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Inflation importée, hausse salariale et flambée des prix : comment gérer l'équation
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Publié dans El Watan le 10 - 01 - 2011

Les discussions d'experts et de simples citoyens focalisent sur les prix des denrées de base. Les cours des légumes secs, des huiles, du sucre et du café atteignent des pics jamais égalés et les meilleures prévisions dont nous disposons indiquent que des augmentations de 15 à 25% sont à craindre pour 2011.Parallèlement à ces développements, les prix des fruits et légumes, produits localement, connaissent une envolée sans pareil, en dehors des mois sacrés de Ramadhan. La situation est extrêmement complexe à gérer. Les citoyens qui n'ont pas bénéficié d'augmentations de salaires conséquentes sentent une pression extrême exercée sur leur revenu. En effet, l'Algérien moyen consacre 40 à 55% de son revenu à la satisfaction de ses besoins alimentaires de base. L'Etat consent des efforts énormes pour stabiliser – difficilement – les prix du lait et du pain.
Certes, à l'heure actuelle, il lui est possible de faire plus. Mais comment gérer cette équation difficile à long terme lorsque les ressources pétrolières connaîtront des baisses vertigineuses. La crise actuelle offre aux pouvoirs publics la possibilité de reconsidérer les politiques sectorielles et les mécanismes d'appui à la stabilisation des prix internes. Dans ce domaine, nul ne détient à lui seul toute la vérité.Nous savons que la meilleure manière de régler un problème serait de mobiliser toute l'intelligence humaine disponible pour faire ressortir des propositions concrètes. Nous allons donner notre point de vue sur la question en espérant qu'un débat ouvert permettra de déboucher sur des alternatives de solution qui feront en sorte que nous résisterions mieux aux chocs externes.
Les problèmes de fond
Le volet le plus important de la problématique est d'ordre externe. Ce sont les places boursières internationales – Chicago, Londres, Paris – qui fixent les cours des matières premières et donc l'évolution des prix des denrées qui sont à la base de notre consommation. Lorsqu'un Algérien dépense 100 DA, 75 vont servir à acquérir des produits importés.
Nous avons deux mécanismes en jeu à ce niveau-là. Les différentes aides à la production agricole induisent une amélioration de la production, interne même si on peut rehausser grandement l'efficacité de ces politiques sectorielles. En second lieu, l'accroissement de la population et les augmentations de salaires (sans amélioration de la productivité) induisent plus d'importation et boostent la demande.
Puisque la dépendance vis-à-vis de l'extérieur n'est pas prête de s'estomper autant intégrer les fluctuations brutales des cours internationaux dans notre stratégie de stabilisation des prix. Au niveau mondial, nous avons des facteurs structurels et conjoncturels. Les premiers provoquent une hausse modérée (disons 2 à 3% par an) mais permanente. L'amélioration du niveau de vie en Asie (Inde, Chine) bouleverse la structure de la demande mondiale. Avec des taux de croissance de 7 à 9% les citoyens de ces pays diversifient mieux leurs habitudes alimentaires et se mettent à consommer plus de pain, de café, de lait, d'huile, etc. Ce phénomène va probablement durer pendant des décennies.
Les conditions climatiques commencent à être de plus en plus défavorables à l'amélioration de la productivité dans les secteurs agricoles. D'ailleurs, la sécheresse en Amérique latine a joué un rôle de détonateur de la présente crise des produits de base. Le climat devient aussi bien un facteur structurel (durable) que conjoncturel (passager). Mais la spéculation sera toujours là pour introduire plus de variabilité dans ces marchés. Le début de régulation timide des marchés financiers fait que des sommes importantes se libèrent pour spéculer sur les produits de base.
La horde des spéculateurs sera toujours présente pour rendre le système opaque et très incertain. Pour cela, l'idée d'un observatoire des prix internationaux, n'améliore que légèrement les prévisions dans un marché où des milliers de traders peuvent déstabiliser les marchés, en créant des rumeurs ou en amplifiant les conséquences d'un problème réel. La raréfaction des terres consacrées à la production des biens de consommation est une tendance lourde qu'on n'arrive pas à infléchir. Tous ces mécanismes en jeu nous permettent de tirer deux leçons. La première est que les prix des produits de base continueront à fluctuer grandement et faire peser des risques de problèmes sociaux dans les pays en voie de développement.
La seconde est que les prix actuels ne manqueront pas de baisser à moyen terme (un ou deux ans), car il y a beaucoup de mécanismes conjoncturels qui ont produit cet état de fait.Pour ce qui est des produits internes, nous avons également une conjonction de facteurs conjoncturels et structurels. Les spécialistes des circuits de distribution en Algérie évoquent la relation à court terme entre les intempéries et les prix des produits agricoles. Ces derniers croissent juste après des périodes de mauvais temps. Mais là, l'explication manque d'analyse microéconomique de précision afin de situer l'ampleur du phénomène.
