Mardi à Sétif, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, a enfoncé une porte ouverte en dénonçant la corruption qui gangrène le football. Il est en retard d'une guerre, le ministre de la République. La corruption dans le football algérien existe depuis longtemps et a pris de la consistance ces dernières années, à cause, justement, du laxisme dont ont fait preuve les pouvoirs publics et la Fédération à l'égard de ce cancer qui s'est métastasé faute de «soins appropriés». Il est trop tard, Monsieur le ministre, la corruption, la combine et les malversations sont devenues monnaie courante dans le monde du football algérien. La corruption s'est répandue au point de toucher, pratiquement, tous les segments du football. Rien ni personne n'y échappe. Les rares voix qui s'étaient élevées pour dénoncer cette terrible situation ont été étouffées par les tenants de ce sport national. Qu'ont fait depuis des années le ministère de la Jeunesse et des Sports et la Fédération pour éradiquer ce fléau ? Strictement rien ! Au contraire, ils l'ont couvert par leur mutisme qui confinait à la complicité. Aujourd'hui, tels des chantres offusqués par cette terrible réalité, les deux parties cherchent à se dédouaner d'un phénomène auquel elles auraient dû couper les ailes depuis longtemps. Quel crédit accorder à la sortie du ministre à Sétif ? Parions que la fièvre tombera sans qu'il y ait la moindre action qui témoignera de l'engagement de ce dernier à déclencher toutes les actions indiquées pour venir à bout de la corruption. Cette dernière a souillé à jamais l'image du football algérien qui ne se débarrassera pas de sitôt de cette tache. Peut-on imaginer un seul instant que le ministre de la Jeunesse et des Sports ne soit pas réellement au courant de ce système maffieux instauré et alimenté par l'écrasante majorité des acteurs du football ? L'incrédulité a des limites que les corrupteurs ont poussées jusqu'au bout. Monsieur le ministre, la morale, fondement essentiel du sport, est violée quotidiennement sans que cela émeuve le moins du monde ceux qui ont en charge la responsabilité de protéger le football de ces graves dérives. La corruption dans le football algérien n'épargne aucune personne gravitant autour de cette discipline. Par lâcheté, tous ont succombé au système un jour ou l'autre. Ce n'est pas parce que des affaires n'ont pas été médiatisées que la corruption n'existe pas chez nous. Elle est partout, même dans les pays où le football est des plus riches et des plus puissants. La différence entre ce monde est le nôtre, c'est qu'ailleurs les dirigeants et responsables, à tous les niveaux, font une guerre sans merci à la seule faute (corruption) incompressible, de l'arsenal règlementaire et juridique du football. En Algérie, les responsables du football à tous les niveaux s'accommodent sans souci ni hésitation à ce poison qui anéantira ce fabuleux sport. Monsieur Hachemi Djiar, l'opinion vous jugera sur vos actions concrètes sur le terrain. La jeunesse algérienne n'acceptera jamais que sa passion, le football, soit délibérément abandonnée et livrée aux maffieux qui écument le ballon rond en toute quiétude. Le dossier de la corruption dans le football algérien vient de s'ouvrir. Déjà, il dégage des odeurs nauséabondes. Le réveil sera dur pour tous.