Face aux convoitises américaines et européennes, le Maghreb se présente comme un marché disloqué. Pour autant, le professeur en relations internationales Zoubir Yahia ne voit pas «une véritable compétition» entre les différentes puissances puisqu'aucune d'entre elles n'exclut l'autre. «Les Américains sont très pragmatiques et ont toujours voulu une région maghrébine intégrée, car elle attirerait beaucoup plus leurs investisseurs», intéressés davantage sur les «hydrocarbures», explique M. Yahia. Généralement, les investisseurs américains préfèrent «les grands marchés plutôt que les petits». Ce qui n'est pas le cas de la France, par exemple, qui «est pour le principe de diviser pour régner et des relations individuelles, car un marché trop grand, elle ne pourrait le manipuler ou le contrôler aussi facilement». Les Américains par la nature de leurs investissements préfèrent un grand marché et c'est pour cela que «nous avons eu dès 1998-1999 le plan Eiznstadt qu'ils essayent de relancer». Qu'en est-il de l'Europe qui constitue un partenaire de poids pour la région ? Les échanges économiques entre le Maghreb et l'Europe représentent 30 milliards d'euros par an et 70% du commerce maghrébin se fait avec l'Europe. Didier Billion, spécialiste des relations internationales, estime que «l'Europe n'est même pas capable, elle-même, d'avoir des marchés unifiés», elle est donc mal placée pour «donner des conseils». Ce qu'elle peut néanmoins aider à faire c'est «de refonder et de reconsidérer les relations euro-maghrébines». «Les choses seraient plus simples si l'Union européenne était capable d'avoir un discours cohérent sur la Méditerranée et si les Maghrébins eux-mêmes parvenaient à établir des coopérations et arriver à un processus graduel d'unification», soutient M. Billion. Pour autant, il affirme que «la construction d'un marché maghrébin ne dépendra pas de l'Europe, mais des Maghrébins eux-mêmes».
