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«Ecrivain, un mot trop imposant» Zoe Wicomb. écrivaine sud-africaine
Publié dans El Watan le 11 - 12 - 2010


Son œuvre, centrée sur la question raciale, est une belle littérature de l'humanisme. - A la fois écrivaine et universitaire, comment vous percevez-vous par rapport à ces deux activités ? Vous sentez-vous appartenir plus à l'une qu'à l'autre ? Je n'ai jamais vraiment réfléchi en termes de carrière, mis à part la nécessité d'avoir un métier pour gagner ma vie. Mais l'enseignement que j'adore était probablement la réponse la plus évidente. Je n'ai jamais planifié d'être universitaire, et c'était pour moi de nouvelles façons de lire. La critique théorique et la linguistique littéraire, qui ne faisaient pas partie de mon cursus, m'ont attiré de nouveau vers l'université. J'ai rédigé mon premier ouvrage, alors que j'étais étudiante en post-graduation. Bien entendu, être universitaire représente plus pour moi que le fait d'être enseignante, et c'était imprévu que mes œuvres de fiction soient considérées comme de véritables productions. Je suis à la retraite depuis peu avec le titre de professeur émérite. D'une certaine manière, être professeur m'a protégée de me penser écrivain, un mot trop imposant qui me paraissait trop prétentieux. Et donc la responsabilité d'avoir un salaire pour enseigner et la responsabilité envers les étudiants qui comptent sur vous passe en premier de toute façon. Cela ne veut pas dire que l'un soit plus important que l'autre. Je pense que l'enseignement est une profession désespérément importante, et si je devais vivre à nouveau, je serais institutrice, une profession si dévalorisée dans de nombreuses sociétés. L'autre point qui fait que je ne veux pas hiérarchiser est que l'écriture en critique littéraire n'est pas très différente de l'écriture de la fiction et, de ce point de vue, écrire sur la fiction et la culture sud-africaine était important à mes yeux. - Comment êtes-vous venue à l'écriture, par votre profession ou quelque chose qui était en vous depuis longtemps, depuis votre enfance peut-être ? Oui, j'écrivais quand j'étais enfant, mais je manquais déjà d'assurance à cette époque-là et je ne me voyais pas écrivaine. Après avoir lu de grands écrivains à l'université, cela m'a enlevé toute velléité d'écriture. C'est ce que je ressentais, mais il se trouve que j'ai continué à caresser l'idée d'écrire, parce que je continuais à lire, et lire est sans aucun doute un prérequis pour devenir écrivain. - Vous avez publié vos premières nouvelles en 1987. Pourquoi à ce moment-là, durant l'apartheid, pour des convictions politiques ou d'autres raisons ? - Personne n'écrit de la fiction à partir de convictions politiques, non ? Je présume ! Il existe des voies plus directes et plus raisonnables pour mener des actions politiques. La plus évidente est la guérilla armée. Je ne voulais pas me leurrer en pensant que mes écrits allaient avoir un quelconque impact politique. Ceci ne veut pas dire que l'écriture ne soit pas influencée par la politique ou ne soit pas politique, comme la micropolitique dans toute vie de famille ou dans le champ politique plus large. J'ai essayé d'écrire à différents moments, mais je ne sais pas pourquoi, le projet a pris, peut-être parce que j'ai gagné en confiance et j'ai persévéré, ce qui fut incroyablement difficile pour moi. On ne peut que spéculer sur cette confiance en moi, ou plutôt les sources qui sont une combinaison de facteurs résultant du mouvement de résistance en Afrique du Sud, du mouvement féministe, de mon expérience en tant que mère, qui sait ? - Etait-ce difficile de publier en Afrique du Sud ? Quelle a été la réaction de la presse et des lecteurs sud-africains ? En fait, j'ai été publiée en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, et il y avait à cette période-là un boycott contre l'Afrique du Sud qui était observé par les éditeurs. L'éditeur engagé, Ravan Press, voulait en effet me publier, mais il avait des problèmes d'argent. De toute façon, la presse était plutôt élogieuse et certaines universités l'avaient même inscrit au programme. Mais ce n'est qu'en 2008 que You can't get lost in Cape Town fut publié à Cape Town. - Votre dernier roman, David's Story, se situe dans la période post-apartheid. Pourquoi ce besoin de toujours aborder la question des relations raciales ? L'apartheid a existé pendant plus de trois siècles, il n'est donc pas étrange de voir cet héritage dans la société sud-africaine d'aujourd'hui, dix-neuf ans après la fin de l'apartheid. David's Story aborde la question raciale, mais aussi les histoires du mouvement de résistance d'un groupe en particulier, les Griqua, du côté de Cape Town. Le roman tente d'établir les liens entre l'histoire ancienne et l'histoire récente, et d'aborder la condition