Ce quartier, initié il y a plus de 20 ans, est toujours difficile d'accès. Les habitants des 242 lots Aïn El Bey I, deuxième tranche érigée en 1988, (derrière les 1100 Logements de Zouaghi), clament haut et fort, que le bout de terre qui reste encore libre au centre de leur lotissement, et qui selon le plan de masse est destiné à être un espace vert ou une route à double voie pour aérer leur quartier, est aujourd'hui l'objet de «toutes les convoitises», selon leurs propres mots, de la direction de l'agence foncière, laquelle aurait détourné des espaces à vocation d'utilité publique pour créer des lots, «ajoutant ainsi à l'anarchie urbanistique, qu'elle a elle-même générée, en toute impunité», peut-on lire dans la pétition que le président du comité de quartier a remise à notre bureau. Le fait a été constaté lors de l'amorce des travaux pour la réalisation de ce boulevard à double voie, qu'ils ont vu diminuer jusqu'à devenir une simple voie d'accès, est-il expliqué dans le document. «Cette avenue confisquée a été rétrécie à une portion congrue, nous l'avons vu sur les nouveaux plans, et sur consultation d'un bureau d'étude», dénonce M. Hellal, le président de l'association de quartier. D'autre part, il est mentionné dans la pétition que les responsables au niveau de l'agence foncière «sont passés outre les instructions du wali quant à la concertation avec les associations de quartiers dans tout projet réalisé au niveau de leur compétence géographique». Nous nous sommes rapproché de l'agence foncière, où nous avons sollicité l'avis de son directeur, Nourreddine Boudmagh. Celui-ci, plutôt étonné, conteste cette approche «Il n'y a pas eu morcellement du terrain, et ce ne sont que des spéculations, puisque tout se fait sur approbation préalable, de concert avec la direction de l'urbanisme et de la construction (DUC); la route n'a pas rétréci, au contraire, le désenclavement du lotissement est prévu à court terme dans le cadre de l'amélioration urbaine engagée par le wali», explique-t-il. Il aurait été, par ailleurs, intéressant d'avoir l'avis des responsables au niveau de la DUC sur la question, mais le directeur est en congé de maladie, et l'intérimaire en déplacement sur site, nous a-t-on informé suite à nos multiples déplacements à cette direction. Quoi qu'il en soit, le lotissement en question, dans son état actuel n'est, à notre sens, qu'une agglomération anarchique parmi tant d'autres à Constantine. Témoignage sur les lieux Nous avons vu des constructions, imposantes pour la plupart, s'entassant à perte de vue sur une terre jadis arable, selon d'anciens habitants des alentours, sans aucun espace vert. L'accès à ce lotissement est des plus difficiles, surtout par temps pluvieux; il n'existe aucune route praticable; paradoxalement, ce quartier censé être résidentiel, ressemble presque à un bidonville avec ses passages dérobés et embourbés… un vrai labyrinthe, tant est réduit l'intervalle entre les habitations. Plusieurs résidants nous ont fait remarquer, qu'en cas de sinistre il serait impossible aux sapeurs-pompiers de se frayer un passage jusqu'à eux. Nous avons aperçu également des parcelles «encore en voie de construction» ou à «vendre», comme ce lot numéroté 227, et un autre formant talus, juste derrière le mur d'enceinte de la résidence universitaire Zouaghi Slimane, sur lequel étaient écrits «A vendre», avec mention de surface (252 m2), et un numéro de téléphone. Comment pourrait-on encore être autorisé à construire dans un espace aussi saturé ? A ce propos, le directeur de l'agence foncière nous informera que c'est la résidence universitaire qui a empiété sur ce terrain, lequel fait normalement partie des lots vendus. Et pour couronner le tout, cette cité est cernée de toutes parts par les décharges sauvages. Aucun camion de collecte des ordures ménagères n'y parvient à cause des trous, des flaques d'eau, de l'immense bourbier … Bref, c'est un «chantier» qui dure depuis… 24 ans.