Le général-major Ahmed Gaïd Salah, en visite à Paris depuis avant-hier, sur invitation du chef d'état-major des armées françaises, le général Henri Bentegeat, s'est rendu, hier, sur le site de Giat, un groupe spécialisé dans l'industrie de l'armement, situé dans la région parisienne. Selon l'APS, l'activité de ce groupe industriel dans ses différents domaines de production a été présentée au général-major Gaïd Salah. Spécialisé dans les systèmes blindés de combat, Giat Industries concentre ses activités pour la réponse aux besoins des armées de terre. Son domaine d'activité s'étend également à la fourniture d'équipements et de munitions pour les armées de l'air et de terre, la marine et la police. Le chef d'état-major de l'ANP a visité aussi la Direction centrale du matériel de l'armée de terre française (DCMAT) où il s'est enquis de son activité. Auparavant, Gaïd Salah s'est entretenu, avant-hier, avec le chef d'état-major des armées françaises ainsi qu'avec la ministre de la Défense, Mme Michèle Alliot-Marie. L'entretien, selon une dépêche laconique de l'APS, a porté sur la coopération militaire bilatérale et sur l'examen de questions d'intérêt commun. Le déplacement de Gaïd Salah, faut-il le souligner, intervient dans un contexte de tension politique caractérisant les relations bilatérales entre Alger et Paris, notamment, dans le volet historique. Cependant, la visite du Medef en Algérie et le voyage de Gaïd Salah à Paris peuvent signifier que les relations militaires et économiques restent au beau fixe et épargnées par la tempête de la polémique. La visite du chef d'état-major de l'ANP fait suite, également, à celle effectuée en Algérie par le chef d'état-major des armées françaises les 16 et 17 juin 2003, suivie, juste après, de celle « historique » de la ministre de la Défense française, Mme Michèle Alliot-Marie, en juillet 2004. A l'issue de cette visite, les deux pays avaient décidé d'inaugurer leur partenariat dans le domaine militaire par la signature d'une convention de coopération militaire et technique et d'un accord intergouvernemental portant sur les questions de sécurité. Mme Alliot-Marie avait déclaré que ces deux projets « permettront aux deux pays d'inscrire leurs relations en matière de défense et de sécurité dans l'efficacité et la durée ». Les grands axes de coopération entre l'Algérie et la France consistent dans la formation, les échanges de renseignements et d'expériences et la lutte contre le terrorisme. La France se montre très attentive à la sécurité dans la région et s'est montrée enthousiaste pour la mise en œuvre d'une action commune pour renforcer la sécurité en Méditerranée entre les trois pays du Maghreb (Algérie, Tunisie et Maroc) et des pays de l'Europe de l'Ouest, tels que la France, l'Espagne, le Portugal et l'Italie. Depuis quelques années, les armées algérienne et française tentent de construire et de dynamiser leur coopération en visant à traduire sur le terrain de la défense une volonté insufflée au plus haut niveau politique, à savoir la Déclaration d'Alger signée par les présidents Bouteflika et Chirac. Lors de sa visite, la ministre de la Défense française avait souhaité un partenariat « plus large » dans la coopération militaire qui serait réalisé dans un accord-cadre dès l'automne ayant suivi sa visite. Le projet devrait comporter trois volets, dont la formation des troupes algériennes, la modernisation de leur équipement et la conduite d'exercices communs. L'Algérie et la France prévoyaient, selon madame la ministre, « des accords d'armements dans l'idée de l'interopérabilité entre les deux armées ». Cependant, le problème de l'interopérabilité et de la compatibilité constitue un sérieux écueil, notamment, en matière d'équipement et d'armement. En fait, l'armée algérienne se rapproche plus de l'architecture de l'armée russe que de celle de la France. Il s'agit, principalement, des équipements de la lutte antiterroriste comme le matériel de vision nocturne ou les hélicoptères. Pour le moment, seul le volet formation a connu une concrétisation sur le terrain avec la formation des militaires algériens dans des écoles françaises. Le projet d'acquisition par l'Algérie de Rafale et Mirage de la France n'a pu être réalisé à cause du coût humain et matériel jugé excessif d'autant plus que les appareils français ne s'intégraient pas dans le système de l'armée algérienne. Mais l'Algérie tient à son projet de modernisation et de professionnalisation de l'ANP avec des impératifs de lutte contre le terrorisme, la sécurité dans la région du Maghreb. Ainsi, les responsables militaires se sont déployés dans des Relations bilatérales et Multilatérales avec l'Otan, la Russie, les USA et la France. La visite de Gaïd Salah en France focalisera-t-elle sur l'aspect formation ou s'élargira-t-elle à la signature d'un contrat d'achat d'armes, sachant que l'Algérie semble opter pour la diversification de ses fournisseurs en équipements militaires.
