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«Je propose un voyage à l'envers»
Hervé Koubi. Chorégraphe
Publié dans El Watan le 02 - 12 - 2010

Chorégraphe français d'origine algérienne, Hervé Youcef Koubi prépare un nouveau spectacle de danse contemporaine avec de jeunes danseurs algériens. El Din est le titre de la première partie, une sorte d'ouverture à un spectacle intitulé Ce que le jour doit à la nuit, qui sera présenté en 2012. Par contre, le public algérien pourra découvrir El Din durant le premier trimestre 2011. Présenté comme «un projet franco-algérien de formation, de création et de diffusion», le spectacle a été monté par Hervé Youcef Koubi, avec l'aide de Carl Portal, de Guillaume Gabriel et de Lionel Buzonie.
Hervé Youcef Koubi, qui dirige une compagnie de danse contemporaine qui porte son nom, a appris la chorégraphie au Centre international de danse Rosella Hightower de Cannes et à l'Opéra de Marseille. Il a collaboré avec Jean-Charles Gil, Jean-Christophe Paré, Emilio Calcagno et Barbara Sarreau dans le cadre des affluents du ballet Preljocaj. En 1999, il intègre le Centre chorégraphique de Nantes pour la création de Hôtel Central (2000). Il travaillera en 2001 avec Karine Saporta au Centre chorégraphique de Caen pour la création de Le Garage sur la mystique Rock (2001) et Thierry Smits Compagnie Thor à Bruxelles pour la création de Reliefs d'un banquet en 2003 et les tournées de la création d'Orient à l'international en 2009. Hervé Youcef Koubi a également ses propres créations chorégraphiques : Le Golem (2000), Ménagerie (2002) et Les abattoirs fantaisie (2004)… Le chorégraphe est également auteur de Moon dogs, un spectacle puisé dans l'art du hip-hop. Hervé Youcef Koubi est docteur en pharmacie, diplômé de la faculté d'Aix-Marseille
- Comment est née cette idée de monter un spectacle de danse contemporaine en Algérie ?
C'est une démarche personnelle. J'ai découvert tardivement mes origines en raison d'un certaine histoire familiale et des relations franco-algériennes qui sont ce qu'elles sont. Je pensais que mes parents étaient des colons. A 25 ans, j'ai découvert que ce n'était pas le cas et que mes parents étaient algériens d'origine. Je ne sais pas ce que cela veut dire, mais je me sens citoyen du monde.

- Pourquoi vos parents ont-ils caché leur origine ?
Ma mère n'en parle pas, mais mon père évoque l'Algérie en tant que paysages, parfums, rues, souvenirs d'enfance. Mes parents ne sont jamais revenus en Algérie. J'ai visité ce pays en 2009 pour la première fois. Je suis venu dix ans après avoir découvert mes origines. Je n'ai pas arrêté de poser des questions pour savoir d'où je venais. Nous avions une famille éclatée.
Je ne comprenais rien de l'Algérie depuis la France. J'ai mis dix ans à préparer le voyage en Algérie. J'avoue que c'était douloureux. Mais la douleur était nécessaire. Cela dit, les zones d'ombre persistent. Sincèrement, je peux dire que je suis un homme sans mémoire.
Hors de question pour moi d'aller en Algérie visiter la tombe de mon grand-père. Mes parents sont originaires d'Oran. Dans cette ville, je suis tombé nez à nez devant une devanture où était inscrit mon nom. C'était l'appellation de l'entreprise de mon grand-père.
Cette entreprise n'existe plus, mais la pancarte y est encore. C'était bouleversant. Après Oran, j'ai visité Annaba. En tant que Français, je peux dire en toute honnêteté qu'en dépit du grand amour que j'ai pour ma mère et mon père, qu'il y a une part d'aliénation de la part de mes parents. Lorsqu'ils sont venus en France, ils ont voulu être plus français que les Français. Ils font peut-être partie de cette rare tranche d'Algériens qui ont voulu rester Français. Cela fait qu'aujourd'hui je ne parle pas l'arabe. Mes parents ne m'ont pas éduqué d'une manière religieuse, mais il m'ont donné aussi comme prénom Youcef. Me vouer à la danse était quelque chose qui a été mal vu par eux.
- Et pourquoi l'ont-ils mal vu ?
(Rire). On ne devient pas danseur lorsqu'on est d'origine algérienne ! Je l'ai constaté avec mes frères algériens avec qui je travaille actuellement. Je me suis mis tard à la danse. Il n'est pas facile pour un garçon d'entrer dans un cours de danse. On hésite un peu. On peut penser qu'en France il y a une certaine ouverture, mais ce n'est pas évident aussi. J'ai appris la danse à Cannes, ma ville natale. J'ai créé une compagnie de danse en 2000. Je me suis intéressé à la danse avant la fin de mes études. Lorsque j'ai décroché mon diplôme, j'étais déjà chorégraphe. Aussi, cela n'avait pas été facile pour moi de présenter ma thèse…

