Le secteur du tourisme reste un vecteur d'enclenchement du développement, en dépit du fait que le nombre d'investisseurs n'est pas encore à la mesure de l'énorme potentiel de la wilaya. Touristique par vocation, la wilaya de Skikda n'est jamais parvenue pour autant à se défaire de ces clichés folkloriques qui la cloisonnent dans une vision trop simpliste du fait touristique. D'année en année, le secteur ne cessera de subir les affres d'une gestion administrative sans âme et sans imagination. Une gestion «réflexe» qui se contente de reprendre, jusqu'à l'usure, les mêmes statistiques, les mêmes slogans, les mêmes cartes postales et les mêmes qualificatifs pour les porter au bilan annuel. Ainsi, à la fin de chaque saison estivale, l'administration revient avec ces chiffres en avançant que la wilaya aurait «accueilli des millions de touristes». Des taux qu'on lançait à tout bout de champs, comme si on cherchait à réinventer la mer dans une région côtière. Bref, le tourisme à Skikda reste malheureusement très en retard malgré un potentiel naturel des plus attirants. «C'est vrai qu'il y a beaucoup de manques, mais il y a aussi autant d'atouts à développer», reconnaît Mme Radia Necili, la nouvelle directrice du tourisme, une dame qui a au moins le mérite de tenir un discours clair, inventif et courageux même. Elle a aimablement accepté de nous accorder un entretien, au cours duquel elle a fait part de la vision sur le fait tourisme et ses projections, mais aussi des actions qu'elle entend mener pour redorer, un tant soit peu, le blason d'un tourisme local longtemps caractérisé par les gargotes et les concessions sauvages. L'indispensable implication des élus «J'estime qu'il nous faut aller graduellement afin de lancer les prémices d'une culture touristique au sens large du terme aussi bien au niveau de l'administration qu'au niveau des collectivités locales. Le secteur du tourisme reste un vecteur d'enclenchement du développement, et nous relevons que le nombre d'investisseurs n'est pas encore à la mesure du potentiel énorme de notre wilaya», reconnaît Mme Necili. En abordant le plan d'action de sa direction, notre interlocutrice tiendra d'abord à énumérer les éléments essentiels de sa politique de revalorisation de la chose touristique. Pour elle, la direction, à la lumière des constats qu'elle a eu à faire, aura, dès cette année, à mener des actions concrètes basées sur une méthodologie d'approche axée, selon la directrice, sur 3 points: la pédagogie, l'assainissement et les nouveautés. Elle s'explique: «En plus du travail que nous menons au niveau de la direction, nous avons tenu plusieurs réunions avec les P/APC de l'ensemble de nos communes côtières. Toutes ces rencontres ont été présidées par le secrétaire général de la wilaya, ce qui dénote, à mon sens, du grand intérêt accordé par les autorités locales à la réussite de la prochaine saison. Nous avons également accompli un travail de proximité en visitant toutes les plages en compagnie des élus locaux pour mieux cerner les insuffisances et juger des disponibilités et des potentialités qu'offre chaque site », a-t-elle poursuivi. Selon Mme Necili, pour cette année, les APC ont bénéficié d'un nombre conséquent de contrats de travail destinés exclusivement pour le nettoyage des plages. Pour le volet de l'assainissement, la direction s'est courageusement intéressée à la situation, pour le moins alarmante, des concessions qui pullulent le long des plages de la wilaya. La refonte de l'esprit des concessions «On ne badine pas avec le label de la destination touristique de Skikda», lance la directrice au sujet des concessions. Et d'ajouter: «Nous sommes là pour valoriser nos richesses et pour aider les gens, encore faut-il qu'ils acceptent d'évoluer dans les normes légales qui gèrent ces espaces.» Pour elle, les concessionnaires auront à respecter le cahier des charges et chaque prétendant aura à signer un engagement dans ce sens. «L'Algérie étant membre de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) se doit de veiller au respect des normes internationales», rappelle-t-elle. Il est utile de rappeler que plusieurs concessions étaient anarchiquement gérées. Certains bénéficiaires n'observaient aucune règle d'hygiène, alors que d'autres limitaient leurs services aux décibels cacophoniques et au nombre impressionnant de tables et de chaises sur la plage, laquelle est pourtant faite pour se baigner et bronzer. Malheureusement, beaucoup de concessionnaires faisaient fi du cahier des charges qui nuançait clairement entre les zones de baignade et celles de la restauration. Le volet sécuritaire n'a jamais été considéré, puisque les jet-skis et les pédalos vaquaient anarchiquement sans parler encore des empiètements sur la voie publique ainsi que les prix affichés qui n'obéissaient pas à la réglementation. «Nous entendons mettre un terme à tout dépassement et nous restons à l'écoute de tout concessionnaire qui s'inscrit dans notre volonté d'apporter un plus», précise la directrice. Pour les nouveautés, Mme Necili ne cherchera pas à trop en dire. Peut être préfère-t-elle agir. «Il y aura des surprises pour la prochaine saison estivale. Le wali nous a accordé déjà une enveloppe sur le budget de wilaya pour mettre en pratique les propositions que nous avons présentées. Des fonds sur les PCD ont également été débloqués pour engager quelques travaux dans l'ensemble des communes retenues. Nous sommes déjà en phase de concrétisation de notre programme qui aura, comme nous le souhaitons, à donner déjà à nos plages l'image qui sied à leur beauté pour valoriser la destination Skikda», soutient la même responsable qui acceptera cependant de révéler que les plages R'mila, dans la commune de la Marsa, et celle de Guerbès 5, seront aménagées et ouvertes cette saison. Plusieurs autres nouveautés sont également au programme, comme la destruction du poste secours de la plage de Guerbès qui a été élevé, il y a des années déjà, sur une mosaïque romaine de l'antique Paratianis, portant ainsi atteinte à un potentiel archéologique d'une grande importance.