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Hamza Bounoua. Artiste plasticien :«L'art contemporain est en stagnation en Algérie»
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Publié dans El Watan le 30 - 05 - 2012

Les tableaux de Hamza Bounoua font partie de la collection de plusieurs musées à travers le monde. De nombreux amateurs d'art privés lui ont acheté des œuvres. Le Musée national d'art moderne et contemporain (Mama) d'Alger a organisé par le passé une exposition de Hamza Bounoua, mais n'a malheureusement pas acquis ses œuvres. Vivant depuis plusieurs années entre les pays du Golfe et Londres, Hamza Bounoua, 33 ans, a exposé partout en Asie, en Europe ou en Amérique du Nord. En mars 2011, l'artiste a participé à la célèbre manifestation Art Dubaï, l'une des plus illustres au monde. Et, après des expositions à New York, Doha, Koweït et Rome, le jeune artiste plasticien algérien expose actuellement à Manama au Bahreïn.
-Vous avez beaucoup critiqué l'engagement de certains artistes dans les dernières élections législatives. Pourquoi ?
Cela me fait rire. Le poids d'un artiste est plus important. Il ne peut pas trouver place au Parlement avec une, deux ou même dix chambres ! L'artiste, par nature, critique tout ce qui existe au sein de la société, la religion, la politique… Il est toujours demandé à l'artiste de ramener quelque chose de nouveau, de créer, d'innover. Donc, il ne peut prendre les habits serrés et étouffants d'un député assis au Parlement. Sinon, il va entrer dans un système qui va lui imposer ses opinions et ses règles ; un système qui va essayer d'utiliser l'artiste lui-même jusqu'à n'en plus pouvoir…
-L'artiste doit-il s'éloigner de l'action politique pour autant ?
L'artiste est déjà un politique ; à sa manière, avec sa méthode et son mode d'expression. Il critique l'homme politique lorsqu'il le faut et quand il le faut, comme, il peut le soutenir quand il le faut. Ses différends avec l'homme politique ne signifient pas qu'il est en opposition à lui. L'artiste est plus qu'un opposant. Il passe tout au crible. Lorsqu'un artiste se présente aux élections, c'est la preuve pour moi d'un certain échec artistique, un échec dans la création. L'artiste est mieux placé qu'un président de la République.
-La politique neutralise-t-elle la création ?
La politique contredit la démarche de réflexion de l'artiste. Un artiste doit avoir la liberté absolue dans son expression. La politique détermine l'opinion, l'unique opinion généralement. Il reste que la puissance d'un homme politique se reconnaît à sa capacité de rassembler des points de vue contraires à ses positions. Puissance liée aussi à sa volonté d'en débattre. Un régime fort doit laisser l'opposition faire ce qu'elle veut.
-Les artistes qui se rapprochent trop des régimes en place peuvent-ils devenir complices ?
Parfois, il y a de la complicité, oui. Et parfois, l'artiste se fait avoir en raison de sa naïveté et de son désir de vouloir servir le pays (…).
-Vous avez exprimé des réserves aussi sur les révoltes arabes…
Le printemps arabe n'a malheureusement pas transformé les choses. Les systèmes politiques sont restés en place. La justice est toujours absente. La dictature a disparu symboliquement en Tunisie et en Egypte. Des masques ont changé. A mon avis, le changement du régime ne peut venir que de l'intérieur. Celui qui va provoquer cette transformation doit connaître tous les secrets et les ressorts du régime. En Turquie, Tayyep Erdogan était déjà dans le cercle politique et administratif de son pays avant d'arriver au poste de Premier ministre. Maintenant, il arrive à changer les choses en Turquie, car il sait ce qu'il doit faire et ce qu'il doit éviter. Regardez où en est la Turquie sur les plans économique, diplomatique et politique. Il viendra le jour où l'Union européenne va courir derrière Ankara pour que la Turquie y adhère. Et la Turquie dira non ! Le pays n'en aura pas besoin. Pour changer le système en Algérie, il faut agir de l'intérieur
-Et les artistes alors, que peuvent-ils faire ?
Les artistes peuvent apporter leur contribution dans ce domaine. Qu'ils soient à l'intérieur ou à l'extérieur du pays, ils peuvent faire bouger les choses. Mais leur action doit être en décalage, de loin. L'artiste doit savoir observer, attendre, prendre du recul avant de se jeter à l'eau. Il ne doit pas subir la chaleur des événements, s'engager rapidement sans réfléchir. L'histoire nous a appris que l'analyse des situations doit toujours se faire à froid.
-Vous exposez actuellement au Bahreïn. Et là, vous passez à la photo. Qu'en est-il exactement ?
Au Bahreïn, je reprends une exposition que j'ai déjà présentée à Dubaï en novembre 2011. Il s'agit d'une série d'installations photographiques à travers lesquelles je critique tout ce qui relève de l'idéologie religieuse. Je compose la photo dans le studio. Il s'agit d'une création, pas une reproduction de la nature du paysage réel. Par exemple, j'ai pris en photo une femme voilée installée à l'intérieur d'une grosse assiette d'antenne parabolique. Parfois, elle est à l'extérieur. Mais, à chaque fois, elle est en connexion. J'ai écrit dessus en arabe et à l'envers : «Houa» (Lui). Lui, cela peut signifier l'homme, comme cela peut suggérer Dieu. Loin de l'assiette, on voit des chaussures à talon aiguille. Manière d'évoquer brièvement et clairement la situation de la femme «emprisonnée» par l'homme. La femme peut avoir plusieurs réactions : se fanatiser, contacter le monde extérieur, se rebeller... Je dénonce ce regard hautain qu'a parfois la société sur la femme. Je ne critique pas ce qui est constant dans la religion, mais je m'attaque à des pratiques liées à cette religion. Des variables qui n'ont rien à voir avec le culte lui-même. Pour moi, c'est un devoir. Les islamistes ne m'intéressent pas. Une partie d'entre eux ont mal compris la religion musulmane. L'Islam n'est pas une religion locale, c'est une religion universelle. Elle s'adresse à l'ensemble de l'humanité, «al alamine». C'est pour cela qu'elle est attaquée.
