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«Je suis contre les lois clientélistes»
Esther Benbassa. Sénatrice EELV et historienne
Publié dans El Watan le 22 - 01 - 2012

Esther Benbassa, directrice d'études à l'Ecole pratique des hautes études (Sorbonne) et sénatrice Europe Ecologie-les Verts du Val-de-Marne votera contre la proposition de loi qui sera débattue au Sénat cet après-midi. Elle s'en explique.
- Pour quelles raisons êtes-vous opposée à la proposition de loi qui sera débattue au Sénat lundi après-midi ?
Europe Ecologie-les Verts a décidé de voter contre cette loi électoraliste, de séduction en direction des 500 000 voix de l'électorat arménien que se disputent et la droite et la gauche. Il y a déjà la loi sur la reconnaissance du génocide arménien en 2001, dite loi Gayssot. Je suis contre ces lois, à répétition, clientélistes. La France est un pays universaliste.
Et on va entrer dans la concurrence des mémoires. Mon parti et moi-même, nous sommes pour les lois qui reconnaissent les génocides, les crimes, les massacres.
Chaque crime doit être reconnu, sinon les blessures ne sont pas pansées. Rajouter des lois pour des raisons électoralistes, cela rend l'atmosphère suffocante.
Dans le cas présent, c'est un gouvernement qui dicte à un autre gouvernement ce qu'il doit faire, lorsque la France, elle-même, n'a pas encore reconnu des pages sombres de son histoire, comme ses exactions dans les colonies, les tueries de Sétif et de Guelma, les massacres du 17 octobre 1961…
… dont vous êtes porteuse d'un projet de loi ?
D'un projet de loi que j'ai amendé pour qu'on n'ait pas d'injonction à faire aux historiens, ni à dire aux professeurs ce qu'ils doivent enseigner.
- Considérez-vous que la France n'est pas bien placée du fait de son propre passé colonial ?
Non, tout simplement parce qu'elle ne va pas dicter à tous les pays comment écrire leur histoire, ce qu'ils ont à faire, ce qui, en plus, met en danger les relations entre la Turquie et les Arméniens locaux qui sont plus de 50 000, alors qu'il y a une sorte de petite avancée sur cette question en Turquie et qu'on commence à en discuter. J'ai moi-même donné beaucoup d'interviewes à la presse turque et j'ai tenu à utiliser le mot génocide. Le génocide arménien a existé. C'est un fait. Et la Turquie doit le reconnaître.
- Quelles sont les prérogatives des parlementaires par rapport à ces questions mémorielles ?
Dans les prétoires et les Parlements, on ne fait pas de l'histoire. Dans les prétoires, on juge, dans les Parlements, on légifère. Et ce genre de loi va à l'encontre du travail historique et ne laisse pas de place aux historiens pour travailler parce que les détenteurs de la mémoire préfèrent leur mémoire à l'histoire, parce que l'histoire est froide, distante alors que la mémoire est émotionnelle, subjective.
En tant qu'historienne des juifs de l'Empire ottoman et de la Turquie si je n'avais pas la chaire d'histoire du judaïsme, et si je n'étais pas juive, je suis sûre que des organismes juifs m'auraient fait des procès sur ma façon d'écrire l'histoire.
Disons les choses clairement, la négation du génocide arménien n'est pas légion en France, cette loi c'est, d'une part, pour permettre à n'importe quel Arménien de France de faire un procès au gouvernement turc et, d'autre part, pour faire pression sur les historiens.
A cela s'ajoute le fait que le gouvernement actuel en France n'est pas très en phase avec les musulmans et dans cette loi il y a aussi ce sentiment anti-islam consistant à leur dire ce qu'ils doivent faire, «vous avez tué des Arméniens, vous n'avez pas le droit d'entrer dans l'Union européenne». C'est le message qui a été reçu par ceux à qui il a été envoyé.
- La réaction du gouvernement turc a-t-elle été appropriée ?
La réponse de la Turquie a été très agressive et comme dit la sagesse populaire, quand on se sent coupable on est agressif. Il est temps quand même que la Turquie reconnaisse son histoire.
Elle a déporté en 1943 des milliers de juifs, d'Arméniens et de Grecs dans les camps de travail ; elle a dépossédé les 6 et 7 septembre 1955 lors de l'affaire de Chypre les Grecs.
Quant à la France, elle n'a, elle-même, reconnu le génocide des juifs qu'en 1995.
- La France regarde-t-elle réellement son passé ?
Elle regarde le passé mais sans régler ses problèmes avec le passé.
Quand on n'a rien à proposer au peuple on lui propose un peu d'idéologie, un peu d'histoire nationale, ça fait du bien, et puis on montre qu'on est des gens éthiques, qu'on est contre les génocides. On fait des lois.
La Turquie est un pays aussi nationaliste que la France, elle est fondée sur le modèle français. Les Jeunes Turcs ont créé la nouvelle Turquie sur le modèle français.
La liberté d'expression, c'est la valeur essentielle de la démocratie.
- C'est l'universitaire qui parle ou la parlementaire ?
C'est l'universitaire, mais la parlementaire dirait la même chose. En Amérique, il n'y a pas de loi mémorielle, il n'y a pas plus de négationnisme.
Dernier ouvrage paru : La Souffrance comme identité
(Pluriel, 2010). Et à paraître ces jours-ci : De l'impossibilité de devenir français
(Les liens qui libèrent)


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