La Coordination nationale des étudiants a dénoncé l'attitude du président de la République quant à la crise qui secoue l'université algérienne lors d'un point de presse tenu hier à Alger. «Nous dénonçons l'attitude du président de la République qui n'a dit aucun mot sur la crise de l'université algérienne dans le discours qu'il a prononcé à l'occasion du 16 avril, Journée nationale du savoir», déclarent les membres de la commission mandatée par la CNAE. Les membres de la CNAE déclarent qu'une soixantaine de blessés dont 10 dans un état grave ont été enregistrés lors de la marche d'avant-hier. La CNAE qualifie le déploiement des agents des forces de l'ordre de «dispositif monstrueux». Ce qui a obligé les étudiants, qui ont réussi à arriver à Alger, d'improviser une marche de la fac centrale. «Des bus transportant des étudiants ont été empêchés d'arriver à Alger. Ceux qui ont réussi à entrer à Alger ont été bloqués dans les bus à la gare routière du Caroubier», explique les membres de la CNAE. Et d'ajouter : «Le peu d'étudiants qui ont réussi à arriver à la Grande-Poste dont le nombre est estimé entre 200 et 300 personnes, a été vite cerné. Une centaine d'étudiants ont été refoulés de Tafourah. La police les a forcés à changer d'itinéraire.» «La fouille systématique et la chasse à l'étudiant dans le centre d'Alger et sa périphérie sont les deux pratiques adoptées par la police», a déploré l'un des membres de la commission mandatée par la CNAE. Cet étudiant a condamné la répression exercée dans les cités universitaires d'Alger, notamment à l'ITFC. «La police est venue la veille de la marche pour nous empêcher de passer la nuit à l'ITFC», a-t-il regretté. Malgré la répression féroce, les membres de la CNAE considèrent tout de même leur action comme une réussite dans la mesure où les marches et les rassemblements sont interdits à Alger. Ils affirment également que «la protestation va continuer tant que la tutelle fait la sourde oreille. Mais sa forme va peut-être changer». Au sujet des slogans jugés «politiques», les membres de la CNAE estiment que «quand on tabasse un étudiant en lui causant des blessures graves, ce dernier ne peut que qualifier le pouvoir d'assassin». Toutefois, ces étudiants insistent sur le fait que dans leur plateforme de revendications, ne figure aucune revendication politique. Quant à la manipulation des partis politiques pour le mouvement estudiantin, soulevée par certains médias nationaux, ces étudiants affirment que leur mouvement «n'est pas apolitique. Car il n'y a pas de problèmes qui ne sont pas politiques», précisant que «la CNAE n'est proche d'aucun parti politique. Son travail est purement syndical. Mais, il se trouve que parmi ses membres, il y a des militants du RCD, du FFS et du MSP…»