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Cinéma. Hommage au regretté Rachid Farès : Il nous laisse le cinéma et le rêve
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Publié dans El Watan le 24 - 06 - 2012

Je ne parle pas de la mort de l'acteur, car les acteurs meurent tous les jours, mais je voudrais parler de son aller sans retour au cinéma.
Je parle du clap de la fin en pleine prise. Des rideaux qui descendent en pleine présentation, De «cut» en plein mouvement et la mort
en plein enthousiasme.
Aussi, Rachid, je pleure ta révérence, car tu étais le plus intelligent, le plus brillant et le plus courageux de notre génération, mais je ne ferai pas le deuil. Tu mérites nos larmes et nos chagrins, mais pas notre affliction. Tu étais et tu seras le meilleur de nous.
A cette occasion, je veux parler des conditions tristes et déplorables de la mort de nos artistes et tirer l'alarme. Ces artistes anonymes qui ont pris ton chemin ou sont en route pour te rejoindre. Ces intellectuels algériens qui vivent dans la précarité totale et qui sont démunis de tout avantage et privilège. Malgré que leurs mains soient vides, ils ne les tendent jamais. Ils ne sont ni dans la combine ni dans le complot. Ils veulent juste faire leur métier et exprimer leur talent. Ils ne vivent qu'avec leur métier d'artiste, comme un pêcheur à la ligne qui mange ce que sa canne à pêche a pris, ni dans l'intention de pêcher gros ni dans l'envie de prendre la part des autres.
D'autre part, au nom du cinéma algérien, des usurpateurs font la Une, il y a ceux qui roulent avec une grande cylindrée sur les hauteurs d'Alger, ceux qui obtiennent une villa au dinar symbolique, ceux qui possèdent une piscine particulière en pleine capitale et ceux qui achètent tout un immeuble. Et bientôt, ces gens-là vont être cotés en Bourse. Ils se revendiquent artistes, producteurs, réalisateurs, concepteurs, tourneurs, etc. Quand de vrais artistes, comme toi, ont passé 30 ans de leur vie au service du cinéma algérien, joué dans une cinquantaine de films dans le but de faire le métier d'acteur et surtout faire rêver des générations d'Algériens. On peut mourir tranquille, même jeune, sans être mélangé à ces gens. Excuse-moi Rachid, je sais que si tu étais là, on aurait des choses à dire sur cette mauvaise graine, comme l'a si bien dit Kateb Yacine, mais tu n'es plus là. Tu es mort, alors je préfère me taire. Seulement après toi, à qui faut-il parler ?
Des artistes algériens partent sans retour, laissant derrière eux non seulement le néant, mais aussi la place à la médiocrité.Personnellement, je regrette de ne pas avoir travaillé avec Rachid et profité du talent de ce monstre du cinéma algérien, alors que je le lui avais promis à plusieurs reprises. Cependant, moi-même j'étais bloqué par des irresponsables sans foi ni loi.
Il y a 4 ans, je lui avais parlé d'un projet d'une série policière inédite destinée au grand public algérien, via la Télévision nationale, dont il aurait été un des deux principaux protagonistes. Il aurait pris l'air d'un Al Pacino dans Heat, d'un Robert Mitchum dans Les griffes du passeur ou d'un Andy Garcia dans Le Parrain.
Il avait été enthousiasmé par l'idée, les yeux rivés en m'écoutant en train de ramer dans ma présentation, une cigarette dans une main, un verre dans l'autre, le lieu donné sur le petit port de La Madrague, et la mer était agitée. Il me dit : «Djamel, quand tu écriras le scénario, on se parlera. Pour le moment, tu n'as que des bonnes idées, comme nous tous, les Algériens. Le plus difficile est de trouver comment les mettre noir sur blanc et trouver la bonne manière de les écrire... alors au travail. Maintenant, admirons ce beau coucher de soleil. J'ai besoin de rêver…c'est déjà la nuit». J'ai passé 7 mois à concevoir, à structurer et à écrire 300 pages du scénario, 6 épisodes d'une série intitulée : Omar et Rachid, les nôtres. Nous nous sommes donné RDV au même lieu, ce jour-là, la pluie tombait à cordes et le vent soufflait très fort.
Assis autour d'une table, on écoutait les vagues, sans les voir. Je lui dis : «voilà, chose promise, chose due.» Je lui ai donné le texte, il l'a pris dans ses mains un bon moment en me disant avec un air sérieux et fier : «C'est lourd, je n'ai jamais vu un texte d'un tel volume m'être destiné.» De fil en aiguille, d'un verre à un autre, d'une cigarette à une autre, son paquet se termine. Il faut en acheter un autre chez le petit vendeur, protégé par un petit parapluie, installé devant la brasserie. Le serveur veille au
service… Rachid est déjà dans son rôle, il est le personnage principal et prêt à jouer, à faire son travail. Il me reste à trouver l'argent de la production et crier «moteur…» Les heures passent, je lui dis : «Rachid, il est minuit, à cette heure il n'y a plus de bus pour rentrer à mon petit hôtel à Alger-centre, et je n'ai plus d'argent pour un taxi. Comment faire ?»
Il m'a répondu en demandant un autre verre. «Quand nos poches se vident, quand nous sommes au pied de la dernière page du scénario, quand nous sommes à la dernière séance, nos rêves s'achèvent…» Et il ajoute : «nous les rêveurs, nous nous inquiétons et tu as raison de t'inquiéter. Tu iras avec mon clandestin, je vais lui téléphoner et il te déposera.» Il se tourne vers le serveur à moitié endormi debout et demande : «s'il te plaît, fais-moi une ardoise et refile-moi une cigarette, mon paquet est déjà vide». Rachid fumait beaucoup. Un jour, une copine qui était amoureuse de lui sans qu'il le sache me disait : «sa façon de fumer me donne envie de lui». Avant mon départ à Paris, j'ai déposé les 5 exemplaires du scénario au bureau d'ordre de l'ENTV. D'un jour à un autre, d'un mois à un autre, nous attendons une réponse, lui, moi et les autres, cela fait déjà 3ans. Quelques mois après, nous nous sommes vus à Paris avec un ami commun, Mohamed Ourdache, Rachid n'a pas cessé de m'encourager à écrire, à téléphoner à envoyer des fax à la télévision.
A ne pas lâcher et surtout de ne pas faire intervenir des gens, car dans notre métier, c'est mal vu, il faut laisser ton travail parler à ta place... j'attends toujours. La mort est plus forte que l'attente, plus radicale que le rêve et plus acérée que l'espoir. Ce mec part précipitamment et discrètement alors qu'il a une grande gueule, celle de la vérité. C'est comme la moitié rebelle et insoumise de chacun de nous qui disparaît ! Nous sommes habitués à perdre des proches, mais pas un acteur avec qui nous étions plus proches, de la même génération, dans la même précarité, de même opinion et du même cinéma. Lui est mort, et moi j'attends toujours la réponse de l'ENTV, et c'est déjà demain. Rachid, le frère, comme moi, comme M. Kareche, Ourdache, Deraïs et plein d'autres, nous continuerons à rêver en écrivant. Nous poursuivrons à penser à toi chaque fois quand derrière la caméra et nous demanderons à nos jeunes comédiens de jouer comme toi. Nous ne cesserons jamais de te citer chaque fois, de parler du cinéma. Comme tout grand acteur du cinématographe universel. Tu nous laisses le cinéma et le rêve, ils seront pour nous aussi notre seule arme comme ils l'étaient pour toi.
Vive le cinéma. Bye frère. Paris le 22 juin 2012


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