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«Nous avons été surpris par l'accélération des événements»
La presse britannique tente d'expliquer le printemps arabe
Publié dans El Watan le 28 - 03 - 2011

L'Arab Spring (le Printemps arabe) fleurit chaque jour dans les colonnes de la presse britannique. Faut-il appuyer les révoltes démocratiques des jeunes ou soutenir les anciens régimes ? Le casse-tête divise les rangs à Londres.
Londres.
De notre envoyé spécial
Le soir tombe presque sur le Thomas More Square, à l'est de Londres, où se trouve le siège du quotidien The Times. Un siège tout en verre. Ici comme aux Etats-Unis, le système de la grande rédaction est adopté. Les journalistes travaillent dans une vaste salle. Chacun est dans son box, les yeux fixés sur l'écran de son ordinateur. Edward Gorman, rédacteur en chef du service étranger du journal, reçoit des reporters algériens invités à Londres par le Foreign Office. Le verbe vif et la démarche nerveuse, Edward Gorman remet aux journalistes la feuille de route de la prochaine édition : Libye, Yémen, Bahreïn. La situation dans le monde arabe domine l'actualité mondiale. Elle fait même oublier les conséquences du séisme au Japon.
The Independent et The Guardian, quotidiens plus à gauche que The Times, réservent également depuis plusieurs semaines des pages entières aux révoltes arabes. The Times, réputé journal influent à Londres, alimente ses pages internationales grâce à un réseau de quarante correspondants répartis à travers le monde. «L'intervention saoudienne et émiratie au Bahreïn et l'imposition d'une no fly zone au-dessus de la Libye ont complètement changé la donne sur le Printemps arabe. La situation de la Tunisie ou de l'Egypte est différente», a expliqué Edward Gorman. Selon lui, les Britanniques sont inquiets de l'engagement de leur pays dans la gestion de la zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, décidée par le Conseil de sécurité de l'ONU pour protéger les civils contre les assauts des milices pro-El Gueddafi. «Cela rappelle l'Irak et l'Afghanistan. Il y a donc de l'anxiété par rapport à de nouvelles dépenses militaires. Le gouvernement a pourtant annoncé la réduction du budget destiné à l'armée. Peut-être qu'il va reconsidérer sa décision», a-t-il noté. A ses yeux, l'opinion publique craint une autre guerre dans laquelle le Royaume-Uni sera engagé.
A Benghazi, Anthony Loyd, l'envoyé spécial de The Times, rapporte dans l'édition du 24 mars 2011 que le régime d'El Gueddafi «continue de dire qu'il ne tire pas sur les enfants». L'article est accompagné d'une photo de Jack Hill montrant Rakaan Bourghid, 5 ans, couchée à l'hôpital après avoir été blessée par un sniper du dictateur de Tripoli. Chaque jour, y compris sur l'édition web du journal, les envoyés spéciaux du journal en Libye rapportent des news sur la situation chaotique de la Jamahiriya. «Nous coordonnons avec nos correspondants à Washington, Paris, Bruxelles, au sud de l'Italie pour élaborer les sujets sur les révoltes arabes. Nos spécialistes dans les questions de défense sont également sollicités pour l'analyse militaire sur la Libye», a précisé Edward Gorman. Le correspondant de The Times au Pentagone accompagne actuellement Robert Gates, secrétaire américain à la Défense, dans sa tournée. «Nous nous demandons aujourd'hui qui va mener et continuer les actions militaires en Libye», a-t-il noté. Selon lui, le scénario-catastrophe pour la Libye serait la partition du pays en deux, Benghazi à l'Est, Tripoli à l'Ouest. «Le deuxième scénario est que l'intervention de l'ONU va affaiblir le régime d'El Gueddafi et accélérer son départ. Pour être honnête, je dirais que le premier scénario est plus plausible. Tuer El Gueddafi serait-il légitime alors ?» s'est interrogé Edward Gorman. Il suppose que des forces spéciales sont sur le terrain en Libye pour «guider» les frappes aériennes des coalisés vers les cibles. Globalement, The Times soutient la zone d'exclusion aérienne. «La situation peut durer en Libye. En Irak, la no fly zone a duré douze ans avant la chute de Saddam», a remarqué le journaliste.
