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Aux sources de l'islamophobie aux Etats-Unis
Nadia Zouaoui. documentariste algéro-canadienne
Publié dans El Watan le 04 - 09 - 2012

La documentariste algéro-canadienne, Nadia Zouaoui, est une femme révoltée. Révoltée mais tout en douceur. Après s'être intéressée à la société algérienne patriarcale, avec son premier documentaire Le voyage de Nadia, voilà qu'elle s'attaque à la montée de l'islamophobie aux Etats-Unis. Fear, Anger and Politics (Peur, colère et politique) est le titre de son dernier documentaire, qu'elle a réalisé pour la chaîne qatarie Aljazeera Documentary.
Basé sur le rapport Fear Inc du Think Tank Centre for american progress et sur le livre Patriot Acts, histoires d'injustice post-septembre 2001, de la maison d'édition à but non lucratif Voice of witness, le documentaire raconte l'histoire de trois musulmans américains victimes «colatérales» de la guerre contre le terrorisme et met la lumière sur le mode de fonctionnement des réseaux islamophobes aux Etats-Unis,et de leur ifluence même sur le terroriste d'extrême droite, le Norvégien Anders Behring Breivik. Il sera diffusé sur Aljazeera Documentary en anglais, aujourd'hui, 4 septembre et en arabe le 11 septembre.
- Comment en êtes-vous arrivée à faire ce film ?

Je devais faire un film sur l'imam de Ground Zero Mosque, l'imam Faisal, un grand soufi qui aide à l'évolution de la pensée musulmane. Mais, je ne pouvais pas le filmer pour une question d'exclusivité sur l'utilisation de son image. Pendant mes recherches, je suis tombée sur les chiffres effarants de l'islamophobie aux Etats-Unis. J'ai proposé le sujet à Aljazeera. Ils n'ont pas été accepté au début, car les statistiques de l'islamophobie n'avaient rien de particulier. Ils étaient en deçà de ceux de l'antisémitisme, par exemple. Mais, la nouveauté était que sur les les 4 dernières années, les statistiques de l'islamophobie étaient en hausse. C'est à partir de ce constat que le documentaire a été accepté par la chaîne qatarie.

- Pourquoi le choix de seulement 3 histoires ?

Il est difficile de faire plus de 3 histoires sans perdre le spectateur. Il y a l'histoire très triste de la mère pakistanaise, dont le fils déficient mental se retrouve condamné à 30 ans de prison pour terrorisme. Adama, d'origine guinéenne, a été accusée à tort et soutenue par sa communauté, une histoire triste, mais elle s'en est sortie. J'ai raconté aussi l'histoire de Raed Jarrar dont les droits ont été bafoués à cause d'un t-shirt avec des caractères arabes. Il a su se défendre. Je ne voulais pas d'un film glauque. Tous ces personnages je les ai sélectionnés à partir du livre Patriot Acts édité par une maison d'édition sans but lucratif Voice of witness. Elle met la lumière sur les injustices dans la société américaine. Son premier livre a été consacré à la tragédie des Américains d'origine japonaise, qui ont été internés dans des camps de concentration pendant la Deuxième Guerre mondiale. Chaque fois qu'il y a une grande injustice aux Etats-Unis, ils éditent un livre. Ils ont édité un sur les victimes de Katrina, puis celui sur l'islamophobie. Il a été écrit par Alia Malek une grande avocate spécialisée dans les droits civils et journaliste née aux Etats-Unis de parents syriens.

- N'êtes-vous pas en train de défendre tout simplement des terroristes condamnés ?

Ce n'est pas moi qui remet en cause ces verdicts. Il y a des avocats, des militants des droits de l'homme qui sont derrière. Ils ont les preuves que ce sont des dossiers montés de toutes pièces. Comme dans le cas du fils de Shaheena, d'origine pakistanaise. Son arrestation a été planifiée pour coïncider avec la convention républicaine, qui a mené à la réélection de Bush Jr. Je voulais faire la part des choses entre islamistes et musulmans, entre terroristes et musulmans pratiquants. Peut-être que les médias occidentaux font, quelquefois, l'amalgame entre les deux. Je crois qu'il est important de faire des films qui montrent cette différence. La famille de Shaheena, par exemple, qui appartient à la minorité ismaélite, a fui le Pakistant, car les membres de cette minorité se faisaient tuer par les sunnites conservateurs salafistes...

