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Un homme qui incarnait la Grande Muette
International
Publié dans El Watan le 14 - 02 - 2012

Homme de pouvoir, homme du pouvoir, le général de corps d'armée à la retraite, Mohammed Lamari, a rendu l'âme hier, à 73 ans, mort d'une crise cardiaque à l'hôpital de Tolga (Biskra) où il avait été admis à la suite d'un malaise.
«Janviériste» de la première heure, «éradicateur» impénitent, Lamari incarnait, à son corps défendant et pour nombre d'Algériens, la Grande Muette et son arsenal de pouvoirs illimités. Nommé à la direction de l'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP) en pleine tourmente, en 1993, Lamari gardera ses fonctions, celles de véritable chef de l'armée, jusqu'en 2004, année de la réélection de Bouteflika pour un second mandat présidentiel. Un président Bouteflika avec qui, dit-on, il était loin d'être en odeur de sainteté.
Son accession, au début des années 1990, au club très restreint des «décideurs» et faiseurs de roi, son rôle prépondérant dans l'interruption du processus électoral et la démission du président Chadli (janvier 1992) ainsi que les postes névralgiques que l'officier général a occupés de 1992 à 2004 dans la haute hiérarchie militaire – commandant des forces terrestres, chef de la 5e Région militaire, commandant du premier corps expéditionnaire contre le terrorisme islamiste – ont fait de Lamari une icône de l'armée algérienne, sa mascotte et, incontestablement, un des acteurs (politiques) les plus influents de la scène algérienne, sur laquelle il a pesé 15 ans durant de tout son poids.
Né à El Biar le 7 juin 1939 dans une famille originaire du Sud-Est algérien, Biskra, le général Lamari est décrit comme un «dur à cuire», un franc-tireur, un meneur d'hommes, un personnage entier, caractériel et surtout opposé à toute idée de compromission avec l'intégrisme islamiste qu'il combattra d'ailleurs les armes à la main. Dès 1992. C'est lui en effet qui mettra sur pied les premières unités d'élite de l'armée, 15 000 hommes chargés de traquer – souvent au prix de graves dérives – les groupes terroristes. Son implication personnelle et son engagement dans la lutte antiterroriste, les méthodes musclées et controversées utilisées par ses troupes, sa religion toute faite du «tout-sécuritaire» lui vaudront une franche levée de boucliers de la part des organisations et des militants des droits humains, qui l'ont régulièrement mis en joue.
DAF, officier déserteur de l'armée française, Lamari a quitté en 1961 l'armée française – il a été formé dans la cavalerie à l'Ecole de guerre de Saumur – pour rejoindre l'Armée de libération nationale. A l'indépendance, il suit une formation d'artilleur à l'Académie militaire de Frounze (ex-URSS) avant de diriger, pour deux ans, l'Ecole technique et du matériel en 1968. Commandant du 12e régiment d'infanterie (1979-1980), directeur des opérations à l'Ecole militaire de l'ANP (1986-1988), chef de la 5e Région militaire (1988-1989), il est promu commandant des forces terrestres en août 1990 jusqu l'arrivée (en janvier 1992) de Mohamed Boudiaf à la tête du Haut-Comité d'Etat. Ecarté en avril 1992, il reviendra comme chef d'état-major en juillet 1993 dans la foulée de la nomination du général Liamine Zeroual au poste de ministre de la Défense.
Le «cabinet noir» et l'armée «républicaine»
Suprême paradoxe pour une institution militaire affublée du qualificatif de Grande Muette, son ex-chef, Lamari en l'occurrence, s'est montré, plus d'une fois, volubile. Encouragé, certes, par les attaques vénéneuses d'un président Bouteflika soucieux, dès son premier mandat d'asseoir son pouvoir sur l'armée et ses généraux. En ce 3 juillet 2002, lors d'un exercice inédit, Mohamed Lamari improvise un point de presse informel à l'Académie interarmes de Cherchell. Grande gueule, le ton oscillant entre fermeté et sarcasme, Lamari a décidé de rien laisser passer : «L'ANP a décidé de communiquer et nous commencerons par moi-même.» Lamari sort la grosse artillerie : «Pour des milieux déterminés, le mal c'est l'ANP. Même la catastrophe de Bab El Oued, c'est l'ANP.» Lorsque ces accusations viennent, selon lui, de l'étranger, de «milieux hostiles», elles sont les «bienvenues». «Mais (pas) quand cela vient des Algériens eux-mêmes qui, par méconnaissance, par intérêt ou par calcul politicien, mettent tout sur le dos de l'armée (et que) pour être connu, ajoute-t-il, il faut insulter les généraux et l'armée.» «Nous avons été traités de voleurs, de tueurs, et il ne manquait plus que de dire que l'ANP a été importée.»