En économie de marché, une augmentation des salaires ne produit de l'inflation que dans 18 à 24 mois lorsque la productivité n'absorbe pas cette hausse (voir les travaux d'Edmund Phelps, prix Nobel d'économie). Mais dans un pays en voie de développement, la répercussion peut être beaucoup plus rapide. En effet, l'offre est, en grande partie, inélastique, c'est-à-dire la production n'augmente pas suite à une amélioration des salaires, pour plusieurs raisons. C'est pour cela que les gouvernements des pays en voie de développement doivent plutôt développer l'offre et les nations industrialisées favorisent surtout la demande.
Les anticipations jouent un rôle majeur dans ce cas. Les circuits de distribution, en position de force, dans des pays à revenu comme le nôtre, anticipent un boom de la demande et positionnent leurs prix de sorte à profiter de toute amélioration de la demande. Ils sont beaucoup plus proches de la spéculation que d'une activité réelle très compétitive. Ils profitent d'un climat de confiance dû à un événement favorable (hausse des salaires) pour extirper rapidement tout différentiel entre l'offre et la demande. Le résultat serait donc un choc des prix qui profite très peu aux producteurs. L'absence de circuits de distribution professionnels a des conséquences terribles sur l'évolution de l'offre et de la productivité.
Que peut-on faire ?
L'adage qui dit que «la critique est facile mais l'art est difficile» a raison. Si une formule simple et magique existait pour régler le problème il y a longtemps qu'on l'aurait trouvé. Cependant, il est toujours intéressant de s'inspirer des pays qui ont réussi à trouver des mécanismes pour diminuer les impacts négatifs de bouleversements de ce genre. Nous avons plusieurs actions à mener dans plusieurs directions afin d'éviter des mouvements trop brusques de prix des produits de base.
En premier lieu, face aux mouvements trop abrupts des prix internationaux, l'Etat pourrait instaurer un fonds de stabilisation des produits de base. Mais il fonctionne d'une manière différente d'un fonds de subvention. Ce fonds est alimenté par les recettes provenant de taxes sur des produits de base lorsque les cours sont trop bas. Mais lorsque les prix s'envolent, on libère des ressources détenues. Ainsi, les prix peuvent évoluer (tendance structurelle), mais de l'ordre de 3 à 5% l'an. Le citoyen les accepterait, surtout si les salaires compensaient tout ou une grande partie de cette hausse. Il est également intéressant de défiscaliser les produits de base en période de choc des prix. Défiscalisation et fonds de stabilisation peuvent jouer conjointement de sorte à éviter des mouvements trop brutaux des prix.
Nous avons besoin de professionnaliser les circuits de distribution. On peut encourager des entreprises privées à développer des enseignes professionnelles et efficaces. Ainsi, l'Etat peut réguler les marges par sa politique fiscale et faire en sorte que les producteurs reçoivent plus le fruit de leur labeur. L'investissement productif va être fouetté et on commence à agir sur la productivité, seul gage de lutte contre l'inflation. Par ailleurs, il est possible de rendre l'aide agricole plus efficace. Ceci nous permettra de substituer la production nationale à l'importation et même exporter pour équilibrer la balance agricole.
L'aide efficace dans le domaine agricole concerne surtout deux facteurs : le crédit et la garantie d'un prix plancher. Nous avons besoin de démultiplier le nombre d'agriculteurs formés, leur garantir les crédits et un prix de vente incitatif. Le reste des subventions est à éliminer.Par ailleurs, pour cette période particulière, sujette à un choc des prix de ce genre, on aurait pu, pour une période limitée, importer davantage de produits agricoles afin de lutter contre les spéculateurs distributeurs.
Conclusion :
Nous avons exploré plusieurs pistes. Nous avons des circuits de distribution peu professionnels, peu compétitifs et qui utilisent des stratégies de spéculation plutôt que de transactions efficaces. Dès que l'information sur les cours mondiaux fut connue, ces spéculateurs ont commencé à vendre les anciens stocks au prix des cours internationaux récents. Nous avons besoin d'une politique de professionnalisation des circuits de distribution, en encourageant la formation de coopératives de distribution gérées par les représentants des producteurs agricoles. Fonds de stabilisation et défiscalisation sont des outils très efficaces pour lisser les prix et laisser la politique salariale prendre en charge les tendances lourdes des prix mondiaux. Nous sommes à la veille de faire de grands choix de politique économique. Il serait intéressant de débattre rationnellement et sereinement pour produire des solutions durables et acceptables par le citoyen moyen.


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