Le président de la République tient une rencontre cordiale avec la Présidente de la République de Slovénie au Château de Brdo    Projet de loi sur la prévention des drogues: de nouvelles dispositions équilibrant prévention et répression    Laghouat : une trentaine de pays attendus au 11e Festival international du chant spirituel "Samaâ"    CNDH : réunion préparatoire pour l'élaboration d'une feuille de route pour le Réseau algérien des femmes médiatrices    Les commissions de la Mission algérienne du hadj pleinement mobilisées au service des pèlerins    L'activité de collecte de plastique introduite dans le dispositif de l'auto-entrepreneur dans le cadre d'un projet pilote    Sadaoui s'enquiert de la disponibilité des directions de l'Education à organiser les examens scolaires    Le vice-président de l'APN appelle depuis Jakarta à des mesures concrètes pour soutenir la cause palestinienne    Cinéma : Appel à candidature pour le prix "Jazair Awards 2025"    Dissolution d'"Urgence Palestine": une ONG dénonce "la dégradation des libertés d'expression" en France    Plateforme numérique de l'APRUE: 18.000 inscrits pour la conversion au GPL depuis la fin 2024    CS: consultations à huis clos sur la Mission de soutien et de stabilisation de l'UA en Somalie    Le Président de la République quitte Alger à destination de la Slovénie pour une visite d'Etat    Le député Benhamouda participe à Jakarta à la réunion du Comité exécutif de l'UPCI    Belmehdi souligne la nécessité d'une plus grande contribution de l'Université à la recherche sur les savants algériens    L'OM et Monaco en Ligue des champions, Saint-Etienne garde l'espoir    «L'Algérie ouvre des marchés, jette des ponts, et transfère la technologie à ses frères»    Les contraintes des services et l'absence de réponse aux doléances du public    Pour la réhabilitation de la Cour des comptes en hibernation, comme institution de prévention et non de coercition    Journées de sensibilisation destinées à la préparation psychologique des candidats aux examens de fin de cycle scolaire    Les souffrances s'aggravent !    « Retailleau est le pollueur de la relation entre Alger et Paris »    Des victoires qui sauvent et… des défaites qui menacent    Sur les chemins de la mémoire    «1830-2025 : Du plan enfoui à l'histoire d'une relation fracturée »    Sonatrach/FAF : renouvellement de la convention de sponsoring pour trois ans    La marque de fabrique des Renseignements algériens    Aymeric Caron reproche à Anne Sinclair son silence tardif sur Ghaza    Les Verts s'identifient dans la course au sommet final    La gestion totale des structures de la jeunesse tributaire d'une autorisation du ministère    Vers une approche pragmatique !    Coupe d'Algérie de Cyclisme sur route à Oran/course en ligne : victoire de Abdallah Benyoucef et Ziani Amine    Des averses orageuses, vendredi et samedi, sur plusieurs wilayas du pays    L'Algérie A' dispose de la Gambie (3-0) et valide son ticket pour le CHAN 2025    Le port de couteau, une menace publique !    Une pratique démocratique à l'abri de toute forme de dérive    La Fifa organise un séminaire à Alger    Khaled Ouennouf intègre le bureau exécutif    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Faux dévots
Vu à la télé : les autres articles
Publié dans El Watan le 24 - 11 - 2011

Venu en Algérie, en visite «amicale et fraternelle», Rached El Ghannouchi s'est fait remarquer en prêchant la bonne parole. Le message qu'il a délivré se voulait surtout rassurant : il ne faut pas avoir peur de l'islamisme tunisien qui vient tout fraîchement de s'emparer du pouvoir à la faveur d'une élection législative apparemment non truquée. L'Ayatollah de Carthage — c'est une stature qui semble convenir à ce guide spirituel comme il se réclame lui même — a étonné tout son monde en tenant un discours qui ne s'éloigne pas tellement de la profession de foi… laïque.
«Nous voulons exporter pas une révolution, mais un modèle qui préserve l'Islam de l'étiquette de terrorisme, de l'extrémisme et du fanatisme. Nous ne voulons pas d'un Islam qui nie la démocratie et les beaux-arts», a-t-il soutenu devant la presse. Faut-il vraiment le croire ? Ce serait faire preuve de grande naïveté diront certains observateurs de la scène politique arabe tant les islamistes sont devenus les champions de la pratique du double langage. La preuve, dans son propre pays, le parti de Ghannouchi est crédité d'une forte suspicion. Sa visite en Algérie est mal comprise. Quel but recherche-t-il en se déplaçant en Algérie où la société est déjà mise sous la coupe du courant islamiste sans un parti islamiste au pouvoir ?