-«Houa» revient presque en boucle…
Cela peut être un message de séduction ou d'accusation. Tout est dans la répétition du mot, «houa, houa, houa»… C'est comme dans le tasbih, on répète le nom d'Allah pour faire les louanges (…). Dans les pays du Golfe, l'homme s'habille en blanc, la femme en noir. J'ai composé une image pour croiser les deux. Je cherche d'abord un rapport esthétique. Il s'agit d'installations photographiques que je compose entièrement. Je choisis le fond blanc par attachement à l'art contemporain. C'est pour la première fois que j'utilise cette technique. Au Bahreïn, j'expose aussi mes tableaux. En mars 2012, j'ai participé à une exposition à Rome organisée par le Musée national jordanien. J'ai exposé aussi à Doha au Qatar. Je suis en contact avec une galerie américaine. Je ne suis pas l'artiste qui expose beaucoup. Mais, chaque deux ou trois ans, je prépare une belle exposition.
-Hamza Bounoua n'est-il pas victime de la dictature du réalisme ?
Pas du tout, il faut bien voir les images exposées et vous comprendrez ce que je veux exprimer. Actuellement, et au niveau mondial, l'image est très sollicitée. L'image, c'est la réalité ; une réalité plus directe par rapport au tableau peint. La réaction émotionnelle sera peut-être plus forte, plus rapide. Dans les arts visuels actuels, l'image est en bonne place. Reste que la qualité de l'image demeure incontournable. Il en est de même pour la valeur esthétique. Cela dit, je ne cesse de peindre. Donc, l'image que je travaille et compose n'est qu'un autre moyen de dire les choses. Je ne fais pas cela pour fuir la peinture… J'utilise la photo en noir et blanc. Il y a plus d'émotions dedans et c'est plus expressif. D'ailleurs, dans mes œuvres, j'utilise peu de couleurs. J'essaye de combiner deux couleurs : blanc/rouge, bleu/noir, orange/blanc
-Il y a tout de même des couleurs qui reviennent souvent dans vos œuvres, le bleu, le rouge, le noir, le brun, l'orange…
Je suis devenu de plus en plus minimaliste. Je suis un artiste plasticien qui utilise toutes les formes d'expression, la photo, la vidéo, l'installation, la toile… Dans le monde arabe, les artistes qui se sont appuyés sur la technique de la vidéo, n'ont pas vraiment réussi. Actuellement, des artistes arabes produisent des vidéos qui ont été déjà faites dans les années 1970 aux Etats-Unis. Donc, ils recourent à du déjà-vu en matière de conceptualisation. Il n'y a pas de création. Nous sommes en décalage technologique. Nous sommes lents et loin du mouvement du monde occidental en la matière. Je tente donc de trouver des expressions simples, universelles, qui touchent les gens.
-Et à quand une exposition en Algérie ?
Je suis en contact avec des gens pour organiser une exposition en Algérie. J'ai un projet d'une exposition à Notre-Dame d'Afrique. Je ramène une scénographie complète à l'intérieur de la basilique pour y exposer mes œuvres. Il me semble que l'église a eu, dans l'histoire, souvent des positions favorables aux artistes. Ce qui m'intéresse le plus, c'est l'espace chargé de spiritualité. Cela n'a rien avoir avec la religion. Un imam peut ramener la société vers l'autre mieux qu'un homme de culte. Par son travail, l'artiste invite au dialogue, à l'échange, au vivre ensemble. Les intégristes, quels qu'ils soient, sont incapables de faire cela, d'accéder à l'autre, lui parler, le comprendre. Je dois avouer qu'aucune de mes œuvres n'existe dans un musée algérien !
-Quel regard portez-vous sur l'art contemporain en Algérie ?
A mon avis, il est en phase de stagnation. Cela est lié probablement à la politique culturelle de l'Algérie. Le ministère de la Culture a un grand rôle à jouer. Autant que les artistes qui doivent prendre des initiatives, agir. Le ministère soutient les artistes. Ceux-ci ne doivent pas travailler sur commande, par téléphone, selon l'humeur du moment.
On négocie avec l'artiste, prend en compte son travail, le considère, lui fait confiance et le laisse travailler. Il faut qu'on apprenne à agir selon les règles professionnelles reconnues mondialement. Je suis contre la prostitution artistique. Mais, parfois, l'artiste n'a pas le choix. Il est prisonnier d'un système. Un système qui n'a pas encore compris que l'artiste vit dans l'ouverture, pas dans l'encerclement, l'embrigadement… Pour le cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, on peut faire appel à des étudiants des beaux-arts en les laissant s'exprimer sur l'événement comme ils veulent. Et ce n'est qu'un exemple. On n'a pas à dicter aux créateurs la marche à suivre… L'artiste n'est pas contre le pouvoir politique. Il est contre tout le monde. Il arrive que le système rejoigne la poubelle de l'histoire, mais l'artiste rentre dans l'éternité. L'artiste est durable. Tout est là.


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