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La plaie ouverte des hôpitaux
Mauvaise gestion, insalubrité, malaise du personnel...
Publié dans El Watan le 28 - 04 - 2011

L'entrée du service urologie de l'hôpital Mustapha, Louiza, la cinquantaine bien entamée, attend depuis une bonne heure. Il est déjà 10h, mais elle n'est pas près de bouger.
«Oui, je sais qu'il y a grève, mais on m'a dit que mon médecin allait certainement passer aujourd'hui, je ne veux pas risquer de le rater encore», explique-t-elle sans la moindre plainte. Tarik, 35 ans, était lui, en ce 25 avril pluvieux, à l'hôpital Maillot, où il venait d'apprendre justement que son intervention chirurgicale était reportée pour la quatrième fois en un mois. Non, il ne se plaindra pas non plus. Quand on est touché par la maladie et qu'on n'a aucun autre moyen de se faire soigner, on pense certainement à préserver son énergie en cédant à la résignation. L'attente, l'improvisation et la prise en charge approximative ont toujours caractérisé nos hôpitaux. Avec la grève illimitée des médecins résidents et celle cyclique des internes et des paramédicaux, ces deux derniers mois, les différents CHU de la capitale vivent une véritable crise.
Des services qui tournent au ralenti, quand ils ne sont pas quasiment déserts (service d'ophtalmologie de Beni Messous), des opérations chirurgicales reportées, des refus d'admission et des consultations sans cesse retardées. Mais la grève ne fait qu'exacerber la plaie des hôpitaux algériens, ouverte depuis longtemps. Après plus d'une heure d'attente, Louiza décide d'entrer dans le service urologie. Couloirs déserts. Absence flagrante de blouses blanches. Elle ne s'aventure pas plus loin et reprend sa place à l'entrée du bâtiment. Dans la salle de consultation de ce service, un vieil homme se fait ausculter par une interne. Des flacons vides sont éparpillés sur un bureau. Les murs sont pleins de fissures. Une poubelle déborde de seringues usagées au pied du malade. Ni le patient ni l'interne ne s'offusquent de cette insalubrité. Ici, on fait avec les moyens du bord.
Question de survie. Et depuis que les résidents sont en grève, toutes les détériorations du milieu hospitalier deviennent flagrantes. «C'est aussi contre tout ça qu'on se bat», explique un résident du service chirurgie du même hôpital. Et d'ajouter : «Notre souhait le plus cher est de bien prendre en charge nos patients et le service civil est lié à cette question.» Le service de chirurgie est justement l'un de ceux où la grève a le plus grand impact. Alors que 30 opérations ont lieu en temps normal, seulement 5 par semaine sont à présent programmées et seulement pour les cas les plus urgents. Les 17 résidents en chirurgie assurent leur garde et le service minimum, mais les 8 assistants du service ne peuvent, à eux seuls, combler toute la charge de travail restante. Le service tourne au ralenti, à l'image de tous les autres des différents CHU de la capitale.
La preuve de l'échec du service civil
A l'hôpital de Kouba, le pavillon des urgences déborde de patients qui attendent leur tour. Des résidents en grève assurent la prise en charge par alternance, donnant l'impression d'un fonctionnement normal. Mais il suffit de se balader dans les autres salles de l'hôpital pour constater le contraire. Au service de médecine interne, autant qu'au service ORL, aucune admission n'a été effectuée depuis le début de la grève, le 28 mars dernier, et les consultations ne sont prises en charge que par les assistants et maîtres-assistants. Ils ne sont pas plus d'une dizaine dans chaque service.
«Les malades de l'intérieur du pays transférés à Alger, qui sont nombreux, sont parfois joints par téléphone pour éviter qu'ils se déplacent pour rien.
D'ailleurs, leur transfert vers la capitale est la preuve de l'échec du service civil qui ne règle pas le problème de la couverture sanitaire à l'intérieur du pays», note une résidente gréviste en pleine garde. Sur sa blouse, une étiquette rouge : «médecin en grève», mais elle effectue quand même sa tournée matinale, de chambre en chambre. Avant de reprendre sa visite, elle tient à expliquer : «Souvent, les aînés (assistants et maîtres-assistants, ndlr) laissent toute la charge de travail aux résidents de garde. Donc, grève ou pas grève, on se tape quand même tout le travail», tranche-t-elle d'une voix presque éteinte par la fatigue. Contrairement à plusieurs autres pays, les gardes en Algérie durent 24 heures, d'où cette fatigue. Pas de repos de sécurité.
Une autre raison de mécontentement. Mais l'heure est aux revendications plus urgentes. Le Dr Benhabib, un des délégués du Collectif autonome des médecins résidents, explique : «Nos revendications ne se limitent pas à l'abrogation du service civil. Nous avons élaboré une plateforme de revendications qui vise de meilleures conditions de travail, pour une meilleure prise en charge de nos patients !» Qu'en pensent justement les patients ? La majorité d'entre eux comprennent et soutiennent ce mouvement, à l'image de Louiza qui n'ose pas se plaindre de l'attente répétitive causée par la grève. Pour elle, comme pour beaucoup d'autres, le combat est forcément justifié, même s'ils n'ont pas la tête à trop s'y intéresser. Quand des patients s'insurgent, ce n'est pas forcément contre les médecins grévistes, mais plutôt contre le laxisme et l'insalubrité des lieux qui précèdent d'ailleurs la problématique de la grève.
Insalubrité normalisée
Hamid, la quarantaine, vient d'entrer dans la salle d'attente des urgences médicales de l'hôpital de Beni Messous. «On m'a orienté vers ce bâtiment. C'est pour des analyses.» Une infirmière répond sans trop
s'attarder : «Ce n'est pas le bon endroit, prenez la droite et demandez dans le premier bâtiment !» «J'y étais il y a quelques minutes, on m'a demandé de venir ici», répond-il. L'homme s'éloigne du bâtiment et va tenter sa chance ailleurs. Les va-et-vient sont incessants dans les jardins fleuris de l'hôpital.
A l'intérieur des grands bâtiments, le silence est de rigueur en l'absence des médecins résidents en grève. Au service de rhumatologie, d'une capacité d'accueil de 32 lits, seuls cinq patients sont hospitalisés. Sur la liste d'attente : 37 patients de différentes wilayas. Si les jardins de l'hôpital sont superbement bien entretenus, l'intérieur est lui presque laissé à l'abandon. Service de
pneumologie : un chat traîne dans les couloirs, des bacs à ordures ouverts sont disposés dans un coin, une fenêtre cassée est recouverte d'un sachet noir, les murs sont fissurés, des restes de pain sont jetés sur les rebords d'une fenêtre et, pis encore, des graffitis et des odeurs nauséabondes dans les toilettes des patients. L'ambiance dans les autres services n'est pas plus réjouissante. Au service de rhumatologie, on vient justement de refuser une consultation à une patiente venue de Biskra. Elle est contrainte de rejoindre sa ville avec les mêmes douleurs qui l'ont obligée à se déplacer.
En attendant, le bras de fer entre les médecins grévistes et le ministère de la Santé continue à pencher d'un côté, puis vers l'autre sans régler la crise des hôpitaux. Les médecins résidents affichent détermination et ténacité, convaincus de la noblesse de leurs revendications, le ministère lui prend son temps, même si l'habitante de Biskra, autant que Louiza, en manquent sensiblement. La cinquième date fixée pour l'opération de Tarik sera-t-elle la bonne ?


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