom (France) en 1980. Ses travaux ont été exposés au Maghreb, en Europe, dans les pays du Golfe, en Amérique latine, au Canada… Au premier coup d'œil, on reconnaît son style. Chaque toile nourrie aux influences les plus diverses, trace le lien entre le figuratif et l'abstrait. Hier, comme aujourd'hui, un sujet occupe une place essentielle : «Mon sujet préféré reste la femme, femme au travail, femme libre, femme auprès de l'homme…». Fileuse, liseuse, mélancolique ou nostalgique à l'encre ou au pastel, dans les Aurès ou au Sahara, partout la femme dans un rendu d'une esthétique exceptionnelle. Leïla Ferhat, grâce à la technique de l'aquarelle, a su traduire, dans une parfaite harmonie des formes et des couleurs le poids des siècles d'écrasement, de contraintes, de détresse, avec toujours une expression qui souligne la dignité. Mariant une recherche formelle (danseuses en mouvement quasi-insaisissables inscrites dans des bleus turquois) d'essence abstraite, à une interrogation sociétale (portrait de la maternité…), l'artiste témoigne d'un regard incisif et tendre qui respire la vie. Les cavaliers, l'Emir Abdelkader en grande nature, et le Sud avec ses palmeraies, sont omniprésents. L'œuvre majeure traduit encore mieux sa préférence pour Van Gogh, le peintre de la lumière, lumière qui inonde les esprits et qui donne aux couleurs leurs chatoiements. Miroir d'une époque, l'œuvre de Leïla Ferhat, comme celle de Baya, Martinez, Belbahar, Yellesou, Ali Khodja, nous interpelle. Leïla manifeste un don inné, un talent exceptionnel, une expression vivante. Leïla peint pour s'apaiser, pour se détendre, mais aussi et surtout pour militer à sa manière du côté des exclus et des humbles qui luttent pour leur reconnaissance et leur émancipation. Cela-dit, elle ne se prive pas de dénoncer l'état de déliquescence avancé de toute l'expression artistique dans notre pays. L'artiste de talent n'a pas fini de nous étonner. Chacune de ses créations questionne l'art, éclabousse l'esprit et envahit le corps. Sa peinture demeurera une recherche permanente de formes, de signes, de tracés et de mémoire. Son style est en constante amélioration. Ses dernières œuvres augurent de cette volonté perpétuelle de mieux faire et d'avancer sans cesse, malgré la haute facture des toiles déjà présentées.

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