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L'absence d'experts indépendants sur les sites nucléaires ne laisse pas présager une issue fiable
Patrice Bouveret. Directeur de l'Observatoire des armements (Lyon)
Publié dans El Watan le 13 - 05 - 2011

Suite à la loi française du 5 janvier 2010 sur les indemnisations des victimes des essais nucléaires français en Algérie et en Polynésie, le directeur des services des Anciens combattants de l'ambassade de France à Alger a déclaré récemment avoir enregistré... 47 dossiers d'indemnisation déposés par les Algériens. Le point avec un spécialiste du dossier.
-Le chiffre de 47 dossiers semble dérisoire quand on sait qu'entre 1960 et 1966, plus de 40 000 personnes furent exposées aux radiations des essais nucléaires (source : CSSEN, 2007)...
Bien sûr, ce chiffre paraît complètement dérisoire, compte tenu du nombre de personnes exposées au risque des 17 essais nucléaires réalisés par la France en Algérie. D'autant que le chiffre de 40 000 personnes exposées que vous indiquez ne concerne que le site de Reggane et les populations algériennes. Il faut donc aussi y ajouter environ 2000 personnes vivant dans un rayon de 100 km autour du second site d'In Eker, sans oublier les travailleurs que la France faisait venir d'autres régions, voire même d'autres pays comme le Niger… Mais surtout, à l'heure actuelle, le nombre total des dossiers acceptés par la Commission, à notre connaissance, s'élève seulement à environ 200 dont moins d'une dizaine concerne des Polynésiens. C'est vraiment très peu par rapport à l'ensemble des personnes concernées, toutes catégories confondues, c'est-à-dire population, travailleurs civils et militaires engagés ou appelés ! Et précision importante : aucune décision n'a été encore rendue à ce jour. Les premières réponses devraient toutefois arriver d'ici quelques semaines…
-L'ambassadeur de France, Xavier Driencourt, a précisé que la loi «n'est pas discriminatoire», les Algériens étant traités comme les Polynésiens. Pour être indemnisé, il faut être atteint d'un des 18 cancers causés par la radioactivité. Or sur place, aucun registre des cancers n'est tenu à jour et, de toute manière, les populations locales, si elles sont malades, ne savent pas de quoi elles sont atteintes.
Monsieur l'ambassadeur a raison si on se situe uniquement au niveau du principe, car effectivement, d'un point de vue théorique, la loi n'établit aucune discrimination entre les personnes, quel que soit leur statut au moment des essais ou de leur nationalité… Reste après, bien sûr, la pratique, la manière dont la loi va être appliquée et surtout les exigences administratives découlant du décret d'application qui permettent qu'un dossier puisse être non seulement déposé, mais accepté par la Commission d'indemnisation des victimes des essais nucléaires… Car c'est principalement à ce niveau-là que les populations vont rencontrer le plus de difficultés, qu'elles soient algériennes ou polynésiennes. Au-delà de l'absence de registre de cancers, ce qui pose problème, ce sont surtout les limites restrictives de cette liste à 18 types de cancers retenus… Car l'exposition à la radioactivité provoque — tant pour les populations que pour les personnels — non seulement des augmentations de risques de cancers mais également de maladies cardiovasculaires ou neurologiques… D'ailleurs à ce propos, les associations de victimes demandent depuis le début la mise en place d'un suivi médical sérieux pour toutes les personnes exposées auquel, encore aujourd'hui, ni la loi, ni le ministère de la Défense n'apporte de réponse !
-Il faut aussi justifier de sa présence dans des zones déterminées, à des périodes déterminées... Certaines personnes qui ont travaillé sur le site ont gardé leurs papiers, mais pas toutes. Quant aux habitants, la plupart n'ont évidemment pas de preuves écrites...
Et comme par hasard, les zones déterminées dans le décret d'application — là encore au Sahara tout comme en Polynésie — ont une fâcheuse tendance à éviter certaines zones habitées, un peu comme le nuage de Tchernobyl s'arrêtant à la frontière… De plus, il ne faut pas oublier que les conséquences ne se sont pas arrêtées avec la fin des essais et la fermeture administrative des sites, mais perdurent aujourd'hui encore, à la fois compte tenu de la très longue durée de vie de certains éléments radioactifs et du fait que la France a laissé de nombreux déchets nucléaires enfouis dans le désert…
-L'autre problème de l'indemnisation, ce sont les descendants, qui, eux, ne sont pas concernés. En l'absence d'étude épidémiologique, il est bien sûr impossible d'établir une relation de cause à effet, mais sur place, on est frappé de voir que les enfants et les petits-enfants de ceux qui ont travaillé sur les sites des essais présentent souvent des malformations ou des déficiences mentales...
En effet, les ayants droit, veuves, orphelins, peuvent demander réparation pour les préjudices subis, mais les descendants ne peuvent pas demander réparation pour les propres maladies qu'ils peuvent avoir. C'est un vrai problème pour lequel le ministre de la Défense — lors des négociations préparatoires à la loi — a «botté en touche» sous le prétexte que sur ce sujet il y avait une controverse scientifique, que les spécialistes n'étaient pas tous d'accord, et qu'il fallait donc attendre une avancée de la connaissance avant d'envisager une prise en compte des préjudices subis par les descendants. Or, ce que nous constatons, tant au niveau des populations locales que des vétérans, c'est bien le nombre important de problèmes de santé rencontrés par leurs enfants… Tout comme pour la question des conséquences environnementales, il faudra que la mobilisation des associations, des parlementaires, des médias aussi, se poursuive pour obtenir des modifications de la loi et une prise en compte de l'ensemble des conséquences pour les personnes exposées au risque de la radioactivité…
-Après la visite de Sarkozy en Algérie en 2007, un groupe de travail algéro-français a été mis en place pour expertiser les sites nucléaires, établir un état des lieux quant à leur dangerosité et un diagnostic pour une décontamination. Où en sont leurs travaux en 2011 ?
La question se pose de connaître l'objectif réel de ce groupe de travail entre experts gouvernementaux algériens et français, mis en place en 2007 : permettre l'établissement d'un véritable état des lieux et proposer des pistes concrètes de réparation avec des échéances concrètes ou être juste une tentative de minimiser les effets et d'étouffer l'affaire… Déjà, l'absence de transparence et surtout d'experts indépendants sur ces travaux ne laisse pas présager une issue concrète et fiable… Mais, d'après les informations en notre connaissance, les difficultés ne proviennent pas seulement de la part de la France, mais aussi, semble-t-il, des autorités algériennes qui ne paraissent pas forcément pressées de mettre sur la place publique cette question et d'en assurer les conséquences…


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