La situation est insoutenable pour les malades qui attendent leurs séances de chimiothérapie comme on attend le messie, même si certains d'entre eux sont conscients qu'ils sont en situation de sursis. Selon plusieurs sources concordantes, le centre anticancéreux (CAC) du CHU de Constantine serait en rupture de médicaments nécessaires à la chimiothérapie et notamment, nous dit le Pr. Assia Bensalem, les médicaments inscrits dans les protocoles visant à combattre le cancer du sein, certaines formes de lymphomes et la leucémie. Cette oncologue de renom déplore avec force cette pénurie persistante, soulignant qu'elle dure depuis près de quatre mois. Au niveau de ce service, de nombreux malades venus aux nouvelles, errent comme des âmes en peine, les yeux hagards et ne comprenant pas visiblement le pourquoi de cette pénurie persistante qui les prive de l'espoir (aussi infime soit-il) de sortir du cercle infernal dans lequel les a entraînés cette terrible maladie. Résignés face à ce coup du sort et conscients qu'ils sont en sursis dans ce combat inégal contre la maladie, certains (dont une majorité de femmes) disent leur détresse et leur incompréhension à qui veut bien les écouter. Plus belliqueux, d'autres affichent un ton plus tranchant pour revendiquer leurs droits aux soins, allant jusqu'à dénoncer l'omerta et le laxisme rampant entourant ce dossier sensible, soulignant au passage que certains d'entre eux ont déjà payé le prix fort de ces quatre mois passés sans le moindre soin adéquat. Malgré les fins de non-recevoir auxquels ils ont droit à chacune de leurs visites au CAC, les patients continuent à s'y présenter quotidiennement, nous confie l'époux d'une femme souffrant du cancer du sein. De son côté, le Pr. Assia Bensalem n'est pas en reste pour dénoncer le côté dramatique de cette situation. «C'est insupportable pour les malades qui attendent leurs séances de chimiothérapie comme on attend le messie, même si certains d'entre eux sont conscients qu'ils sont en situation de sursis», s'indigne-t-elle, ajoutant que la pénurie a trop duré s'agissant particulièrement des produits connus sous le nom de Doxorubicine et cyclophosphamide, deux médicaments ciblés indispensables dans la lutte contre certaines formes de cancer, dont celui du sein qui serait responsable de la plus grande mortalité. Parmi les facteurs aggravants pouvant expliquer ce phénomène, le surpoids, le manque d'exercice physique, le retard à l'âge de la première grossesse, la durée de plus en plus brève de l'allaitement, les traitements hormonaux substitutifs à la ménopause et la consommation abusive d'alcool. Un ensemble de facteurs qui serait par ailleurs, selon plusieurs sources fiables, à l'origine de près de 25% des cancers post-ménopause.