N'êtes-vous pas dans le théorie du complot ?

Pas du tout. Je me suis basée sur le livre Patriot Acts, sur le rapport Fear Inc aux racines du réseau de l'islamophobie aux Etats-Unis, produit par le Think Tank Centre for american progress basé à Washington, créé en 2003, par l'ancien chef de cabinet de Bill Clinton et financé, entre autres, par le milliardaire George Soros. Ce rapport a été même remis au gouvernement américain. Tout ce que j'ai fait, c'est réunir des faits qui se sont passés aux Etats-Unis. Je n'ai pas présenté des cas suspects, ce n'est pas le but de mon film.
N'oubliez pas aussi que les rédacteurs du rapport sont des Américains de race blanche et de différentes origines. Comme Wajahat Ali, un brillant avocat de Californie, écrivain et journaliste dont des extraits de sa pièce The Domestic Cruaders (Les croisés internes, ndlr ) sont montrés dans le film,une pièce qui traite des répercussions des attentats du 11 septembre sur la vie d'une famille américaine d'origine pakistanaise.

- Comment fonctionne ce réseau islamophobe dont parle le rapport Fear Inc (Peur et Cie) ?

C'est un réseau qui conseille le gouvernement et dont les membres interviennent régulièrement dans les médias américains et au Congrès comme Robert Spencer et Paméla Gellers, qui ont fondé l'organisme Stop Islamization of America ou bien David Yerushalmi. Le rapport les qualifie d'experts de la désinformation. David Yerushalmi est un avocat de Brooklyn, qui a lancé la campagne d'interdiction de la charia aux Etats-Unis avec des projets de loi dans plusieurs Etats, comme si elle allait remplacer la Constitution américaine. Quand j'ai essayé de contacter Robert Spencer, il était en Australie en train de promouvoir son livre The Truth about Muhammad (La vérité sur Mohammed).

- Vous êtes allée même interviewer les conseillers municipaux du quartier où doit être érigée la mosquée de Ground Zero qui a suscité une polémique mondiale. Comment les avez-vous trouvés ?
J'ai été impressionnée par leur éthique. Ils sont dignes des pères fondateurs des Etats-Unis, comme Thomas Jefferson. Ils se sont levés contre cette montée islamophobe qui a envahi leur district, un peu partout aux Etats-Unis et dans le monde.
L'un d'eux m'a dit qu'il avait déjà vu ça avec les Noirs américains du temps où les gens crachaient même sur les enfants noirs. «Nous nous sommes battus contre cette injustice dans le passé et je me battrai contre celle qui frappe actuellement les musulmans américains». Ce sont ces gens-là qui font la grandeur de l'Amérique.

- Est-ce que cette islamophobie ne risque-t-elle pas de donner des prétextes aux fondamentalistes musulmans et renforcer les terroristes ?

Quand on voit des gens comme Robert Spencer dénigrer le Prophète de l'Islam ou Pamela Gellers le traiter de porc, et affirmer sur Fox News que Hitler était inspiré par les musulmans à longueur de journée, on imagine bien comment tout cela est reçu par les intégristes et les fondamentalistesmusulmans, qui se disent que l'Occident est en guerre contre nous. D'ailleurs, comme l'affirme dans le film l'un des auteurs du rapport Fear Inc, il suffit d'être un peu dérangé pour prendre les armes et aller défendre l'Islam. La même chose peut se produire chez les non-musulmans, comme Breivik le terroriste norvégien d'extrême droite qui a agi pour défendre l'Europe contre une prétendue invasion musulmane.

- Pensez-vous qu'il y a un lien entre les attentats de juillet 2011, en Norvège, et ces réseaux islamophobes ?

Le nom de Pamela Gellers et Robert Spencer est revenu plus de 200 fois dans le manifeste de Breivik. Les grands médias américains en ont parlé mais sans trop s'attarder. Ces gens se sont alliés avec les groupes d'extrême droite européenne qui ont créé Stop islamisation of Europe.

- Quel serait le parcours idéal pour votre documentaire ?

Qu'il suscite des débats là où il passe ! Il sera diffusé sur Aljazeera Documentary en anglais le 4 septembre et en arabe le 11 septembre. Après Aljazeera, je suis en train de discuter avec les télévisions canadiennes. Cela n'a pas abouti pour le moment. Je compte au moins le présenter dans une salle de cinéma à Montréal, où j'inviterai les médias locaux.


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