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Les vignobles du Dahra renouent avec l'opulence
Les grappes ontsubi de très fortes chaleurs à Mostaganem
Publié dans El Watan le 02 - 09 - 2012

Profitant des grosses chaleurs d'août, les vignobles du Dahra sont envahis par des cohortes de vendangeurs. La rareté de la main-d'œuvre est comblée par le recours aux enfants, trop heureux de l'aubaine.
M algré un sirocco persistant qui a desséché les grappes, les rendements atteignent par endroits plus de 45 quintaux par hectare (q/ha). Alors que les vinificateurs privés sont boudés par la grande majorité des fellahs, c'est le retour en force de l'ONCV qui rassure les paysans. Malgré les longues files d'attente, ils se pressent dans un impeccable alignement devant les chais de l'opérateur public qui n'a pas hésité à transférer le jus et les grappes du Dahra vers la plaine des Bordjias où il dispose d'une cave ultramoderne.
Sitôt les fêtes de l'Aïd bouclées, les vignerons de Mostaganem se sont rués vers les coteaux pour entamer les vendanges. Après avoir été gorgées de soleil, les grappes ont subi de très fortes chaleurs, si bien que même dans les vignes d'altitude, comme celles de Benabdelmalek Ramdane et de Hadjadj, les feuilles ont fini par brûler, mettant à nu les grappes de Cinsault et de Carignan, les deux cépages les plus prégnants de la région.
Les rendements sont au rendez-vous
Accentuée par un sirocco tardif, la maturation des baies s'est accompagnée d'un léger dessèchement. Ce sont toutes ces conditions qui vont fortement influer sur le déroulement de ces vendanges. La première conséquence s'est traduite par une ruée des vendangeurs vers les champs de vigne de toute la région du Dahra, si bien que dans certaines parcelles, ce sont des enfants qui ont été sollicités. Depuis les chantiers de Benabdelmalek Ramdane jusqu'à ceux d'Ouled Boughalem et d'Aâchaâcha, en passant par Sidi Lakhdar, Hadjadj, Khadra et Sidi Ali, la participation des enfants est remarquable.
Certains sont tellement chétifs qu'ils éprouvent de la peine à remplir des seaux d'à peine 5 kg de contenance, si bien que dès 10h, la plupart des chantiers s'essoufflent avant d'avoir rempli la remorque. Les plus anciens ont beau s'égosiller à raviver les ardeurs, le rythme ne suit pas. C'est pourquoi le remplissage des remorques s'en ressent. En effet, au niveau des caves, il est loisible de constater de visu les équipes qui ont bien travaillé de celles moins performantes. A Hadjadj, le vigneron qui nous accueille ne cache pas son désarroi. Il a beau proférer des menaces de licenciement, ses frêles ouvriers continuent de traîner les pieds comme si ses remontrances ne les concernaient pas, car ils savent pertinemment que, cette année, les rendements sont au rendez-vous. Contrairement à l'année dernière où il n'a pas été engrangé plus de 20 000 q, pour cette saison, la récolte va déjouer tous les pronostics, surtout au niveau des jeunes vignobles âgés entre 15 et 25 ans, dont les ceps ploient sous le nombre et le poids des grappes. Dans ce vigoureux vignoble de Hadjadj, un jeune technicien n'exclut pas des rendements supérieurs à 45 q/ha.
700 viticulteurs sous contrat avec l'ONCV
Il est vrai qu'après la grande dégringolade de l'année dernière, les vignes ont repris un peu de vigueur et cela se voit aisément avec ces multitudes grappes, notamment sur le Carignan, un cépage très prisé en raison de ses qualités vinicoles avérées. Par endroits, les ceps poilent sous les poids des grappes, donnant au vignoble une belle image d'abondance qu'on ne lui connaissait plus. Cela se répercute sur les lenteurs des récoltes, mais aussi sur la réception au niveau des caves.
