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Une association veut voiler 500 fillettes en 2013
Un exemple typique de la résurgence de l'intégrisme islamiste en Algérie
Publié dans El Watan le 11 - 03 - 2013

Ouled Yaïch, ses ruelles non goudronnées, ses cités austères et ses quatre mosquées. C'est là que l'association El Daâwa, créée en 1989, se bat pour voiler les fillettes de 10 à 15 ans.
En cinq ans, pas moins de 300 mineures, vivant dans la wilaya de Blida et ses environs, ont suivi le programme initié par des prêcheurs de l'association, portant le foulard et suivant assidûment des cours de Coran.
Cette année, la petite association de Ouled Yaïch espère faire porter le hidjab à 500 fillettes. A cette occasion, les cheikhs de l'association El Daâwa prévoient d'organiser une grande cérémonie avec prêches, gâteaux, psalmodies du Coran et invités prestigieux dont le sulfureux prédicateur wahhabite, Nabil El Awadi. Des cadeaux – foulards et tuniques longues – seront distribués aux jeunes filles voilées.
La visite de ce même prédicateur en Tunisie avait renforcé les clivages au sein de la société tunisienne, dont une partie manifestait contre sa venue et exprimait son courroux de le voir poser devant les caméras et les appareils photos, avec des fillettes de la région de Zarzis, toutes vêtues de hidjab.
En Algérie, peu de voix s'élèvent contre ce qui s'apparente à de la propagande islamiste, ce qui a le don d'exaspérer les représentantes du mouvement féministe. «J'ai trouvé la banalisation de cet acte aussi scandaleuse que l'action de l'association», dénonce Fatma Boufenik, représentante de l'Association femmes algériennes revendiquant leurs droits (FARD), qui souligne que son association a créé une page sur le réseau social facebook contre le projet de l'association El Daâwa. Elle n'a été suivie que par 5 personnes alors que la page «projet chasteté» compte près de 3000 admirateurs. Elle considère que «le terme chasteté pour des fillettes de 10 et 15 ans ne peut être qu'une pensée 'd'une personne perverse'. «Porter le voile lorsqu'une femme est majeure, dit-elle, doit être un choix comme celui de ne pas le porter.» Fatma Boufenik souligne que cette action est non seulement une «violence symbolique» envers des petites filles mais aussi une «discrimination» envers les femmes qui ne portent pas le hidjab.
Les paroles s'envolent, les actes restent. Au siège de l'association El Daâwa, petite bâtisse aux allures de mosquée, des parents, ayant ouï-dire de ce projet lors du prêche du vendredi, se pressent pour inscrire leurs enfants. Un vieil homme, père de deux filles – nées en 2000 et 2002 – explique vouloir les «protéger» d'une société dans laquelle les mœurs se sont fortement dégradés. «Les temps ont changé, nous dit-il, je suis horrifié par ce qui se passe aujourd'hui.» Ses filles ont-elles donné leur accord pour mettre le voile, lui demandons-nous. «Et comment !», répond-il comme une évidence. L'association gère également une crèche baptisée Les Oiseaux du paradis dans laquelle des fillettes récemment voilées s'échinent, chaque samedi, à apprendre le Coran. Sous les arcades de la bâtisse, les écolières, frêles et candides, ont des allures de femmes-enfants. Il ne nous a pas été permis de les approcher. Mais on nous dit qu'elles ont accueilli leur «nouvelle vie» avec beaucoup de «fierté».
«Hidjab is my beauty»
Normal, si l'on tient compte des slogans pleins de guimauve et de bons sentiments distillés par les tracts de l'association, tels que «hidjab is my beauty» ou «ton voile propage la lumière». «Celle qui a grandi avec le voile ne sera jamais tentée par une mauvaise vie, elle sait que le Paradis est plus cher qu'un simple morceau de tissu», est-il écrit.
Les responsables de l'association, offensés par article publié dans un journal arabophone, n'ont pas voulu répondre à nos questions.