et la question de la couleur. Il n'est pas possible de penser le présent avec toutes ces fabrications de mythes sans convoquer l'histoire. - Vous appartenez au territoire de l'entre-deux, celui des métis, et vos personnages en sont les témoins. Quelle est votre analyse de cette condition dans le monde postcolonial actuel ? Je n'accepte pas le terme de l'entre-deux pour décrire la condition des métis. Ce sont certainement les prémisses du concept absolutiste de la pureté raciale. Le métissage est un fait historique ; cela a été géré de manière spéciale dans l'Afrique du Sud coloniale ; et les métis sont des gens qui vivent de vraies vies aujourd'hui et, d'une manière concrète, qui n'a rien à voir avec un fantomatique entre-deux. Je pense que mes personnages ne font que cela, vivre leur vie. J'ai écrit et beaucoup commenté cette question de l'identité, mais, excusez moi, je suis fatiguée d'en parler. - Je respecte votre sentiment, mais d'où vous vient ce besoin de vous exprimer par la fiction ? Qui sait ? La prolifération des ateliers d'écriture dans les universités laisse à penser que beaucoup de gens désirent écrire. Je ne suis même pas sûre que ce soit un besoin. Il est vrai que l'on peut se sentir coupable si on ne le fait pas, et je me demande si ce n'est pas un reste de calvinisme. Peut-être que c'est une sorte de thérapie qui vous soigne de ce sentiment de culpabilité. - Comment vous organisez-vous quand le début d'une histoire germe en vous ? Vous coupez-vous du reste du monde ? Un début d'histoire ne peut être une idée d'histoire. Je commence par une idée vague, un incident ou un phénomène qui sera éventuellement le thème central, et alors le processus de l'écriture se met en place. C'est la partie la plus difficile que je fais avec le plus de résistance et de désespoir. Mais quelque chose me fait avancer malgré les échecs quotidiens et l'envie de tout abandonner, jusqu'au moment où une histoire surgit. Dans ces moments, je me coupe du monde. En réalité, je trouve difficile de faire ce travail-là chez moi, où c'est plus tentant de nettoyer le sol de ma cuisine. Alors, les résidences d'écriture sont les bienvenues. Aujourd'hui, je loue une résidence où il n'y a aucune distraction. Une fois le premier jet écrit, je peux faire d'autres choses et je reviens sur le métier pour corriger, travailler… Je définirais l'écriture comme un acte de foi. Vous devez continuer, même si ce que vous produisez est intransigeant. - Je sais que vous ne voulez pas trop vous exprimez sur l'Afrique du Sud. Mais pensez-vous que la Commission Vérité et Réconciliation, il y a une dizaine d'années, a réussi à rapprocher les Blancs et les Noirs ? Non, je ne le pense pas. Mais en toute honnêteté, ce n'était pas le rôle qu'elle s'était donné. Elle avait une fonction symbolique en relation avec l'Umbutu et l'esprit et la vision de Nelson Mandela, et, comme tous les symboles, elle ne pouvait pas apporter l'apaisement. Cette sorte d'approche religieuse était inéquitable et ne pouvait pas résoudre les inégalités du passé. Rapprocher les gens de races différentes relève d'un sentiment mielleux et n'est pas si important que cela quand on pense au fossé entre les riches et les pauvres. Je suppose que les Blancs riches et les Noirs riches se rencontrent et se connectent, mais qui s'en préoccupe ? On n'en a rien à faire. - La relation homme-femme est aussi au cœur de votre écriture. Etes-vous féministe ou cela n'a pas de sens aujourd'hui ? Je n'utilise pas le terme féminisme pour faire peur. Le patriarcat a fonctionné et fonctionne très bien, et il ne désirerait pas se transformer tout seul s'il n'y avait un mouvement d'opposition, grâce à la démocratie. Les femmes ne voteraient pas, pas d'égalité de salaires, pas de droit de choisir entre travailler à la maison et sortir pour être en compétition dans le monde du dehors, et tous les autres bénéfices qui semblent normaux aujourd'hui n'existeraient pas sans les mouvements qui ont combattu pour ces droits. Et une telle démocratie est favorable à l'homme aussi. La virilité n'a pas besoin de ressembler à celle de nos pères. Les hommes peuvent exprimer leurs sentiments, jouer avec leurs enfants, avoir des congés de paternité. Les hommes peuvent pleurer en public aujourd'hui, et cela sans problème. Mais n'oublions pas que pour certaines femmes, même des pays développés, la partie n'est pas gagnée. Pour certaines, il n'y a pas d'égalité de salaires, pas de possibilités de s'épanouir dans la vie et, dans les pays les plus pauvres, l'oppression des femmes n'est pas vaincue. Les statistiques actuelles en Afrique du Sud sur les viols montrent que l'oppression masculine est répandue. Dans les pays pauvres, aucune femme ne pensera que le féminisme est un projet dépassé et qui n'a pas de sens.

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