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Natsume Sôseki, peintre et philosophe de sa société
Le Charles Dickens japonais
Publié dans El Watan le 19 - 01 - 2006

l'écrivain japonais, Soseki, est un monument de la littérature japonaise du début du XXe siècle. Né le 9 février 1867 à Ushigome-Edo, Tokyo aujourd'hui, il se trouve que son visage est connu de tous les Japonais, car son portrait orne les billets de 1000 yens.
Décédé d'un ulcère de l'estomac le 9 décembre 1916, sa notoriété internationale s'amplifie, preuve en est que ses ouvrages n'ont commencé à être traduits en français que dans les années 1980 à l'exception de La porte en 1927. C'est par hasard que j'ai redécouvert ce romancier par le biais de son roman Oreiller d'herbes traduit par René de Ceccatty en 1987. Soseki est l'auteur de vingt-trois romans dont Le voyageur et Clair Obscur. Son succès est dû à son premier roman Je suis un chat publié en feuilleton dans le journal japonais, le Hototogizu, ce qui va lui apporter célébrité et sécurité financière. Je suis un chat est l'histoire de cet animal qui observe l'évolution de la société japonaise, décrit ses travers, ses faiblesses et parle avec ironie et humour du début de l'ouverture du Japon sur le monde occidental. Ce feuilleton a vu le jour après son retour de Grande-Bretagne où il vécu de 1900 à 1903 où il s'est imprégné des œuvres de Swift et de Daniel Defoe. Son écriture décrit les mœurs et les sentiments de l'époque, ce qui le définit comme le Charles Dickens de la littérature japonaise. Oreiller d'herbes est un roman dans lequel le lecteur pénètre en douceur, et il ne faut surtout pas abandonner dès les premières pages un peu philosophiques. Ce récit commence en effet avec une réflexion sur la vie : « Je gravissais un sentier de montagne en me disant : à user de son intelligence, on ne risque guère d'arrondir les angles. A naviguer sur les eaux de la sensibilité, on s'expose à se laisser emporter. A imposer sa volonté, on finit par se sentir à l'étroit. Bref, il n'est pas commode de vivre sur la terre des hommes. » Le ton est donné. Ecrit dans un style poétique, où chaque mot, chaque expression possède son poids. Le lecteur est entraîné dans un monde de douceur, dans un monde fictionnel feutré avec un charme particulier, loin du vacarme de Tokyo et de la civilisation urbaine. Oreiller d'herbes raconte un moment de la vie d'un peintre d'une trentaine d'années en mal de silence, d'air pur, d'inspiration poétique, et de belle nature pour pouvoir peindre la beauté naturelle du Japon. Ce peintre narrateur imprégné d'une double culture japonaise et occidentale se rend en montagne, dans une station thermale où « la source chaude, l'eau lisse nettoie la peau huileuse. » Le décor est planté, lorsque le peintre arrive au pied de la montagne où nul véhicule ne pénètre. Le peintre-poète cherche son chemin sous une pluie fine le long de sentiers verdoyants où les arbres sont en fleurs. Soseki démontre tout son talent de conteur, cet art de créer des situations comme lorsque le peintre arrive près d'une ferme où les poules caquettent pour demander son chemin. La vie dans cette station thermale est pleine de mystère. Grâce à l'écoute et l'indiscrétion feutrée du peintre, qui se laisse raconter l'histoire de la famille qui tient l'hôtel, l'histoire d'un village où le temps semble s'être arrêté. L'atmosphère énigmatique s'amplifie suite à sa rencontre avec la femme propriétaire des lieux, qui joue avec lui un jeu de séduction à la japonaise, attirer l'attention sans en avoir l'air, se trouver sur son chemin comme par hasard, tout cela animé par une histoire qui se construit comme un puzzle, petit à petit, par le jeu des indiscrétions. Belle et secrète, elle attise la curiosité du peintre-artiste : « Au fond de ces nuées, se dessine peu à peu une figure pâle dont la chevelure noire paraît estompée. Regardez ses contours. » Au-delà de l'attirance physique, des réflexions sur l'art, la peinture et la vie enrichissent le texte narratif. Au gré de ses pensées, le peintre réfléchit et compare l'art pictural japonais à l'art pictural occidental, il remonte aux temps anciens de l'art japonais, à une certaine philosophie de la création. Le rapport entre l'être et la nature, le rapport ambigu de la création et de l'inspiration, l'utilité de l'art, autant de questionnements car « seuls les poètes et les peintres atteignent la pureté absolue en saisissant sans détour l'essence de ce monde d'oppositions. » Ouvrage surprenant où se mélangent l'art et la vie, dans ce coin reculé du Japon. Le lecteur sort apaisé de cette lecture, car l'intériorité reprend ses droits.
Sôseki, Oreiller d'herbes, Paris, éditions Rivages, 1987


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