Aujourd'hui, cause inflation, trois marches sont prévues à Alger, la ville où toutes les marches sont interdites, en trois endroits différents. Un mois ou presque est passé depuis la première marche du 12 février et à part la levée de l'état d'urgence, aucune mesure n'a été concédée, les mesures décrétées n'ayant pas été des revendications des marcheurs. Le président de la République, en spécialiste du hors-jeu, aura offert ce que personne ne lui a demandé et refusé ce que beaucoup lui demandent, à savoir une ouverture politique avant la fermeture totale et la liquidation des stocks. En attendant, la question du jour sera liée à la nature de(s) marche(s) d'aujourd'hui, nombre, durée, stratégie, après l'essoufflement de la Coordination qui a obligé Saïd Sadi à monter sur un véhicule de police pour se faire entendre. Mais quel que soit le résultat, les marches de la Coordination auront enclenché une dynamique sans retour. Diverses marches se succèdent, dernière annonce en date, les maires du pays veulent aussi faire des marches, pour un meilleur traitement. Samedi prochain peut-être, les chefs de daïra voudront à leur tour vouloir marcher, ou les walis, samedi d'après, victimes de l'intolérable pression des citoyens qui, à chaque fois qu'ils ont un problème personnel, viennent s'immoler devant leur(s) siège(s). Peut-être même les ministres, revendiquant plus de dignité et moins de mépris de la part du chef de l'Etat, demandant à ce qu'on les laisse travailler sans l'intervention du DRS ou des services de la Présidence. A plus ou moins long terme, si la situation reste la même en créant mécaniquement autant de mécontentements, le Président lui-même fera une marche, tout seul, sans son ENTV. Et un samedi futur, une marche du général T., où l'on pourra enfin voir sa tête et en finir avec cette question : pourquoi l'Algérie est-elle le seul pays à ne pas avoir de visage ?
