Plus de 4 années après la prise en main des 10 filiales dont la plus importante Alfasid, le poumon du métier de la production du fer et de l'acier, le complexe sidérurgique d'El Hadjar Ispat devenu Mittal Steel depuis 2005 s'est développé. La prise de contrôle des 70% des actions, les 30 autres étant toujours propriétés du groupe Sider, s'est faite sans heurts. Si au plan de la production, la courbe est chaque année ascendante pour atteindre en 2005 le double des 600 000 t sous Sider, l'activité a stimulé l'accélération de la demande intérieure et extérieure des produits sidérurgiques. Sous l'impulsion des Indiens entourés de compétences algériennes, tous anciens cadres de Sider, les investissements ont augmenté notamment dans la réalisation de nouveaux équipements comme le haut fourneau n°1, la rénovation totale des équipements de la PMA et autres unités. Des investissements que le nouveau propriétaire Ispat s'était empressé de lancer aussitôt installé. Il était temps pour, en 2001, sauver ce qui pouvait l'être des 22 000 postes de travail que comptait le groupe Sider de l'époque avec plus de 18 000 en activité dans ses nombreuses filiales principalement implantées à Annaba. Lorsque le 18 septembre 2001, le groupe indien LNM poussait la porte de ce complexe, celui-ci était lourdement endetté. L'accord de partenariat signé avec le gouvernement algérien s'accompagnait d'une exonération d'impôts. Elle était étalée sur cinq années. S'appuyant sur une autonomie de gestion bien contrôlée dans une usine où il a réussi à disséquer le rôle de ses actionnaires du groupe Sider, la quinzaine de cadres indiens a su habilement tirer la ficelle en impliquant dans l'ensemble de ses actions les représentants des travailleurs conduits par Aïssa Menadi. Lorsqu'ils furent confrontés à un problème d'insuffisance en énergie et de minerai de fer, les Indiens mirent en demeure le gouvernement algérien d'intervenir. Une association positive En 2005, Ispat change de sigle avec son titre de premier producteur mondial de l'acier pour devenir Mittal Steel. En Algérie, dans sa recherche du toujours plus d'unités de production à acquérir, notamment celle liée à la tuberie de Annaba et Ghardaïa, il ne se laisse pas impressionner par ses 2 autres concurrents allemands et anglais Primary et Bender. Il attend patiemment son heure en restant dans la course des soumissionnaires très intéressés. Il faut dire que dans sa recherche de ce plus, le groupe indien ne lésine pas dans les efforts pour augmenter son emprise sur la sidérurgie algérienne. Il met en place des opérations de financement pour des investissements d'envergure, multiplie les coups d'œil à destination des travailleurs via leur syndicat, crée un système de sous-traitance. Ses acquisitions réelles et projetées ont fini par séduire le syndicat transformé en allié incontournable dans toutes les actions. "J'estime que le partenariat avec les Indiens est positif. Il a donné ses fruits en matière de production et de stabilité socioprofessionnelle. Les augmentations de salaire, l'amélioration des conditions de travail ont permis de stabiliser les effectifs. Aujourd'hui, 8700 travailleurs permanents activent dans des conditions idéales d'hygiène et de sécurité. Ce nombre devrait grossir très prochainement avec la permanisation de 500 jeunes actuellement sous statut préemploi. Nous avons proposé de recruter 140 autres jeunes en préemploi. Nous attendons la décision de la wilaya", estime Menadi Aïssa, secrétaire général du syndicat UGTA. Cette satisfaction est confortée par les investissements engagés dans la réfection totale de l'Unité PMA et la mise en service du haut fourneau N°1 prévue pour le 29 mars 2006. Elle est quelque peu réduite par les inquiétudes exprimées par M. Kruma, l'actuel directeur général de Mittal Steel. Notamment en matière d'approvisionnement du complexe en minerai. Il a décidé de riposter en interpellant le gouvernement algérien sur cette question. Implicitement, ce responsable a exprimé son agacement et ses craintes sur cette insuffisance qui risque, si elle venait à perdurer, à remettre en question son objectif d'atteindre en 2006 les 1,6 million de tonnes. "N'était cette contrainte due à l'insuffisance du minerai, nous aurions exprimé notre totale satisfaction. Ce dossier est bien perçu par le gouvernement algérien. Nous sommes confiants. Nous avons des discussions, et une solution à long terme a été dégagée. En ce qui concerne l'acquisition des unités de tuberie de Ghardaïa et de Annaba, nous sommes toujours dans la course. Nous attendons les résultats de l'ouverture des plis. Malgré la présence d'autres concurrents, nous sommes très optimistes. Nous avons désigné un consultant pour mieux nous imprégner de la situation. En matière de création de postes de travail, elle se fera en fonction de nos capacités de production. Nous organisons des stages à destination des jeunes appelés à suppléer au départ des travailleurs mis à la retraite", a indiqué le directeur général Mittal Steel El Hadjar.