A l'heure où le fondamentalisme islamiste, qui est devenu par la force des choses une idéologie de combat politique plus influente que la conviction religieuse, soulève dans le monde occidental les craintes les plus vives, notamment par ses débordements de violence, la note que veut jouer le leader tunisien sonne en tous cas et malgré les réticences exprimées ça et là comme un tempo à contrecourant de la partition déjà connue. Il y avait la Turquie avec son système de gouvernance qui a réussi à faire cohabiter tant bien que mal l'Islam avec les principes de la démocratie, désormais il faudra à l'avenir compter, selon l'hôte de Bouteflika, avec la Tunisie qui se donne comme objectif de suivre l'exemple du pays d'Atatürk pour devenir une référence dans le Maghreb.
La question est de savoir si celui-ci ira jusqu'au bout de ses intentions. Autrement dit, s'il serait capable d'assurer au peuple tunisien toutes les libertés garanties par la Constitution. Pays reconnu jusque-là pour son ouverture culturelle, son penchant pour la modernité et sa tolérance religieuse, la Tunisie se trouve aujourd'hui dans une expectative. Entre la peur de perdre ses principaux acquis en matière de liberté et celle de retomber dans l'instabilité politique, sans compter toutes les incertitudes ressenties au plan économique sachant que la principale ressource provient du tourisme qui charrie inévitablement avec lui les valeurs occidentales mal acceptées par la vision islamiste.
Pari insensé ou stratégie d'occupation du terrain avant de dévoiler le vrai visage ? En tout état de cause, le leader charismatique tunisien n'est pas venu pour rien. Il a pris des islamistes soft algériens représentés par le MSP de précieuses consignes, dont celle du comment faire de l'entrisme dans une gouvernance controversée paraît essentielle. Si les autorités algériennes ont accueilli officieusement le guide spirituel, mais avec des égards dus à un chef d'Etat, c'est tout le staff du MSP — ministres, députés, sénateurs — avec bien sûr à leur tête le secrétaire général du parti qui s'est mobilisé pour faire la leçon à leur invité. «Attention, il faut être prudent et ne pas tout bousculer d'entrée. Il faut aller doucement dans la gestion, impliquer l'ensemble des forces politiques, ne pas marginaliser les gens pour leur appartenance idéologique…».
Si c'est cela la politique islamiste, elle pourrait devenir fréquentable, sauf que dans le grand Maghreb les sociétés et les peuples sont malgré tout différents. Il est évident qu'il est loin le temps où la démocratie était considérée comme «kofr» par les islamistes radicaux du FIS qui, pour tenter d'arriver au pouvoir, ont mis le pays a feu et à sang. A l'époque, il est utile de rappeler que le parti de Ghannouchi ne s'est jamais démarqué de cette folie engagée par Abassi Madani et ses troupes, et qu'au contraire il y avait adhéré par un soutien inconditionnel sans trop penser aux conséquences. Le même personnage qui était déjà pourchassé par le régime en place dans son pays avait usé de violence du même type que celui du FIS en s'attaquant aux touristes étrangers.
A-t-il changé depuis ? Sont-ce les vingt ans de son exil britannique qui lui ont fait prendre conscience que la démocratie ne peut se construire sur des victimes innocentes. Il est donc loin ce temps de violence inouïe, cette période tragique où le mouvement islamiste ne savait se faire entendre que par la terreur. En Algérie, il a fallu que la société tout entière se soulève et fasse front pour barrer la route à des fanatiques qui voulaient précipiter le pays dans le chaos. Mais si la violence a considérablement baissé, il reste que le règne de l'inquisition islamiste demeure toujours, et n'est pas près d'être abolie tant que l'Algérie n'aura pas défini un projet de société clair dans lequel la démocratie et l'idéal républicain se reconnaissent.
L'important, par conséquent, ce n'est pas de s'émouvoir devant les attitudes alambiquées d'un leader islamiste qui garde pour lui le fond de sa pensée, mais d'œuvrer pour libérer la société de ses faux dévots qui confondent tout pour la perpétuation de leur domination.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.