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«Il ne faut pas s'attendre à de vastes réformes»
Karim Emile Bitar. Directeur de recherche à l'IRIS
Publié dans El Watan le 18 - 04 - 2013

-Le prince milliardaire saoudien Al Walid Ben Talal a appelé, il y a quelques jours, à organiser, en Arabie Saoudite, des élections, même partielles, du majlis al choura et à élargir les prérogatives de cette instance consultative. Pensez-vous que ce soit les prémices d'un changement de cap dans le système de gouvernance dans ce pays ?
Il ne faut pas s'attendre à de vastes réformes. D'abord, parce que ce régime demeure profondément réactionnaire et craint le moindre changement. Ensuite, parce que le roi, âgé et malade, il commence à naître une guerre de succession avec plusieurs courants au sein de la famille royale et que ce contexte n'est guère propice aux grands bouleversements. Tout au plus, y aura-t-il quelques concessions de pure forme pour des raisons liées aux relations publiques. On ne voit pas comment l'Arabie Saoudite réformerait son système, alors même que partout ailleurs, elle mène la contre-révolution pour endiguer le Printemps arabe.
-Il y a pourtant de petits signes qui semblent indiquer que l'Arabie Saoudite, telle qu'elle est actuellement, est condamnée à changer. On citera, notamment, la dernière décision du roi d'accorder 30 sièges aux femmes dans le Conseil consultatif qui est en soi une première dans un pays aussi fermé… Qu'en pensez-vous ?
Face au vent révolutionnaire qui souffle dans la région, la monarchie saoudienne, comme tous les régimes arabes, cherche à maintenir son emprise en combinant fermeté et concessions. Dans un premier temps, le pouvoir a cherché à utiliser la rente pétrolière pour acheter la paix sociale. Plus de 130 milliards de dollars ont été débloqués par le roi d'Arabie Saoudite pour des projets liés à l'emploi, au logement, aux infrastructures et à la santé. Mais les révolutions arabes étant d'abord des révolutions de la dignité, la générosité financière ne suffit pas pour étouffer les revendications de liberté et de changement.
Le pouvoir a donc pris conscience qu'il fallait également faire des concessions sur la question très sensible des droits des femmes. Pour ce qui est du timing, la monarchie saoudienne a attendu que les premiers orages passent et que les révoltes du Bahreïn soient matées pour annoncer cette réforme, qui ne prendra effet qu'en 2015. Les quelques dizaines de femmes saoudiennes, qui ont eu le courage d'enfreindre la loi pour prendre le volant, ont obtenu une couverture médiatique exceptionnelle, notamment en Occident. Cela a permis aux réformateurs et progressistes saoudiens de ne pas perdre le moment et de poursuivre leur contestation à travers cette question très symbolique.
-De plus en plus de voix s'élèvent pour réclamer des réformes politiques en Arabie Saoudite. S'agit-il d'initiatives éparses et conjoncturelles ou d'une réelle lame de fond avec, comme point d'orgue, la remise en cause de la dynastie wahhabite ?
Le clergé officiel, même dans sa branche radicale, est totalement inféodé au pouvoir. Le grand mufti, Abdel Aziz Ben Abdallah Ali El Sheikh, était très fermement opposé à l'octroi du droit de vote aux femmes et ne manquait aucune occasion pour dire le mal qu'il pensait de cette revendication. Pourtant, quelques heures à peine après que le roi ait annoncé sa décision, le grand mufti a salué cette réforme et lui a soudainement trouvé toutes les vertus. Donc les religieux, qui sont organiquement liés au pouvoir, ne poseront pas de problème.
Par contre, plusieurs tribus et mouvances conservatrices ne manqueront pas d'y voir un dangereux relâchement et une mise en danger de la tradition wahhabite. Ils chercheront à retarder l'entrée en vigueur de ces mesures. Un caricaturiste a bien résumé le paradoxe. Les femmes auront le droit de vote, mais restent dépendantes de leur mari pour se déplacer jusqu'au bureau de vote, puisqu'elles ne peuvent conduire ou sortir seules. Il s'agit bien d'une mesure destinée aux relations publiques, à la com et à l'Occident. Il s'agit de complaire au parrain américain pour conserver son soutien.
L'Amérique pourra ainsi évoquer cette réforme, lorsqu'on lui reprochera l'hypocrisie de son soutien à l'Arabie Saoudite. Mais on ne peut pas parler de véritable avancée, puisque les femmes demeurent sous tutelle, vivent dans une situation de «gender apartheid» (apartheid du genre, ndlr) et qu'en tout état de cause, ces organismes sont purement consultatifs et n'ont aucun pouvoir réel. Et on oublie souvent de dire que les femmes ne pourront exercer ce droit de vote qu'après avoir obtenu l'accord… d'un homme de leur famille !
-Vous pensez donc que ces petits «acquis» ne sont qu'un écran de fumée…
Dans un contexte qui est celui d'une monarchie absolue et absolutiste, où les hommes et les femmes sont des sujets et non pas des citoyens, tous les «droits» ne sont que des droits octroyés par le bon vouloir du roi, et non pas des droits inaliénables, dont sont dotés des individus qui sont nés libres et égaux. L'Arabie Saoudite étant le seul pays au monde qui porte le nom d'une famille, nous sommes encore à des années-lumière du concept de citoyenneté et de droits politiques. Et la situation économique et sociale est en effet problématique.
Malgré toute la richesse pétrolière, le taux de chômage des jeunes demeure très élevé, ainsi que le nombre des Saoudiens vivant sous le seuil de pauvreté. Après le boom démographique de ces 40 dernières années, qui a fait passer la population saoudienne de 6 millions, en 1970, à 28 millions aujourd'hui, la grogne et les revendications ne cessent de croître, notamment chez les jeunes. On estime qu'entre 3 et 4 millions de Saoudiens vivent en dessous du seuil de pauvreté, c'est-à-dire en Arabie avec moins de 17 dollars par jour. Dans le secteur privé, le salaire moyen n'excède pas 850 dollars et beaucoup n'arrivent pas à se loger. Le pays devra construire deux millions de logements dans les années à venir
-L'éclosion du Qatar sur la scène régionale se fait-elle au détriment de l'Arabie Saoudite avec la bénédiction américaine ?
Lorsque les vents révolutionnaires ont touché le Bahreïn, c'est-à-dire la porte à côté, le Qatar et l'Arabie Saoudite ont temporairement mis en sourdine leur traditionnelle rivalité mimétique pour faire face ensemble au danger. Quelques mois plus tard, les tensions ont de nouveau surgi. L'Arabie Saoudite ne voit pas d'un très bon œil la rapide montée en puissance diplomatique du Qatar et sa percée sur la scène internationale. En Syrie, les deux pays ont le même objectif, faire chuter Assad pour affaiblir l'Iran, mais ils ne soutiennent pas les mêmes courants. Le Qatar a tendance à accorder son soutien à la mouvance des Frères musulmans, tandis que l'Arabie soutient plutôt les salafistes.


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