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les belles étrangères, une littérature de l'histoire immédiate
Les treize cavaliers du présent
Publié dans El Watan le 05 - 01 - 2006

taper sur une machine à écrire pour conjurer le présent. « Chaque soir, il y avait des accrochages, des bruits de rafales. Un jour, j'en ai eu assez, je me suis acheté une vieille machine à écrire. Je me suis mise à taper sans arrêt toutes les nuits pour couvrir les bruits des balles... C'est comme ça qu'est né le roman. »
C'est comme ça que Yasmina Bensalah explique sa démarche créatrice dans l'avant-propos Des Belles étrangères -Treize écrivains algériens, coédités en 2003 par Barzakh et L'Aube. La violence répond à la violence. L'une est extérieure et mortelle, l'autre est intérieure, extériorisée en un geste symbolique et salvateur. Le réel te cogne, tu cognes sur ce que tu peux. Une vieille machine à écrire, c'est bien parce que tu n'es pas un assassin et parce que ça vaut mieux que les quatre murs qui t'enferment dans ta peine. Les écrivains ? Des autistes qui s'ignorent. Sous leur plume, la réalité s'émiette et se découpe en représentations qui me font dire que l'Histoire totale, c'est de la blague. Treize écrivains. Treize histoires comme sous le coup du malheur. Histoire-problème. Histoire sérielle. L'Algérie-continent s'émiette en îlots de sensibilité qui chevauchent sur la crête de notre présent. Sont-ils vraiment passés ces instants d'un passé de crise investi par Yasmina Bensalah et les douze autres, apôtres de la bonne parole ? Ne sommes-nous pas toujours en crise avec ce sentiment de décadence qui est encore en nous ? Impression que tout est déjà arrivé. Nous sommes déjà au-delà de la fin. Des survivants sous la plume d'El Mahdi Acherchour. Des survivants qui supportent cette vie. Cette vie ? Laquelle ? Celle où les rêves de H'mida Layachi se fissurent. Celle où ses dents grincent et claquent dans la nuit immobile des journalistes planqués, flanqués de voix qui donnent le vertige dans le campement solitaire des bureaux métalliques. Grincements. Secret des sensibilités. Dans le jour qui se lève sur Alger, Sofiane Hadjadj écoute les infos en compagnie de son oncle vendeur de journaux. Ils rigolent en douce. Il paraît que le week-end va crouler sous le poids de l'activité politique. Tu parles ! Parle- moi plutôt de la retraite de notre triple champion du monde d'athlétisme. ça, c'est une info en or. Plus aucun espoir de médaille étrangère. C'est triste. Sofiane retourne à son silence, celui auquel il s'exerce dans les intermittences de la beauté capitale. Quelque part, pas très loin, Maïssa Bey plonge dans le même silence au féminin. Une nouvelle à couper le souffle. Femme, il faut choisir. Accepter la seconde épouse ou se retrouver dans la rue d'ici à sept jours. C'est la loi. Le silence se brise et l'épouse se démet de sa haine, capitularde. Rester « en tout bien tout honneur ». Garder son bébé et la première place tout de même. A huis clos, l'histoire se rejoue dans le déshonneur. Un toit même bigame, quand le soir s'approche et jette de l'ombre sur les trottoirs. Un toit et la télé. Le matraquage habituel. A l'orée d'une soirée de mai, la terre s'ébroue comme si elle en avait marre de tous ces gens qui comptent sur le petit écran pour faire venir le sommeil. La nuit tombe aussi brutalement que la mort. « Quelqu'un aurait-il coupé l'électricité ? Un autre aurait-il coupé l'eau, un troisième le gaz, un quatrième le téléphone. Et peut-être un cinquième a-t-il coupé l'air. » Appel d'air, salive folle et amère. « Tout était cisaillé d'un bout à l'autre. Il n'y avait que la poussière et l'air qui déjà sentait le cadavre. » « Femme, va, ton enfant est morte ! » La nuit est tombée sur le camp des sinistrés. La terre tremble encore à Boumerdès. Abominable. Qui n'a pas de cœur ? Qui ose parler ainsi ? « Femme, va, ton enfant est morte. » Qui est-elle ? Chuchotements sous la tente sans étoiles. La femme cherche encore son enfant dans les décombres. Chut. Elle cherche encore dehors, dans la nuit, « un peu comme ce pays, l'Algérie, qui a perdu son peuple dans la misère et qui le cherche dans les rêves. » La légende court sur la toile de Boualem Sansal. C'est la fin des fins. Nous sommes tous des sinistrés. Re-jeu massif de notre histoire. Notre destin à la fin. Sauve qui peut. Des harraga. Avant de franchir le seuil, Habib Ayyoub conseille de choisir la bonne saison de l'émigration. Meilleur, paraît-il, est l'hiver des prisons clandestines. Avec le dégel, les pluies de boue se transforment en pluies d'or, et tandis que Mohamed Sari joue les orpailleurs, l'objet de tous nos désirs affine sa composition sous le bouquet de regards. Le pays, les vies et les amours, perdus et trouvés, s'extraient du temps qui passe du côté de Rachida Khouazem, Mustapha Benfodil, Arezki Mellal, Bachir Mephti, Amin Zaoui. La flèche de Zénon n'atteint, paraît-il, jamais l'objet visé. Celle de nos écrivains découpe son trajet et touche sa cible. En son cœur, en leur cœur, notre présent encore, en miettes, sous la mitraille de machines à écrire qui se moquent bien d'être treize. Ni superstition ni fatalité de malheur. Inutile d'essayer de couvrir le bruit des balles. Plus on sait, mieux c'est. Plus on sait, plus on souffre. C'est ça aussi l'écriture de l'histoire.

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