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Juste un mot : l'homme n'est qu'un homme (2)
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Publié dans El Watan le 18 - 07 - 2013

Nous devons notre inspiration aujourd'hui à un court métrage fiction de l'ami, Sembene Ousmane, intitulé Borom Sarret, son premier film qu'il réalisa en 1963. Sembene était certes un grand cinéaste, mais il était aussi et d'abord un magnifique écrivain que nous tenterons de rejoindre avec toute notre imagination et surtout notre naïveté. Notre ami raconte l'histoire d'un chauffeur de taxi qui a une particularité, celle de conduire une charrette tirée par un cheval aussi pauvre et malingre que son maître. Le cinéaste nous présente cet homme comme un modèle professionnel.
Prenant tout au sérieux, surtout lui-même, il sait tout et a réponse à tout. Il a cependant quelque chose de caractéristique : sa peur des autorités et surtout du policier en tenue avec son sifflet, son bâton, qui abuse de son pouvoir, méprise les pauvres gens, en un mot «hagar». Il travaille dans un quartier pauvre de Dakar et doit obéir à une règle précise et intangible qui lui interdit de se rendre dans les quartiers «européens». Cette règle, il l'a toujours respectée scrupuleusement. Sembene nous fait comprendre avec intelligence, humour et de nombreux sous-entendus (on rit d'ailleurs beaucoup pendant le film) que son récit se déroule dans un Sénégal indépendant, dans une capitale, Dakar, où rien ne semble avoir changé depuis le départ des autorités coloniales. Il y a toujours des quartiers africains avec des bidonvilles et des quartiers européens avec des immeubles. Nous ne sommes pas loin ici et le film le montre avec talent, des thèses de Frantz Fanon tant nous pensons à l'un de ses livres culte, Peau noire et masque blanc.
Notre «borom sarret» travaille donc à l'intérieur des frontières qui lui ont été tracées. Il gagne un peu d'argent, de quoi vivre, même difficilement, lui et sa petite famille. Ainsi, on le voit transporter une vieille dame qui ramène son sac de riz à la maison, et qui négocie le prix de la course au centime près car, explique-t-elle, le prix du riz n'arrête pas d'augmenter. Il transporte ensuite un vieil homme et ses dix briques destinées à colmater des brèches dans sa maison. Notre chauffeur nous émeut vraiment quand on le voit transporter un citoyen qui va enterrer son bébé, et qu'il pousse l'amitié et la solidarité jusqu'à l'assister dans cette si triste et poignante cérémonie.
Le film bascule au moment où notre héros est interpellé par un jeune Sénégalais en costard sombre et cravate, portant chapeau, lunettes ray-ban et même parapluie, en somme toute la panoplie de l'arriviste type, comme il en existe beaucoup chez nous. Ce dernier demande au «taxieur» de l'emmener dans les quartiers européens. Notre bonhomme refuse et lui explique qu'il n'a absolument pas le droit de s'y rendre. L'arriviste insiste et déclare avec assurance : «Ne t'inquiète pas. Je connais le ministre, le préfet, le directeur de la police, etc. Ce sont tous mes amis et ils font tout ce que je leur demande. D'ailleurs, je vais intervenir dès aujourd'hui pour que tu obtiennes une automobile. Tu feras le taxi moderne et tu en auras ainsi fini avec ta charrette et ton cheval.»
Effrayé par l'idée d'enfreindre la fameuse règle, notre chauffeur trouve enfin l'argument qui lui semble imparable : «Que ferai-je si, en plein milieu de ces quartiers, mon cheval éprouve soudain le besoin de se soulager ?» Rien n'y fait. L'énergumène ne lâche pas prise. Il va même jusqu'à tenter de le culpabiliser en lui disant qu'à cause de lui, il risquait de rater une grosse affaire ! En fin de compte, notre chauffeur accepte. Il cède à son «élégant» client le coussin sur lequel il était assis, et les voilà tous deux partis vers les quartiers européens. Le cheval venait juste de poser ses sabots sur le bitume propre des quartiers chics que le coup de sifflet strident et tant redouté se fait entendre. A peine la charrette est-elle immobilisée sur le bas-côté que l'arriviste prend ses jambes à son cou et détale comme un lapin, laissant notre pauvre chauffeur seul face au policier.
Celui-ci lui retire ses papiers, lui dresse un PV et lui confisque sa charrette. Il ne reste à notre pauvre homme qu'à dételer son cheval et à prendre, à pied, le chemin de sa maison, triste et abattu. Arrivé à quelques mètres de chez lui, il aperçoit sa femme sur le pas de la porte, leur enfant dans les bras. Elle pressentait l'événement, ce drame depuis fort longtemps et rapidement grâce au tam-tam africain, elle avait tout su, tout compris, et s'était habillée, maquillée en conséquence, pour devenir belle et attirante. Lorsque son mari parvient à son niveau, elle lui tend le bébé et d'un ton fataliste, à la fois résigné et décidé, elle lui dit : «S'il pleure, donne-lui un biberon d'eau chaude avec un peu de sucre. Quant à moi, je sais ce qu'il me reste à faire…»


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