Bien qu'il était élargi à toutes les PME et qu'il prévoit des aides financières pour l'investissement, le programme national de mise à niveau est resté pour les représentants de l'expertise nationale bien vague sur un sujet clé, à savoir les procédures de règlement de leur prestations. Ameur Mekhoukh, directeur de CACEG Consulting nous explique qu'«il n'y a pas de documents qui explicitent les procédures de payement, ni comment les bureaux d'études doivent être réglés». «On nous dit que c'est à l'entreprise qui engage sa mise à niveau de payer le consultant et qu'elle sera pas la suite remboursée, mais je me demande combien de PME sont dans une situation qui leur permet de puiser dans leur trésorerie», s'interroge-t-il. L'ambiguïté qui entoure cette question est la même qui a prévalu durant l'exécution du programme de mise à niveau de 2008. A l'époque, «on nous avait demandé d'adresser la facture de nos prestations au ministère des finances, mais on nous a dit une année plus tard qu'il fallait facturer à l'entreprise», regrette M. Mekhoukh. Résultat, certains bureaux n'ont toujours pas été payés. Aujourd'hui, s'il se dit toujours «disposé à collaborer à ce programme de mise à niveau», M. Mekhoukh estime que «les créances impayées aux bureaux d'études qui datent pour certains depuis 2008 doivent être réglés le plus tôt possible afin de lancer le nouveau programme sur de bonnes bases». Pour cela «nous allons saisir, à partir de la semaine prochaine, tous les bureaux d'études afin de faire des propositions aux pouvoirs publics concernant le règlement de ce problème». En fait ce n'est pas la mauvaise volonté de l'agence nationale de développement des PME (ANDPME) qui est pointé du doigt mais plutôt «les lenteurs des procédures», affirme notre interlocuteur. «L'ANDPME est une agence soumise aux règles des finances publiques donc les circuits administratifs du financement et des règlements des prestations sont un peu lourds. Ils peuvent entraîner des retards qui risquent d'alourdir le processus», explique l'expert. Selon lui, «il aurait fallu organiser l'agence sous forme d'EPIC (établissement public à caractère industriel et commercial) dont la gestion souple répond beaucoup plus aux besoins de célérité des opérations». Le problème, dit-il, est que «nous sommes dans un système administratif lourd qui risque de mettre en danger tout le programme de mise à niveau». L'autre souci est que face à ce programme ambitieux, «les capacités d'absorption en matière d'expertise restent un peu insuffisantes», estime M. Mekhoukh, tout en soulignant que sur ce nouveau programme, «on semble vouloir encourager davantage l'expertise nationale qui est imprégnée de la réalité nationale et de la PME algérienne» que l'expertise étrangère qui été préférée par le passé. L'expert émet enfin quelques réserves quant à la possibilité de réaliser d'ici 2014 l'objectif de 20000 PME mises à niveau. «Parfois les entreprises ne sont pas informées de la réalité de ces programmes. De plus, l'entreprise algérienne a le réflexe de penser que la mise à niveau suppose l'octroi de financement pour acheter du matériel, alors que la stratégie du programme est beaucoup plus de mettre à niveau l'aspect gestion et organisation de l'entreprise», indique notre interlocuteur. «Les PME ne s'intéresse pas énormément à l'aspect de la gestion car ce sont généralement des entreprises familiales qui ont des appréhensions sur le fait qu'on puisse faire une expertise et avoir un regard sur leur mode de gestion, même si c'est pour diagnostiquer un problème». C'est toute «une mentalité» qu'il faut changer, dit-il. Même si les nouvelles mesures prises dans ce programme concernant les aides aux investissements matériels pourraient «inciter les entreprises à s'intéresser davantage» à ce programme. En tout cas, conclut M. Mekhoukh, «c'est à nous bureaux d'études d'aller vers ces entreprises, de leurs expliquer, de les sensibiliser sur ce programme et de leur expliquer que la démarche constitue un apport pour leur développement futur».