Contrairement aux années précédentes caractérisées par l'arrivée d'opérateurs privés, ce qui a eu pour conséquence une grande effervescence au niveau de l'ONCV, l'organisme public qui était en position de monopole. Très vite, les nouveaux opérateurs se singulariseront par un soutien aux vignerons, ce que l'ONCV aspirait de faire, si bien qu'en sus d'un soutien technique de qualité – on a même vu défiler des experts français en viticulture et en œnologie se relayer l'année durant à travers les coteaux et les plaines de Mostaganem – les nouveaux opérateurs disposaient d'un encadrement local de qualité et ne rechignaient pas à mettre la main à la poche en distribuant des engrais et des fongicides aux fellahs.
Ce qui va créer une relation de confiance et surtout l'assurance d'une bonne production, mais également la certitude pour l'opérateur de recevoir des tonnes de raisins à vinifier. Toute cette concurrence a fini par stimuler les responsables de l'ONCV qui se devaient de relever le défi et donc de se rapprocher davantage des fellahs.
Ceci ne se fera pas sans peine, car le privé ne s'est pas contenté de soutenir et d'accompagner ses partenaires, il leur offrira des prix très attractifs qu'il accompagnera d'un délai de règlement très court, contrairement à l'opérateur public. C'est ainsi que pendant les cinq dernières campagnes, opérateurs privé et public se sont attelés à fidéliser les producteurs. Après la grande déconvenue de la campagne 2011, qui s'est traduite par une chute vertigineuse de la production – à peine 15% des rendements habituels –, il était attendu une âpre bataille à qui s'attirerait le plus grand nombre d'agriculteurs.
Alors que le privé, sans doute échaudé par ses expériences antérieures, est resté en retrait, l'ONCV a signé des contrats avec plus de 700 fellahs, soit une superficie de 1700 ha parmi les plus vigoureux vignobles. Ainsi, ajoutés à ses propres vignobles qui s'étendent sur 400 ha, l'ONCV s'est assuré plus de 80% du vignoble de cuve de Mostaganem. Son PDG qui vient d'effectuer une tournée à travers les campagnes de Mostaganem et du Témouchentois n'a pas caché son optimisme. Rien que pour la région de Mostaganem, à ce jour, plus de 35 000 q de raisins ont été traités. Avec les régions plus tardives du haut Dahra, l'office est quasiment assuré d'engranger les 40 000 q qu'il s'était fixé d'atteindre dans ses structures de Mostaganem. Une fois sur les chantiers, lorsque nous demandons aux fellahs à qui il vont livrer leur production, c'est toujours l'ONCV qui est cité.
D'ailleurs, les fellahs du Dahra ne s'en cachent pas du tout, pour eux, le choix de l'ONCV ne se discute plus. Dans leur écrasante majorité, les vignerons de Benabdelmalek Ramdane, de Hadjadj, de Sidi Lakhdar, d'Ouled Bouziane et de Aâchaâcha ont fait le choix de vendre leur récolte à l'organisme public. Cela va être vérifié au niveau des caves de la région. Autant celles de l'ONCV sont débordées par les longues files de tracteurs, autant celles appartenant aux privés sont presque vides. A Sidi Lakhdar, lors de notre passage, ce sont plus de 50 tracteurs qui attendent patiemment à l'ombre des palmiers.
De l'autre côté du village, chez un opérateur privé, ce sont juste deux charrettes et deux tracteurs qui sont accueillis à bras ouverts.
Des cépages précieux
Il apparaît évident qu'un grand malaise s'est installé entre les producteurs et les opérateurs privés. Des fellahs qui acceptent de faire la queue pendant une journée, voire durant une partie de la nuit, devant la cave de l'ONCV, alors qu'à moins de 500 m de là, ils accèdent directement au pont bascule qui barre l'entrée à la cave. L'opération de pesage et de déchargement ne prend même pas 5 minutes. Alors que devant la cave de l'ONCV, c'est une attente interminable avec des files de tracteurs sagement alignés à travers les ruelles adjacentes, un policier a même été dépêché sur les lieux afin de veiller à la bonne marche de la circulation. Le paradoxe est frappant et cette image se retrouve à travers l'ensemble des points de livraison, que ce soit à Khadra, à Aâchâcha ou à Sidi Lakhdar.
