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Ibn Sina, médecin et théocrate
Un prince des penseurs autoproclamé
Publié dans El Watan le 26 - 01 - 2006

Ouvertement menacé de représailles nucléaires parce que considéré comme pays terroriste ou Etat voyou, l'Iran n'en aura pas moins été le pays d'un illustre savant connu pour son anti-occidentalisme, Ibn Sina. Si telle est la raison qui lui vaut d'être aujourd'hui au pilori des nations dites civilisées, il est à craindre que les règlements de compte postcroisades ou ceux des revanches de la décolonisation ne font que commencer. Mais qui est donc Abu Ali Ibn Al Huseyn Ibn Abd Allah Ibn Sina (980-1034) ?
Longtemps connu et apprécié comme médecin dont le Qanun Attib (le canon de la médecine) aura fait autorité jusqu'à la Renaissance, Ibn Sina allait devenir le penseur musulman par excellence. Sa pensée est restée fondamentalement orientale, même si son inspiration plotinienne occultée derrière ce mysticisme oriental est devenue un poncif exotique de l'orientalisme naissant. La scolastique chrétienne latine créera alors le mythe d'Ibn Sina, le penseur musulman libéré des influences aristotéliciennes. La raison première était de contenir la rationalité et le libéralisme helléniques païens pour favoriser le totalitarisme intégriste sémitique plus métaphysique, plus conforme donc aux pouvoirs théocratiques.
L'influence de saint Augustin
L'intégrisme judéo-chrétien va donc, et surtout à partir des influences de saint Augustin (IVe siècle) puis de saint Thomas d'Aquin (XIIIe), servir essentiellement à occulter les influences gréco-arabes (Aristote, Empédocle, Phyrron, Sextus Empiricus, Djahidh, El Farabi, Ibn Hazm et Ibn Rochd) et surtout à contenir les poussées libertaires laïcistes. Les prémices de la laïcisation et de l'autonomisation de la sphère des pouvoirs politiques vis-à-vis des pouvoirs théocratiques dresseront surtout les lettrés contre la papauté et subsidiairement contre l'Empire byzantin de la fin du XIIe siècle jusqu'à la Renaissance. Très tôt, l'avicennisme chiite allait être instrumenté dans ce but. Brillant étudiant dès son jeune âge, il se passionne pour la médecine et la pharmacopée tout en s'interrogeant surtout sur les moyens de guérir les âmes (Kitab Ash Shifaâ) en même temps que les corps, selon les vieilles doctrines de la philosophie pratique des Grecs. Ses succès auprès de certains princes samanides font de lui, à son corps défendant, un contribule de monarques. Il finira par accepter cette logique d'être au service du souverain monarque, se réservant à lui-même le titre de « Raïs El Hukama » (prince des penseurs). Secrétaire du monarque ou ministre en récompense des succès des traitements médicaux dispensés, Ibn Sina dérogera à la règle des philosophes musulmans, à savoir se tenir à distance des pouvoirs politiques pour préserver les libertés de penser et d'agir. Afin de montrer ses bonnes dispositions, et parfois même après avoir été chassé et pourchassé, Ibn Sina n'aura quasiment rien laissé comme réflexions proprement politiques quand ses prédécesseurs avaient laissé de véritables traités de politologie (voir chroniques précédentes). La pensée d'Ibn Sina sera essentiellement métaphysicienne. Elle lui vaudra alors et assez tôt une désaffection et l'oubli. De ce point de vue, sa conception métaphysicienne proprement musulmane était orientée vers l'angéologie chiite. Ce positionnement quasiment platonicien (fixer ses attentions vers le ciel et abandonner l'univers concret terrestre) va le desservir sitôt que l'Europe redécouvre Aristote grâce en grande partie à Ibn Rochd et Maïmounide dès le XIIe siècle. C'est alors que l'Occident chrétien finit par choisir entre d'une part la métaphysique platonicienne, revue et corrigée par Ibn Sina qui en accentue l'opacité avec son système ésotérique, et d'autre part le rationalisme exotérique aristotélicien commenté par Ibn Rochd. En optant pour le rationalisme exotérique rochdien, l'Europe entame alors sa véritable renaissance sur les traces d'un Islam éclairé et d'une philosophie antique grecque, pratique et rationnelle. Apparaît ainsi une espèce de géopolitique chez Ibn Sina. Mais elle ne semble pas avoir intéressé les historiens de la philosophie. Pourtant, le débat sur l'orientalisme depuis le choc civilisationnel de 1492 allait redonner à la pensée d'Ibn Sina un attrait singulier par le réveil provoqué du nationalisme iranien anti-arabe, puis celui plus incisif du radicalisme chiite anti-sunnite. Certes, Ibn Sina aura surtout plaidé pour une pensée orientale contre la barbarie occidentale. L'Europe occidentale, connue par les orientaux depuis la période carolingienne et les échanges politico-culturels et commerciaux, laissait à ces derniers comme une impression de « terra incognita », avec une vision expansionniste sur les terres et des considérations quasiment racistes sur les peuplades barbares (voir l'affligeante et indigne relation de voyage du diplomate Ibn Fadlan en 921-922 au pays de Kasars de la Volga dès le X siècle).
Une tradition orientaliste
Un indice de taille est la tradition orientaliste constituée sur la base d'une erreur de traduction. De Slane soulignera, en effet, que les lecteurs d'Ibn Sina avaient intentionnellement forcé l'articulation de sa pensée sur la philosophie platonicienne. Or, soutient De Slane, la philosophie d'Ibn Sina se positionne surtout et avant tout comme orientale contre la pensée occidentale à peine naissante et difficilement émergeante de la culture barbare. Il y aurait donc eu chez Ibn Sina une espèce de condescendance et de mépris du civilisé vis-à-vis du barbare, en la circonstance de l'Oriental contre l'Occidental. Sans doute avait-il lu le récit du voyage d'Ibn Fadhlan. Mais si l'Oriental en question peut être identifié comme étant le Persan ou l'Arabe voire le Turc (les trois segments prédominants dans la vie politique orientale sous les Abbassides : les Arabes régnant, les Persans administrant et les Turcs gouvernant) qui, donc, pouvait bien être l'Occidental, l'Andalou, le Berbère ou le chrétien romain ? Né en 980 et mort vers 1035, Ibn Sina n'aura pas connu les chrétiens d'Occident. Les croisades ne déferleront qu'un demi-siècle après sa mort. Sont-ce les Kazars, dont certains s'étant convertis, qui occupèrent de très hautes fonctions auprès des princes et des califes ? En fait, les Occidentaux dont il est question chez Ibn Sina semblent donc avoir été les « Maghribis ». Si opposition il a pu y avoir entre pensée orientale et celle maghribine, celle-ci serait peut-être la mystique maraboutique berbéro-andalouse. Ainsi, Ibn Sina aura été le premier penseur musulman à poser les jalons d'une culture discriminatoire à l'encontre des Maghribis, considérés par lui comme peuples des contrées barbares. N'avaient-ils pas pourchassé les chiites après les avoir accueillis ?


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