Les travaux de la sixième session ordinaire du conseil national du RND ont débuté hier dans une atmosphère tendue. Les adversaires du secrétaire général du parti, Ahmed Ouyahia, étaient au rendez-vous. Avant le coup d'envoi des travaux, le chargé de communication du RND, Belkacem Mellah, ouvre les hostilités. Il demande «correctement» la parole pour exiger le retrait de confiance au bureau politique et l'élection d'un nouveau bureau. Il s'appuie pour sa requête sur l'article 50 du règlement intérieur et les statuts du parti qu'il exhibe pour la circonstance. Lui emboîtant le pas et de l'autre côté de la salle, Nouara Hafsi, tête de file des contestataires, se lève également et revendique un point d'ordre pour lire une déclaration au nom du «front pour la sauvegarde du RND». Elle essuie un niet catégorique de la part d'Ouyahia qui justifie ce refus par le fait que le conseil national allait ouvrir un débat à huis clos sur la situation interne du parti. «Nous avons deux jours pour débattre de toutes les questions qui vous intriguent et chacun de vous a le droit de s'exprimer librement car le conseil national est un espace où chaque militant peut donner son avis sans aucune surenchère politique et sans recours aux insultes», promet Ouyahia qui demande aux mécontents d'éviter de se donner en spectacle et de porter atteintes au fondement du parti. Les déclarations d'Ouyahia, qui sonnent comme des mises au point, n'ont toutefois pas démobilisé ses détracteurs. Les contestataires ont, momentanément, quitté la salle pour lire leur communiqué à l'extérieur. Devant les journalistes, Nouari Hafsi accuse de tous les noms le SG du parti qui ne sait pas, selon ses dires, écouter les doléances des militants. Un congrès extraordinaire s'impose, explique-t-elle. «Nous dénonçons la gestion chaotique d'Ouyahia et nous demandons le départ de la direction actuelle. Au RND, il n'y a jamais eu de débat. Ouyahia prend des décisions unilatérale», lance Mme Hafsi qui évoque la cooptation dans le choix des responsables et la marginalisation des cadres et membres fondateurs du RND. Les initiateurs de ce mouvement de contestation demandent en urgence la tenue d'un congrès extraordinaire avant les élections locales pour donner une nouvelle direction au parti et la mise en place d'un comité composé de sages du parti pour la préparation du congrès. Les partisans d'Ouyahia ont commencé alors à scander «Vive Ouyahia !», « Ouyahia patron du RND !», «Ouyahia légitime». Pour les proches d'Ouyahia, Hafsi est une assoiffé de pouvoir : «Pourquoi Hafsi ne s'est pas révoltée lorsqu'elle a été désignée à la tête de l'UNFA. Hafsi a déversé sa colère parce que sa candidature à la députation n'a pas été retenue et ceci est valable pour les autres mécontents», a répliqué un militant. Bagarre Hafsi a décidé d'intégrer la salle au moment où une bagarre éclate entre les partisans et les adversaires d'Ouyahia. Un militant a été pris à partie par les partisans du SG. Selon Abdesselam Bouchouareb, bras droit d'Ouyahia, il s'agit là d'un sympathisant et non d'un militant du parti qui sème, à chaque fois, le trouble dans les rangs de l'organisation. Notons que dans son bref discours d'ouverture, Ahmed Ouyahia n'a pas ménagé ses détracteurs qu'il accuse d'être à l'origine du déclin du RND dans quinze wilayas lors des législatives du 10 mai. Il a estimé qu'au sein du parti, les élections législatives du 10 mai ont révélé certaines situations où les «égoïsmes» ont pris le pas sur l'unité des rangs, et cela n'a pas manqué d'influer négativement sur les résultats du parti. A travers le territoire national, le RND a reculé dans 15 wilayas tout en demeurant stable dans 17 autres et en améliorant sa position dans 16 wilayas. «Le taux de participation au scrutin n'a pas été au niveau de nos espérances, mais il n'a pas été aussi au niveau de ceux qui appelaient à l'abstention. En tout état de cause, une participation de 43% au scrutin du 10 mai n'a pas été en deçà du taux moyen des législatives précédentes.» Pour Ouyahia, le scrutin du 10 mai a révélé la complexité des élections à la lumière de cette nouvelle étape du pluralisme démocratique dans le pays. «Les élections du 10 mai ont été marquées par une compétition sans précédent. Le nombre de listes a varié entre 30 et près de 60 selon les wilayas avec pour conséquence un grand émiettement des voix. Les élections locales seront un défi encore plus complexe pour tous les concurrents», craint-il. Les travaux, qui se sont poursuivis à huis clos, seront sanctionnés par une résolution. Ahmed Ouyahia animera demain une conférence de presse.