A en croire nos interlocuteurs, le différend avec les opérateurs privés serait lié à la lenteur dans le payement des récoltes. Des sources proches de ces opérateurs soutiennent au contraire que le différend est plus profond ; notre interlocuteur met en cause la probité des fellahs qui auraient bénéficié des avances sur les récoltes, mais qui n'auraient livré que des quantités infimes. On parle même de perte d'argent et de dettes de l'année dernière qui seraient encore impayées à ce jour. L'ONCV, pour une fois, semble s'en tirer à très bon compte.
L'organisme public a également introduit certaines innovations qui ont séduit les vignerons. C'est ainsi que les récoltes livrées dans les caves du Dahra sont transférées la nuit par des camions de l'ONCV vers la cave de Fornaka, sur une distance de 100 km. Ayant remis en marche la vieille cave-coopérative de Hadjadj, à seulement une semaine du début des vendanges, l'office a fait le choix de transférer le jus de raisin par camions-citernes, jusqu'à la cave de Fornaka où les conditions de vinification sont au top de ce qui se fait dans le monde. Il s'agit essentiellement de cépages nobles comme le Cinsault et le Carignan, ainsi que le fameux Alicante, le plus teinturier des raisins de cuve. Ce n'est pas sans raison que pour ces précieux cépages, l'un des opérateurs privés propose aux fellahs des prix variant entre 33 et 36 DA le kilo de raisin.
Des saveurs exceptionnelles
De leur côté, les paysans que nous avons rencontrés dans les champs et dans les files d'attente à proximité des caves ne tarissent pas d'éloges. Ayant bénéficié des dernières technologies en matière de vinification, la cave de Fornaka, dans la plaine des Bordjias qui borde les marais de la Mactaâ, permet le traitement de plus 20 000 q. Habituellement, ce sont les fellahs qui se chargeaient de livrer leurs récoltes en parcourant de très longues distances. Ce n'est plus le cas cette année, puisque les récoltes sont livrées dans un rayon de moins de 20 km. Le transfert des raisins et du jus étant entièrement assuré par l'ONCV, ce qui permet de réduire les tensions et les distances. Les fellahs du Dahra n'y sont pas insensibles. Il reste à l'ONCV de transformer l'essai, en réduisant les temps d'attente devant les chais, en procédant au règlement des fellahs dans un délai raisonnable, à l'instar de ce qui se pratique chez ses concurrents du privé, et en accentuant le soutien au processus de production, notamment en finançant une partie des intrants, comme le soufre mouillable, un incontournable fongicide qui grève lourdement la production, car chaque traitement exige pas moins de 7 kg/ha, ce qui engendre une dépense de 2800 DA/ traitement/ha.
Encore faudrait-il que les services de contrôle puissent rassurer les fellahs sur la qualité de ces produits d'importation. Des produits dont les prix ont été multipliés par deux en l'espace de quelques jours de temps couvert, ce qui oblige les fellahs à traiter quel qu'en soit le prix. Rien que durant cette année, les pluies tardives d'avril dernier ont incité ceux parmi les fellahs qui le pouvaient de faire 8 traitements consécutifs. Il est connu qu'à moins de 15 jours de leur maturité, lorsqu'elles ont été épargnées par le mildiou, les baies restent sensibles à la fois à l'oïdium qui les fait éclater et au botrytis qui les fait pourrir. C'est grâce à ce parcours technique dispendieux que les fellahs parviennent à boucler la boucle en mettant sur le marché des raisins de qualité. Il reste la part de génie des œnologues et autres vinificateurs pour les transformer en vins aux saveurs exceptionnelles.
Après l'incommensurable ratage de l'année dernière, les viticulteurs du Dahra se réjouissent déjà de ce qui apparaît comme une année exceptionnelle. Pourtant, ils sont très nombreux à réclamer une juste rémunération de leurs efforts. En effet, eu égard à la complexité de leur travail, les vignerons attendent de leurs partenaires vinificateurs un substantiel ajustement des prix.


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