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Ghaza, à l'heure « H »
Publié dans El Watan le 28 - 01 - 2006

La marée humaine arborant les drapeaux verts du Hamas, qui a envahi les rues de Ghaza, avant même que la commission électorale n'ait annoncé les résultats officiels du vote, se voulait le prélude d'une nouvelle ère pour les Palestiniens. Contraints à une occupation asphyxiante, endurant une crise économique sérieuse, les Palestiniens ont voulu punir le mouvement de Yasser Arafat qui a trahi leurs espérances.
Au lendemain du scrutin, les Palestiniens qui ne voulaient pas envisager l'hypothèse d'une victoire du Hamas aux premières élections palestiniennes véritablement démocratiques ont dû déchanter et se résoudre à parler au passé du Fatah, mouvement révolutionnaire historique qui a toujours veillé à la cohésion de la société palestinienne unie dans sa quête de repousser l'occupation de ses terres et de fonder un Etat souverain. Fatah, après dix ans d'un règne sans partage sur les affaires des Palestiniens, s'est vu retirer la confiance et le soutien de ses adeptes, lassés de tant de corruption et de mauvaise gestion de l'économie des territoires palestiniens. Car les Palestiniens, connus pour être les plus laïcs des Arabes du Moyen-Orient, n'ont pas accordé leur voix au Hamas, parce qu'ils seraient, comme l'affirment, aujourd'hui, certains analystes occidentaux avec une inouïe superficialité, tombés victimes du fanatisme et de l'extrémisme. « Le Hamas n'est pas sans ignorer que personne ne pourra obliger les Palestiniens à changer leur mode de vie. Ses politiciens sont attendus au tournant. Les gens se fichent de leur discours religieux, ce sont leurs faits concrets qu'on attend de voir », nous explique Hassan, un intellectuel de gauche et militant dans les rangs du Fatah. Déçu, préoccupé par l'avenir, ce laïc qui a étudié en Europe a rejoint ses amis dans un restaurant du centre de Ghaza. Le cœur n'est pas à déguster la maklouba et la kefta qui restent intactes dans les plats et quand un grand groupe d'électeurs du Hamas, portant la casquette et l'écharpe vertes caractéristiques du mouvement islamiste, fait irruption dans le lieu tout en occupant un long banc et se laissant aller à leur humeur de fêtards, Hassen demande un thé à la menthe faute d'autre chose, nous confie-t-il. A Ghaza, fief du Hamas, il y a longtemps que les boissons alcoolisées ont été interdites. « Pour pouvoir consommer de l'alcool, on allait à Ramallah, mais je crains que là-bas aussi l'eau plate deviendra notre lot quotidien », laisse tomber à voix basse Khaled, le serveur. Un autre compagnon de désillusion de Hassan se voit accueillir, à son arrivée au restaurant, par cette expression ironique : « Que la paix soit sur toi, frère en Islam. » Mais lui non plus ne semble pas d'humeur à rire. Il nous affirme que les Palestiniens font bien d'accepter l'issue « désastreuse » du vote. « On ne pouvait pas faire comme vous avez fait avec le FIS. Et puis, nos islamistes sont différents des vôtres », ajoute-t-il. Dehors, les cortèges de voitures transportant des sympathisants du Hamas, déferlent dans les rues, jusqu'au niveau de la principale avenue baptisée depuis peu Yasser Arafat, lequel leader doit se retourner dans sa tombe. A l'hôtel Al Deïra, conçu par un architecte, marié à une Algérienne, qui a voulu reproduire le style d'une fameuse infrastructure hôtelière algérienne, des familles, les femmes rigoureusement voilées, fument le narguilé. Les nuages de fumée qui flottent dans la salle ajoutent à l'amertume des uns et à l'euphorie des autres. Marouane, 28 ans, le serveur chargé de remplacer les morceaux de charbon consumés des narguilés, se laisse aller à un commentaire réaliste. « Bien sûr j'ai voté Fatah. Mais je dois dire que Hamas n'a pas gagné grâce à ses exploits, mais plutôt parce que la majorité des Palestiniens a voulu sanctionner les dirigeants du Fatah pour leur népotisme et irresponsabilité. » Au fond du restaurant, des enfants jouent insouciants de l'atmosphère grave qui les entoure. « Mais je suis sûr qu'avant que ces gosses n'aient l'âge de voter, Fatah renaîtra de ses cendres. Car ce vote est une gifle salvatrice pour nous », ajoute Marouane en fin analyste.
Meriem, la « Khansa palestinienne »
La journée du mercredi 25 janvier 2006 restera inscrite dans la mémoire des Palestiniens, car c'est une véritable étape de leur jeune démocratie qui prend fin. Ce matin déjà le propriétaire d'une grande agence d'information nous expliquait pourquoi ses concitoyens, des deux camps, ne feront rien qui puisse faire basculer leur pays dans le chaos et l'instabilité. Et lorsque son téléphone a sonné, faisant entendre un drôle de refrain, une chanson religieuse qui glorifie le nom du Prophète Mohamed, composée avec une musique moderne très rythmée, il nous raconta, : « C'est le tube du moment. Oumati de Sami Youssef, un Dj très demandé pour animer les mariages. Vous voyez que chez nous, tout peut coexister. Nos véritables problèmes sont ailleurs. » Tous les habitants de Ghaza favorables au Hamas ont afflué vers le quartier Assadjiiya, à la périphérie est de Ghaza, le domicile d'une femme qui jouit d'un grand respect au sein de sa communauté. Même les journalistes font la queue à sa porte. Meriem Farhat vient d'être élue sur les listes du « changement et de la réforme » du Hamas. Cette femme au foyer siégera au conseil consultatif. D'une voix fluette, mais qui semble émaner d'un corps inébranlable, tant son histoire est incroyable, elle nous confie qu'elle n'aurait jamais pensé quitter sa maison pour faire de la politique. Meriem passe pour être une mère courage parmi ses voisins. Sur les murs de sa maison, les noms de ses trois fils qui ont commis des attentats suicides contre des Israéliens sont inscrits en grosses lettres. L'ami palestinien, qui nous l'a présentée, nous raconte comment depuis la mort de Wissam, son fils préféré qu'elle a convaincu à dix-sept ans de se « sacrifier », en lui plaçant elle-même la ceinture explosive autour du corps, elle est devenue dépressive. L'un de ses deux autres fils, assis à côté d'elle, a échappé à une attaque israélienne. Il porte encore des blessures. Moumen, 28 ans, regarde sa mère avec tendresse, et nous raconte avoir fait partie de la garde rapprochée de cheikh Yassine avant son assassinat par le Tsahel, l'armée israélienne. Meriem, fraîchement élue, nous affirme que son parti ne négociera jamais avec Israël et que la résistance armée fera toujours partie du programme du Hamas. Lorsqu' on prend congé d'elle, celle qu'on nomme la « Khansa palestinienne », nous offre des bonbons, geste qu'elle effectue avec ses hôtes appréciés, pour célébrer le « martyre » de ses fils. Sur le seuil de la porte, elle nous glisse cette recommandation à voix basse : « Votre tenue est très pudique. Mais vous devriez porter le hidjab. » Notre accompagnateur nous explique que durant sa campagne électorale, Meriem Farhat avait déclaré que parmi les premières lois qu'elle proposera en tant que députée du Hamas est celle de rendre le port du voile obligatoire pour les femmes, nos amis laïcs étaient peut-être trop optimistes.


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