Le «pont des généraux» ? Des fadaises, selon l'officier supérieur.
Lamari réfute l'existence d'un «cabinet noir» et insiste sur le caractère «républicain» de l'ANP : «Nous sommes une armée républicaine, martèle-t-il. Notre mission est claire et le reste ne nous concerne pas.» Lamari pointe du doigt la défaillance des autres institutions de l'Etat : «S'il est arrivé par le passé que l'ANP se soit immiscée dans les problèmes politiques, c'est qu'à ce moment-là, les institutions mêmes de l'Etat étaient défaillantes et nous avons essayé de pallier à cela et, grâce à Dieu, la République et les institutions ont été sauvegardées.» Sur l'intégrisme, le constat qu'il dresse est sans concession.
La «fiche de paie» et le «pont des généraux»
«Nous avons vaincu le terrorisme, fait-il observer. Seulement, l'intégrisme est toujours là. Vous n'avez qu'à regarder la télé et certains prêches. Ce n'est pas le rôle de l'armée, de l'Intérieur ou de la police. Que deviennent les textes de la Nidhara ? La lutte est d'abord politique, économique. Elle n'a malheureusement pas atteint ses objectifs.»
A propos de la trêve signée entre le DRS et l'Armée islamique du salut (la branche armée du FIS) il la dénonce à demi-mot mais apporte sa caution à la «concorde civile» : «Il n'y a jamais eu d'accord entre l'ANP et l'AIS. Aucun membre de l'ANP n'a pris contact avec cette organisation, à une seule exception, le 13 janvier approchant, lorsque j'ai chargé le général Fodil-Chérif d'aller à Jijel signifier à ces gens de déposer les armes sinon ils seraient éliminés.»
Lors de sa conférence de presse, Lamari a fait aussi «rire» l'assistance (et les Algériens) en exhibant sa fiche de paie de 98 946,94 DA au lieu des 250 000 DA annoncés par un quotidien national.
Son bulletin de paie vaudra son pesant de mise au point, surtout que le général, dont les connexions avec le monde des affaires sont évoquées comme un leitmotiv dans «l'affaire Tonic Emballage». «Certaines imprécisions peuvent porter atteinte à la dignité des individus, ajoute-t-il, facétieux. Ma femme risque de ne pas me faire confiance, croyant que les autres 16 millions vont ailleurs. Pour une autre femme peut-être ?»
Son départ à la retraite, en août 2004, a fait couler encre et rumeurs. Démission ? Limogeage ? Le secret demeure à ce jour entier. Intervenant trois mois après la réélection de Bouteflika, le départ précipité de Lamari a été interprété comme la conséquence directe du clash entre les deux hommes et de la caution (présumé ou avérée) apportée par le chef d'état-major à Ali Benflis, secrétaire général du
FLN et candidat malheureux à la succession, lors de la présidentielle de 2004.
Mais en 2002, il annonçait déjà sa retraite : «C'est mon dernier poste. Je n'ai aucune prétention. Cela suffit. Dans une semaine, un mois, trois ans, seul Dieu le sait. Barakat. Il y a le phénomène d'usure. Je veux rester avec mes enfants et petits-enfants. Car depuis 1992, c'est un rythme de 7 jours sur 7, tout au long de l'année. Maintenant, ce rythme s'est apaisé. Mais dans la vie, un responsable doit passer la main et permettre à quelqu'un d'autre d'apporter sa pierre à l'édifice.»
La mort de Lamari sonne ainsi le glas de l'espèce des «janviéristes», condamnée par la biologie à l'extinction. Sauveurs de la République pour les uns, pourfendeurs, pour d'autres, les «janviéristes» n'en finissent pas de faire parler d'eux. Morts ou vifs !


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