Le semblant de «fitna organique», il y a quelques mois seulement, a soudainement explosé en une implacable chasse à l'homme. La tête du secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem – ministre d'Etat par ailleurs – est mise à prix par ses propres cadres du parti. Et peut-être même par d'autres, plus haut placés. Prenons cette information publiée avant-hier par El Khabar : on y apprend que le ministère de l'Intérieur a informé Belkhadem de la non-validité de certains membres – entre 40 et 70, selon les sources citées par notre confrère – du comité central. C'est précisément un des arguments phare des dissidents. Une première depuis… le violent épisode de la guerre des redresseurs pro-Bouteflika contre l'ancien secrétaire général Ali Benflis, lorsque ce dernier a subi les tirs croisés des ministères de la Justice et de l'Intérieur. Quelle a été la grosse gaffe de Ali Benflis ? Pourquoi a-t-il dû payer aussi cher ? Parce que tout simplement il avait l'ambition de se présenter – et de gagner – face à Abdelaziz Bouteflika en 2004. «La» faute impardonnable ! L'actuel secrétaire général du vieux parti aurait-il commis la même bévue ? C'est ce qu'assure Mohamed Seghir Kara, ancien mouhafedh, ex-ministre et député, «porte-parole» de la dissidence. «Belkhadem prépare la présidentielle de 2014 (…). Il n'a jamais caché son souhait de devenir président de la République, si le président Abdelaziz Bouteflika ne se présentait pas en 2014», a-t-il révélé dans notre édition de vendredi dernier. Le crime de lèse-majesté suprême. L'ultime péché. «En haut, personne ne veut de Belkhadem comme candidat, encore moins comme président», explique une source. «Et l'apparent silence du chef de l'Etat, pourtant désigné président d'honneur du FLN, est perçu – même par Belkhadem – comme un franc lâchage. Belkhadem sera sacrifié. C'est la seule certitude politique à Alger», poursuit notre source. Cela a quelque chose de rassurant : on avait peine à croire les arguments «légalistes» et «démocratiques» des dissidents FLN. Les vraies raisons de la «fronde» anti-Belkhadem sont moins idéalistes. Le vieux parti reste un appareil. Pas un parti politique. Reste à savoir si le renouvellement d'allégeance de Belkhadem, hier matin, à Bouteflika lui sauvera la tête. Pas sûr. C'est déjà, peut-être, trop tard.