- Quel sens donner à votre projet en Algérie ?
Avant de venir à Alger, j'ai appelé le Centre culturel français (CCF), puisque je n'avais aucune attache en Algérie. Mon contact avec le CCF a été décourageant puisqu'on m'a dit qu'il n'y avait pas de danseurs en Algérie. C'est pourquoi je suis fier aujourd'hui d'avoir avancé dans mon projet. En octobre 2009, j'ai pu faire des auditions et retenir douze danseurs. Des auditions que j'ai faites au CCF Alger. J'ai appris que le Ballet national a repris grâce à
Sofiane Bou Lagraâ. Des chorégraphes français d'origine algérienne tels que Nacéra Belaza sont également venus.
Les premiers bénéficiaires en sont les artistes algériens. Je me suis engagé avec mes fonds propres, les recettes de ma compagnie, dans ce projet. J'aurai des partenariats pour l'année prochaine. Je suis mal à l'aise lorsque je parle argent, mais j'ai investi cette année 70 000 euros dans ce projet
- Vous semblez croire beaucoup à ce projet...
Oui. Je ne viens pas en Algérie pour chercher de l'argent. Si j'arrive à avoir des fonds algériens, ça sera pour payer au dinar près les danseurs algériens pour les faire travailler à temps plein. Ils le méritent.
Contrairement au Ballet national qui a un cachet, je prends en charge les danseurs, je paie leurs salaires et je couvre les frais de leurs voyages, alors que moi-même je ne suis pas payé. J'ai recruté des danseurs de Annaba, de Sidi Bel Abbès, d'Oran, de Tébessa et d'Alger.
Ils sont onze. Un danseur burkinabé a rejoint l'équipe qui met beaucoup en valeur notre travail. Je l'ai rencontré lors d'un déplacement au Burkina Faso.
- Vous avez auditionné presque 200 personnes avant de sélectionner ces onze danseurs...
C'est courant. En France, lorsque je fais des auditions, je reçois presque 1000 candidats. Cela dit, j'ai été surpris de recevoir plus de 200 demandes en Algérie alors que les auditions ne se faisaient pas sur inscription.
Le nouveau directeur du CCF d'Alger m'a beaucoup aidé. Mais j'ai précisé aux responsables du CCF que je voulais être indépendant. J'en ai fait part à l'ONCI également. L'ONCI m'apporte un précieux soutien. Je revendique une identité en termes de projet qui trouve ses racines en Algérie. Je ne veux pas être récupéré. Je n'envie pas la place de Abou Lagraâ au Ballet national où il travaille en tant que guest, sa compagnie n'est pas engagée. Ce n'est pas mon cas. Les danseurs que j'ai rencontrés en Algérie feront partie de ma compagnie.
- Où en êtes-vous avec la préparation du prochain spectacle en Algérie ?
Nous avons préparé une première mouture qui s'appelle El Din. Cela n'a rien à voir avec le mot religion. Le titre est inspiré du nom du compositeur égyptien, Hamza El Din, qui a composé la musique.
Le spectacle sera présenté lors du premier trimestre 2011 à Alger, en partenariat avec le CCF et, je l'espère, avec l'ONCI. Il va ensuite être présenté en France et dans d'autres pays. Nous avons déjà des contacts en Russie, au Mexique et en Equateur. Je suis en train de rechercher des producteurs privés pour faire rayonner le spectacle à travers le monde. Nous avons une invitation de la Cité internationale de la dentelle et de la mode de Calais (France). On m'a proposé de travailler sur la dentelle. J'ai dit oui, parce que j'aime bien travailler sur la construction, mais à condition de le faire en Algérie.
L'une des origines de la dentelle est la broderie. Et la broderie a son origine en Orient. L'histoire de l'Algérie est également liée à un grand courant artistique, l'Orientalisme. Même située au Maghreb, l'Algérie était «la» terre de l'Orientalisme devant le Maroc et la Tunisie. Les artistes sont venus en Algérie pour donner forme à leurs rêves d'Orient. C'est un fait. D'un seul coup, je reviens à mon histoire personnelle, j'ai pendant longtemps fantasmé sur l'Algérie. Même aliénés, mes parents se définissent comme des Orientaux aussi. Ils sont pourtant Algériens ! En venant en Algérie, j'allais jouer aussi dans le fond à l'Orientaliste. Il y a de cela dans le spectacle en phase de création. Il y aura plusieurs tableaux qui jonglent entre les musiques d'Orient et des musiques occidentales baroques en métissage, peu-être entre ce voyage que je fais à l'envers et ce que je propose de faire avec ces danseurs entre l'Algérie et la France. El Din est une première mouture qui aboutira en 2012 et qui aura pour titre final Ce que le jour doit à la nuit…

- Inspiré probablement du titre de l'avant-dernier roman de Yasmina Khadra…
Tout à fait ! L'origine de ma venue en Algérie est peut-être liée à ce que décrit ce livre. Cela correspondait à ce que me racontait mon père à propos de l'Algérie. Au-delà du contenu de ce roman, je pense que quand on parle de l'Histoire, on cherche une mémoire qu'on essaye de comprendre. Ce que le jour doit à la nuit veut dire ce qu'on doit à la vérité, au souvenir et à la mémoire.
- Vos danseurs sont de pratique hip-hop ou capoera. Comment s'est fait l'adaptation à la danse contemporaine ?
Ils sont remarquables et j'en suis fier. Ils sont venus à deux reprises en France et les choses se sont bien passées. Je cite leurs noms : Adel Zouba, Nassim Hendi, Fayçal Hamlat, Ismaïl Seddiki, Mustapha Zahem, Riad Mendjel, Nacereddine Djarrad dit Babay, Hamza Benamar, Amine Maâmar Kouadri, Réda Tighremt, Omar Ghemichi et Issa Sanou (Burkinabé). Nous sommes accueillis au CCF Alger, mais également au niveau de l'ONCI. C'est historique, puisque c'est la première fois qu'une compagnie indépendante de danse est reçue dans les locaux d'une institution relevant du ministère de la Culture. J'espère qu'on fera plus dans le futur.


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