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Abdelhamid Benheddouga, Mohamed Ould B'nou, des pas sur le sable
Du désert comme mode d'emploi
Publié dans El Watan le 15 - 12 - 2005

Du sel, de l'or, des esclaves et, surtout, des caravaniers, silencieux, l'œil fixé sur un horizon désertique toujours recommencé. Ce sont là les éléments qui forment le fond même du roman La Cité des vents du Mauritanien Mohamed Ould B'nou.
Et ce sont ces mêmes éléments qui nous surprennent encore entre les pattes des dromadaires, dans les piqûres et les morsures de scorpions et de scolopendres, dans le déhanchement des serpents et dans l'envol des charognards « aux coups de ciseaux gravissant le ciel », selon la belle image du poète Saint Pol-Roux, (1861-1940). L'homme, mais qui parle ici d'homme dans ces étendues désertiques de l'ouest africain ? Eh bien, cet homme préfère se tapir sous les plis du silence, car il a fait de la nature son porte-parole. Parfois le désert est d'une placidité effarante, rien ne semble l'affecter. D'autrefois, c'est le Simoun, les créatures fabuleuses surgissant au grè du vent, les pluies équatoriales, et tant d'autres phénomènes naturels, qui se donnent rendez-vous pour le simple plaisir d'annoncer un changement furtif dans l'ordre des choses. L'homme, tel un caméléon, aura eu, entre-temps, la chance de se faire l'alter ego de la nature. L'avancée des caravanes dans le désert rythme tous les autres mouvements. Des milliers de kilomètres sont parcourus, de jour comme de nuit, cependant, la mutation se fait sans livrer ses secrets à l'homme. Celui-ci accepte le jeu, car le désert ne peut être désert sans qu'il y soit. Le désert et l'homme se renvoient la même image dans ce qui pourrait paraître comme la manifestation d'un panthéisme simpliste, sans profondeur métaphysique. En ce décembre de l'an 2002, lors d'un colloque à Bordj Bou Arréridj, sur l'œuvre du romancier algérien, Abdelhamid Benheddouga, (1925-1996), je dis à Mohamed Ould B'nou, le romancier mauritanien, mon admiration pour son roman La Cité des vents. Je lui fis également part de mon intérêt pour toutes ces nouvelles écritures qui nous viennent du désert, de l'Arabie Saoudite, avec Abou Dahmane, dans son roman La Ceinture, en passant par Mohamed Farah, de Djibouti, par le Libyen, Ibrahim El Kouni, par le Malien Yambo Ouologuem, tout en espérant lire, un jour, des romans et des nouvelles d'auteurs algériens où il serait question de Tamanrasset, d'Adrar, de Beni Abbas et d'autres contrées du Grand Sud. Mais de quoi s'agit-il dans le roman de Mohamed Ould B'nou, qui, à mon humble avis, aurait dû s'appeler Le Vent de la côte, Nawaq Echott, en hommage au point de départ des caravaniers vers l'extrême sud ? Un jeune homme se retrouve, du jour au lendemain, dans l'état d'esclavage pour avoir volé une poignée de sel. Cela se passe au XIIe siècle, au temps où les Almoravides étaient allés guerroyer en Andalousie. La terre accomplit sa révolution autour du soleil, et notre jeune, cet Ulysse du désert aux mille tours décide d'accomplir la sienne, autour de lui-même et parmi les autres esclaves. Il souffre le martyre sous la botte de ses maîtres, dans le désert, dans les étendues steppiques et dans le pays du Zindj où il venait à peine d'y mettre les pieds. C'est donc une révolte qui fait bouleverser l'ordre dans le désert, et dans celui de toutes les caravanes. Notre jeune homme finit par reprendre le chemin du retour, en homme libre, car, celui-ci, par essence, chérira toujours la liberté. Mais, où commence le désert ? Où finit-il ? On ne peut s'empêcher de se poser de telles interrogations à la lecture du roman d'Ould B'nou. Dans Le Vent du sud de Benheddouga, ce « gentleman de la langue arabe », les actions les plus décisives sont les prémisses d'un changement radical au sein de la société paysanne. On n'attend pas, en vain, les barbares, comme dans le fameux poème de Constantin Cavafy, (1863-1933). Le vent, « le guebli », souffle d'une manière stridente, et du jour au lendemain, le changement frappe à notre porte. Le vent, en tourniquet, entre les pattes des dromadaires dans le roman d'Ould B'nou, c'est également le prélude au passage vers un autre état social, celui de la liberté. En fait de désert, comme l'indique le romancier Waciny Laâredj, l'approche littéraire reste, à quelques différences près, la même dans le monde arabe. On le voit dans les romans irakiens où il est question de ce vent de sable qui souffle en Mésopotamie, au mois d'avril. On le voit, également, dans le « khamassin » qui dénature, en quelque sorte, la vie au Caire, mais, qui donne naissance, quand même, à de nouvelles perspectives au sein de la société égyptienne. Benheddouga, l'Algérien, répandait son génie en fragments : romans, nouvelles, traductions, essais de critique littéraire etc. Mohamed Ould B'nou, le Mauritanien, s'est cantonné jusque-là, dans la narration. Cependant, cet homme, de formation américaine, puisqu'il a passé dix ans de sa vie aux Etats-Unis d'Amérique, a réussi de belles prouesses dans l'écriture du roman. Bilingue parfait, il a déjà publié deux romans en langue française à paris. Pour ce qui est de La Cité des vents, il a mis toute sa curiosité en éveil pour saisir toutes les merveilles du désert, et pour en générer d'autres, pour ainsi dire. La langue arabe, chez lui, nous prête un nouveau visage. Elle est aimantée de nouvelles tournures qui tiennent, à la fois, de ce qu'il y a de plus original, et de ce qui s'enracine profondément dans la modernité. Le résultat, il faut le dire, est magnifique : une narration hautement poétique. Le vent du désert traîne derrière lui toute une panoplie de nouvelles significations. Libre au lecteur de les considérer à sa façon. Toute l'histoire de l'humanité défile, indirectement, devant les hommes, dans leur avancée, au plus près de leurs dromadaires. Autant de détails qui donnent à la littérature, d'une manière générale, son statut essentiel dans la vie de l'être humain, sous toutes les latitudes. Si la mer, en tant que grand sujet de création artistique, se fait absente de la littérature arabe depuis l'époque préislamique, le désert, lui, a réussi à s'imposer dans la poésie durant des siècles, et le voici, de nos jours, se mettre au-devant de la scène dans le monde de la narration.

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