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«Si des lobbies existent, les autorités doivent les combattre dans le cadre de la loi»
Farid Benhamdine. Président de la Société algérienne de pharmacie
Publié dans El Watan le 06 - 09 - 2011

Le président de la Société algérienne de pharmacie, Farid Benhamdine, revient dans cet entretien sur les ruptures de médicaments enregistrées dans les pharmacies, leurs causes et les solutions pour mettre fin à cette situation.
- Les dernières déclarations du ministre de la Santé et du Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo) imputent les ruptures de médicaments tantôt aux producteurs, tantôt aux importateurs et aux distributeurs à travers des lobbies occultes. Qu'en pensez-vous ?
Je regrette qu'en 2011, nous parlions encore de pénurie, qu'elle soit minime ou amplifiée. Cette question me gêne et si vous le permettez, je commencerai par m'excuser au nom de ma profession et à hauteur de ses responsabilités auprès des malades qui ont eu à la subir. Nous n'avons pas le droit juridiquement et moralement de laisser une population dans le désarroi. Cela s'appelle de la non-assistance à personne en danger. Nous nous devons d'informer objectivement les malades et être responsables de nos déclarations afin de ne pas rajouter à leur mal une dose inutile d'angoisse. Pour répondre à votre question, il est regrettable que ce secteur soit la cible d'autant d'attaques, alors qu'il s'agit de l'un des secteurs des plus transparents, des plus encadrés et des plus contrôlés en Algérie. Les marges sont administrées, l'informel est quasiment inexistant. En dehors des hydrocarbures, le médicament est le secteur qui a drainé le plus grand nombre d'investissements de qualité alors que le budget des produits pharmaceutiques est très nettement inférieur à celui de l'importation des voitures et même de la quincaillerie. Je considère que les opérateurs du secteur sont d'excellents élèves dans le cadre de l'intégration, des indépendances économique et stratégique dans notre pays.Ce secteur est une référence de développement et un exemple à suivre. Les principaux acteurs établis depuis de nombreuses années avaient, quant à eux, prédit ces perturbations dont les causes sont plurisectorielles et non pas seulement du fait du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Si des lobbies existent, et depuis le temps qu'on en parle, il est temps et du devoir des autorités de les dénoncer et d'engager contre eux les poursuites prévues par la loi. Nous ne devons pas jeter l'anathème sur tous les opérateurs pour quelques rares exemples, cela serait injuste car injustifié. Mes confrères du Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo), qui font un excellent travail au demeurant, sont en droit et même en devoir, de par leur position d'observateurs, d'acteurs et peut-être de victimes d'agissements malsains de dénoncer publiquement et auprès des instances concernées les pratiques illégales et non éthiques. Ils ont en tout cas tout mon soutien.
- Les distributeurs de médicaments sont, selon le ministre, en partie responsables de cette pénurie. «Beaucoup ne respectent pas les cahiers des charges et font du business avec le médicament», a-t-il déclaré. Est-ce que le problème est réellement à ce niveau ?
Il faut savoir que nous comptons plus de 420 grossistes agréés. Une centaine d'entre eux sont opérationnels, ce qui est dans tous les cas beaucoup trop, car le manque de traçabilité, de responsabilité ouvre la porte à toutes les dérives. Par exemple, en France, 4 grossistes détiennent 95% du marché pour une population double, un budget dix fois supérieur. Cela ne veut pas dire qu'il faut absolument suivre cet exemple et créer du chômage ; les regroupements, les associations d'intérêts communs sont des pistes qui méritent d'être exploitées par cette profession. Cependant, je reste persuadé qu'avec des marges très basses, un produit qui ne se renchérit pas avec le temps, d'imaginer un distributeur dont la trésorerie déjà fragile faire de la rétention. Il faut agir pour mettre un terme à la vente concomitante. Il est temps de revoir le cahier des charges et le mettre en phase avec comme objectif exclusif la santé et l'intérêt du malade. Tous les textes, toutes les dispositions définitives ou transitoires ne doivent en aucun cas être préjudiciables aux patients. Nous n'en avons collectivement pas le droit. Les moyens de régulation de cette activité sont connus et adoptés avec succès dans de nombreux pays.
La distribution dans notre pays est un secteur qui nécessite une réorganisation, sa diabolisation ne réglera pas les problèmes de disponibilité des produits pharmaceutiques. Actuellement, pour obtenir l'agrément il suffit de recruter un pharmacien directeur technique et avoir un espace de 300 m2. Le distributeur, comme cela se fait ailleurs, devrait détenir 70 à 90% des produits disponibles et 100% des médicaments essentiels (liste de l'OMS 2011), il devrait respecter des délais de livraison inférieurs à 72 heures. L'autorité devrait mettre en place au plus tôt un cahier des charges garantissant la disponibilité, la qualité et l'éthique professionnelle. Les problèmes que l'on observe sont les effets de la rupture et non pas la cause. C'est la conséquence d'une situation où l'offre est inférieure à la demande.
- Quelles sont, selon vous, les causes des ruptures ?
