Après une absence relativement longue, Khaled revient à Paris pour un concert unique à la salle de l'Olympia, le 13 novembre prochain. Paris De notre correspondant Habitué du lieu, le roi de la musique raï est attendu avec impatience par ses nombreux inconditionnels. Ils piaffent d'écouter ses mélodies à la fois jazzy et traditionnelles, interprétées avec une voix hors du commun et un orchestre qui le suit depuis des années. Le concert de l'Olympia aura sans doute pour thème la «liberté», en référence au titre de son dernier album. Loin des sonorités mondialisées, Khaled est revenu aux sources du raï, tel que chanté dans les bas-fonds de la société algérienne, notamment dans l'ouest du pays, comme Oran, Mostaganem ou encore Sidi Bel Abbès. Avec Liberté, Khaled a retrouvé les influences de ses débuts avant qu'il ne devienne une «star» planétaire. Dans une interview accordée à l'hebdomadaire marocain Tel Quel, le fils d'Oran raconte avoir été bercé par la musique andalouse, française, maghrébine et arabe. Mais pas que, puisqu'il éprouve également un faible pour la musique gnaouie qui, selon lui, exorcise les démons qui habitent les âmes. Vivant entre Paris et le Luxembourg, où il est installé avec sa femme et leurs trois filles depuis sept ans, Khaled continue, malgré les milliers de concerts donnés aux quatre coins du monde, de sillonner la planète. L'été dernier, c'est au Maroc où il a donné plusieurs spectacles, aidé sans doute par sa femme, d'origine marocaine, qui s'occupe du volet organisation. «Le roi Mohamed VI est un ami» Enjoué, ouvert d'esprit, sans la grosse tête et toujours proche des gens, l'enfant d'Oran a réussi à imposer la musique raï sur des scènes qui lui étaient ordinairement hostiles. Entouré de grands musiciens et paroliers, comme Jean-Jaques Goldman, il a réussi à marier le raï avec le jazz, le fado, la musique classique et avec bien d'autres genres. Adulé par la jeunesse, car chantant la misère sociale et sexuelle à laquelle cettte dernière fait face, Khaled a toujours été l'interprète fidèle des maux qui traversent la société algérienne et maghrébine. Au Maroc, il est écouté et respecté. Ses concerts attirent plusieurs milliers de personnes, et ses chansons sont reprises en chœur. Se sentant citoyen du monde, Khaled a accepté la nationalité marocaine. Ses liens privilégiés avec le roi Mohamed VI et les multiples amitiés qu'il cultive avec les gens de ce pays ont fini par le convaincre qu'il n'y avait finalement pas de frontières ni de différences entre l'Algérie et le Maroc, si ce n'est celles créées par les régimes en place. Proche du roi, il s'enorgueillit même d'être un ami de la famille. «J'ai côtoyé le roi du Maroc lorsqu'il était prince. Puis, quand il est devenu roi il ne m'a pas tourné le dos. Il n'a pas changé et ça me touche. D'ailleurs, il m'invite toujours chez lui quand je suis au Maroc», a révélé le chanteur oranais à Tel quel. Qualifiant la fermeture des frontières des deux pays voisins «d'aberration», Khaled raconte avoir vu, petit, des policiers algériens refoulant des Marocains vers leur pays d'origine. «A Oran, on a tous des amis (marocains ndlr) qui ont été déportés, des gens qu'on a cachés et d'autres qu'on a mariés de force pour qu'ils puisent rester en Algérie», a-t-il confié. Khaled, qui pourtant est un néophyte en politique, a comparé cette situation à celle des juifs durant la Seconde Guerre mondiale…