Mais ils ne se privent pas de brandir leurs actions, tel un butin, sur internet : l'entrée en islam de deux Ougandaises, 28 filles voilées en 2009 dont la plus jeune – 8 ans – est non-voyante, 33 en 2010, plus de 80 ont «retrouvé la voie de la raison» en 2011 et pas moins de 120 fillettes voilées en 2012. Les représentants d'El Daâwa assurent que les fillettes sont suivies par des psychologues qui jaugent leur volonté et leur détermination à mettre le foulard. Ils publient pourtant, la photo, prise lors d'une précédente cérémonie, d'une fillette atteinte de troubles mentaux qui aurait «insisté» pour mettre le hidjab.
Le projet se limite, pour l'heure, à la wilaya de Blida – «c'est la presse du mensonge et de la honte qui a dit que nous avions élargi notre initiative à d'autres villes», grogne un représentant de l'association – mais une campagne peut en cacher une autre. Dalila Iamarène, sociologue et activiste dans le réseau Wassyla, y voit un projet ayant des enjeux politiques : «Il y a un tel formatage des esprits à travers les medias, les chaînes de télévision, tous ces cheikhs de tous les pays qui lancent des fatwas absurdes dans la presse à sensation, un tel matraquage où l'on rend les femmes responsables de toutes les turpitudes (…). Ce que nous voyons des suites du Printemps arabe, ce qui se passe en Tunisie, en Egypte nous donne un avant-goût des intérêts politiques des pays du Golfe et de leurs pratiques sociales, les mêmes dérives que nous voyons s'installer progressivement dans notre pays.» L'association est soutenue par l'organisation estudiantine UGEL (Union générale des étudiants libres) ainsi que par l'association bénévole pour les orphelins Kafil Yatim. Ensemble, ils assurent aussi le programme «Pour que ton hidjab soit correct» destiné à remettre les étudiantes sur la bonne voie et abandonner ainsi le hidjab «à la mode» pour un voile répondant mieux aux préceptes religieux.
Les cheikhs de l'association tiennent des propos aux accents incantatoires, ponctués de références aux sourates et hadiths, mais apportant, sur le fond, des idées confuses. Ils livrent ainsi sur leur site internet (post du 6 janvier 2013), leur conception de la place de la femme dans la société algérienne : «Beaucoup de personnes croient que pour qu'une femme participe au développement, elle doit travailler et fréquenter des hommes, pour qu'elle ait son identité propre et pour jouer ainsi son rôle dans la société. Cela est faux, car elle peut jouer un grand rôle à partir de sa maison.» Et d'ajouter : « Malgré tous les droits que Dieu a donné à la femme, elle reste insatisfaite car l'Occident lui fait penser qu'elle est soumise, emprisonnée, qu'elle est une femme à plaindre (…). Celle qui passe des heures à se couvrir de peinture ne se sent pas plus libre de montrer son vrai visage.» Fatma Boufenik se montre surprise du fait que «les institutions d'Etat de droit et la justice aient laissé faire». «Les associations féminines, dit-elle, n'ont pas à elles seules la responsabilité de protéger les citoyens et citoyennes. C'est l'Etat qui doit être garant du respect des libertés. Il est certain que la société civile, dans son ensemble, et pas seulement les associations de femmes, doit être vigilante, en veille, dénoncer les dérapages et interpeller le pouvoir en place.»
Tous nos efforts pour joindre des responsables du ministère des Affaires religieuses sont restés vains.
S'il est vrai que le hidjab a permis à certaines femmes d'avoir plus de liberté et de mener une vie active, si beaucoup réfutent la soumission de la femme dans le port du voile, il est à s'interroger sur les conséquences d'une telle action sur des fillettes auxquelles on inculque, à l'âge de l'innocence, qu'elles ne sont qu'un péché et un objet de désir masculin. Comment pourront-elles, un jour, s'imposer dans une société misogyne et aspirer à l'égalité ou à l'émancipation ?


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