Une opinion critique
L'actualité du Yémen, de la Syrie, de la Jordanie et du Maroc figure également en bonne place dans les couvertures quotidiennes. «Tout le monde a été surpris par l'accélération des événements dans les pays arabes. Gouvernements et médias ont été pris au dépourvu. Certains ont été incapables de comprendre», a noté le responsable de The Times, exprimant un sentiment général à Londres. Selon lui, l'inquiétude concernant la résurgence de mouvements fondamentalistes dans le monde arabe est moins importante en Occident que la volonté de soutenir les mouvements démocratiques montants. «L'Occident a hésité entre le soutien aux mouvements révolutionnaires et aux anciens régimes. Sa réponse a été tardive. La réaction américaine était trop lente», a-t-il reconnu. L'Occident doit, d'après lui, expliquer aux populations arabes ce qu'il entreprend comme actions. Simon Tisdall, commentateur de The Guardian, a estimé que la France et la Grande-Bretagne, qui ont proposé la zone d'exclusion aérienne sur la Libye au Conseil de sécurité de l'ONU, doivent affronter «un nouvel ennemi», l'opinion internationale. «Une opinion critique sur l'intervention militaire en Libye menée par la Chine et la Russie qui ont appelé au cessez-le-feu (…). Même le président Mugabe accuse les pays occidentaux d'être des vampires sanguinaires !» a-t-il écrit.
Sur le plan éditorial, The Guardian est sceptique sur l'utilité de la zone d'exclusion aérienne. «Après la chute de Ben Ali en Tunisie, des inquiétudes s'étaient exprimées sur l'arrivée d'islamistes au pouvoir. Ce n'est plus le cas aujourd'hui», nous a déclaré Brian Whitaker, spécialiste du Moyen-Orient au The Guardian. En décembre 2010, le journaliste était en Tunisie au moment où les troubles commençaient à Sidi Bouzid. «Pendant longtemps, les médias américains s'intéressaient aux sujets liés aux dangers du terrorisme. Ils sont aujourd'hui surpris par la tournure prise par les événements dans le monde arabe. Pourtant, tous les indices étaient là pour annoncer que quelque chose allait se dérouler dans cette région. La nouvelle génération ne supportait plus la situation», a observé le reporter. Il a regretté le fait que les journaux US se focalisent sur le combat contre Al Qaîda après le départ de Ali Abdallah Saleh au Yémen et non pas sur le futur de ce pays. Malgré des réserves, Brian Whitaker a relevé que depuis les massacres au Rwanda, il y a ce devoir international de protéger les populations civiles en temps de troubles. «Cela dit, des gens disent pourquoi intervenir en Libye et non pas au Yémen ou au Bahreïn. Le pétrole n'est pas l'élément essentiel de l'intervention en Libye. L'Iran vend le brut et nous continuons à l'acheter. Idem pour l'Arabie Saoudite. Les bombardements ne vont pas durer en Libye. Les cibles ne sont pas aussi nombreuses. C'est différent de l'Irak. La Libye est menacée de partition.
La question, aujourd'hui, est : quel est le degré de résistance du régime d'El Gueddafi et quel soutien a-t-il à Tripoli ?» a-t-il souligné. Selon lui, beaucoup ont appuyé le colonel libyen pour des considérations financières. «Les Français avaient appuyé Ben Ali et aujourd'hui, leur attitude avec El Gueddafi est différente. Qui peut comprendre ce qu'ils veulent ?» s'est-il demandé. Il a relevé que le Premier Ministre britannique peut être sincère en évoquant le souci de protéger les opposants libyens. «Mais il ne faut pas oublier qu'il fait face à des problèmes économiques internes», a-t-il noté, rappelant l'épisode de Margaret Tatcher s'engageant dans les îles Malouines contre l'Argentine pour «détourner» l'attention sur la situation au Royaume-Uni. Les journalistes de The Guardian animent aussi des blogs où ils expliquent et analysent l'actualité mondiale. «On diffuse aussi en temps réel l'information sur ces blogs. Les éditions électronique et papier s'alimentent entre elles. Sur le website du journal, il y a des rubriques supplémentaires», explique Brian Whitaker. Côté presse populaire, le Daily Mail préfère s'étaler sur les «cuts» (les coupes budgétaires) de George Osborne, le chancelier de l'Echiquier (ministre des Finances) et sur les amours nombreuses de Liz Taylor, décédée la semaine dernière, que sur les révoltes arabes. Cela dit, le journal croit sérieusement, citant le MI5 (les services secrets internes), que les Libyens préparent des «attaques terroristes» sur le territoire britannique pour «se venger» de l'engagement militaires du Royaume-Uni dans la no fly zone. Le Daily Mail rappelle, cela coule presque de source, l'épisode de Lockerbie (l'avion abattu sur ordre d'El Gueddafi en 1988).


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