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Faux dévots
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Publié dans El Watan le 24 - 11 - 2011

Venu en Algérie, en visite «amicale et fraternelle», Rached El Ghannouchi s'est fait remarquer en prêchant la bonne parole. Le message qu'il a délivré se voulait surtout rassurant : il ne faut pas avoir peur de l'islamisme tunisien qui vient tout fraîchement de s'emparer du pouvoir à la faveur d'une élection législative apparemment non truquée. L'Ayatollah de Carthage — c'est une stature qui semble convenir à ce guide spirituel comme il se réclame lui même — a étonné tout son monde en tenant un discours qui ne s'éloigne pas tellement de la profession de foi… laïque.
«Nous voulons exporter pas une révolution, mais un modèle qui préserve l'Islam de l'étiquette de terrorisme, de l'extrémisme et du fanatisme. Nous ne voulons pas d'un Islam qui nie la démocratie et les beaux-arts», a-t-il soutenu devant la presse. Faut-il vraiment le croire ? Ce serait faire preuve de grande naïveté diront certains observateurs de la scène politique arabe tant les islamistes sont devenus les champions de la pratique du double langage. La preuve, dans son propre pays, le parti de Ghannouchi est crédité d'une forte suspicion. Sa visite en Algérie est mal comprise. Quel but recherche-t-il en se déplaçant en Algérie où la société est déjà mise sous la coupe du courant islamiste sans un parti islamiste au pouvoir ?
A l'heure où le fondamentalisme islamiste, qui est devenu par la force des choses une idéologie de combat politique plus influente que la conviction religieuse, soulève dans le monde occidental les craintes les plus vives, notamment par ses débordements de violence, la note que veut jouer le leader tunisien sonne en tous cas et malgré les réticences exprimées ça et là comme un tempo à contrecourant de la partition déjà connue. Il y avait la Turquie avec son système de gouvernance qui a réussi à faire cohabiter tant bien que mal l'Islam avec les principes de la démocratie, désormais il faudra à l'avenir compter, selon l'hôte de Bouteflika, avec la Tunisie qui se donne comme objectif de suivre l'exemple du pays d'Atatürk pour devenir une référence dans le Maghreb.
La question est de savoir si celui-ci ira jusqu'au bout de ses intentions. Autrement dit, s'il serait capable d'assurer au peuple tunisien toutes les libertés garanties par la Constitution. Pays reconnu jusque-là pour son ouverture culturelle, son penchant pour la modernité et sa tolérance religieuse, la Tunisie se trouve aujourd'hui dans une expectative. Entre la peur de perdre ses principaux acquis en matière de liberté et celle de retomber dans l'instabilité politique, sans compter toutes les incertitudes ressenties au plan économique sachant que la principale ressource provient du tourisme qui charrie inévitablement avec lui les valeurs occidentales mal acceptées par la vision islamiste.
Pari insensé ou stratégie d'occupation du terrain avant de dévoiler le vrai visage ? En tout état de cause, le leader charismatique tunisien n'est pas venu pour rien. Il a pris des islamistes soft algériens représentés par le MSP de précieuses consignes, dont celle du comment faire de l'entrisme dans une gouvernance controversée paraît essentielle. Si les autorités algériennes ont accueilli officieusement le guide spirituel, mais avec des égards dus à un chef d'Etat, c'est tout le staff du MSP — ministres, députés, sénateurs — avec bien sûr à leur tête le secrétaire général du parti qui s'est mobilisé pour faire la leçon à leur invité. «Attention, il faut être prudent et ne pas tout bousculer d'entrée. Il faut aller doucement dans la gestion, impliquer l'ensemble des forces politiques, ne pas marginaliser les gens pour leur appartenance idéologique…».
Si c'est cela la politique islamiste, elle pourrait devenir fréquentable, sauf que dans le grand Maghreb les sociétés et les peuples sont malgré tout différents. Il est évident qu'il est loin le temps où la démocratie était considérée comme «kofr» par les islamistes radicaux du FIS qui, pour tenter d'arriver au pouvoir, ont mis le pays a feu et à sang. A l'époque, il est utile de rappeler que le parti de Ghannouchi ne s'est jamais démarqué de cette folie engagée par Abassi Madani et ses troupes, et qu'au contraire il y avait adhéré par un soutien inconditionnel sans trop penser aux conséquences. Le même personnage qui était déjà pourchassé par le régime en place dans son pays avait usé de violence du même type que celui du FIS en s'attaquant aux touristes étrangers.
A-t-il changé depuis ? Sont-ce les vingt ans de son exil britannique qui lui ont fait prendre conscience que la démocratie ne peut se construire sur des victimes innocentes. Il est donc loin ce temps de violence inouïe, cette période tragique où le mouvement islamiste ne savait se faire entendre que par la terreur. En Algérie, il a fallu que la société tout entière se soulève et fasse front pour barrer la route à des fanatiques qui voulaient précipiter le pays dans le chaos. Mais si la violence a considérablement baissé, il reste que le règne de l'inquisition islamiste demeure toujours, et n'est pas près d'être abolie tant que l'Algérie n'aura pas défini un projet de société clair dans lequel la démocratie et l'idéal républicain se reconnaissent.
L'important, par conséquent, ce n'est pas de s'émouvoir devant les attitudes alambiquées d'un leader islamiste qui garde pour lui le fond de sa pensée, mais d'œuvrer pour libérer la société de ses faux dévots qui confondent tout pour la perpétuation de leur domination.


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