Pour ce qui est de cette année, je crois savoir que les programmes ont commencé à être remis à partir de la fin du mois de janvier et que cela s'est poursuivi jusqu'au mois de mai ou de juin. Le délai entre une commande et la mise sur le marché d'un produit est de 3 à 4 mois, les produits commandés début février ne pouvaient être disponibles qu'à partir des mois de mai et juin et pour les suivants vous pouvez extrapoler ! Il est à noter également quelques cas de produits dont les commandes ont été retardées en raison de l'arrêt de dépôt des variations au niveau du service de l'enregistrement.
Mais si l'on en revient au fond des choses, il est indéniable que la dilution des responsabilités à travers la multiplicité des importateurs pour le même produit rend le travail de régulation très compliqué. De plus, les industriels se plaignent également de façon récurrente de l'environnement dans lequel ils évoluent, et ceci ne peut pas être sans conséquence sur la disponibilité des produits. Nous devons admettre qu'il y a également des pratiques malsaines à sanctionner.
- Il s'agit d'un problème récurrent depuis plusieurs années, et la réponse de la tutelle a, à chaque fois, été de le nier, quelles sont les solutions, selon vous ?
Nier l'existence d'un problème n'est pas le meilleur moyen de le prendre en charge correctement. Il est temps qu'on s'intéresse à des solutions plus radicales et qu'on règle définitivement cette problématique de rupture. Il est urgent que nous affichions clairement et officiellement notre politique nationale des produits pharmaceutiques (PNPP), il n'est plus acceptable, vu les engagements politiques et les moyens financiers mis par l'Etat, que les résultats ne soient pas à la hauteur des attentes. L'avantage d'une telle politique (PNPP), présentée et validée par l'ensemble des intervenants, par le gouvernement et le Parlement est qu'elle survive au changement à la tête des départements ministériels et autres administrations. Elle éviterait les mesures prises dans l'urgence, de modifier les règles établies et l'improvisation. Il faut noter que le médicament n'est qu'une petite partie de la chaîne des soins et la mise en œuvre de la politique nationale de santé (PNS) demande une grande disponibilité des responsables du secteur. Un ministre, quels que soient sa compétence, son engagement et son intégrité ne peut consacrer la plus grande partie de son temps aux médicaments (il est anormal qu'un ministre soit interpellé à chaque fois qu'un produit est en rupture !). Il se doit de veiller à l'application stricte de la PNPP. A mon sens, cela ne peut se faire qu'à travers la mise en place de l'Agence nationale des produits pharmaceutiques dont la loi portant création a été votée et publiée au Journal officiel en juillet 2008. Cette loi mériterait toutefois quelques aménagements quant à son mode de gestion, du niveau des subventions de l'Etat dans ses ressources et de ses prérogatives en balisant étroitement les conflits d'intérêts. Cette agence serait un organisme de l'Etat chargé de fédérer les actions et la représentation des différents ministères intervenant dans le secteur (Santé, Travail, Emploi et Sécurité sociale, Commerce, Industrie, Finances, Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Affaires étrangères, Environnement…) pour plus de cohérence et d'efficacité. En un mot, une unité de lieu et de décision. Il est étonnant que la direction de la pharmacie ne compte pas plus de 30 à 40 personnes alors que cette agence devrait en compter au minimum 300 dont un tiers de spécialistes. Elle permettra également la mise en place d'outils efficaces et performants pour mieux réguler et contrôler le secteur.
- Le ministre de la Santé annonce un taux de couverture de 70% à l'horizon 2014, pensez-vous qu'il est possible d'atteindre, vu la situation actuelle, cet objectif ?
Se rapprocher de cet objectif reste réalisable, le ministre de la Santé est convaincu et engagé dans cette voie et il fera tout pour atteindre son but ou en tout cas s'en rapprocher. Néanmoins, il est temps de se mettre au travail et de mettre les moyens humains et matériels de l'administration en charge du secteur à la hauteur de ses ambitions.
Nous n'y parviendrons pas tant qu'il n'y aura que 4 pharmaciens au niveau du service de l'enregistrement pour toute l'Algérie ! Il y a lieu également de lever les différentes contraintes dont se plaignent de façon récurrente les industriels. Si leur environnement reste ce qu'il est aujourd'hui, nous n'y arriverons sûrement pas en 2014 malgré les efforts déployés par le MSPRH. Je reste persuadé que seul un dialogue véritable et une démarche consensuelle, à l'écoute des professionnels qui seront suivis de mesures concrètes et efficaces, seront à même de nous mener à ce taux de couverture et de diminuer ainsi notre dépendance de l'extérieur. Nous devons sans cesse nous rappeler que le meilleur investissement est dans la ressource humaine. Je me réjouis de la création d'une sixième année dans le cursus des études de pharmacie car nous avons besoin de cadres bien formés dont les études sont en adéquation avec les besoins du pays (pharmacie industrielle, pharmacie des hôpitaux, affaires réglementaires...). Il serait, à mon avis, plus judicieux de demander aux importateurs de respecter leur programme d'importation en quantité, qualité et en temps tels que figurant lors du dépôt de ce dernier et au MSPRH de respecter à son tour les délais de leur remise. Le dépôt d'un programme d'importation doit être un engagement de mise à disposition et non pas une formalité. Nous devrions également introduire dans toutes nos réflexions l'idée d'économie de la santé qui permet de rationaliser nos dépenses. La santé n'a pas de prix, dit-on, mais elle a un coût. Il est urgent d'introduire dans la formation des personnels de santé la notion de dépenser mieux.


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