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De la citadelle obscure au jardin fleuri
M'hamed Benguettaf se retire de la scène
Publié dans El Watan le 07 - 01 - 2014

L'année 2014 débute avec une immense perte pour l'Algérie.
Le décès de l'homme de théâtre M'hamed Benguettaf a été annoncé dans la nuit du 5 au 6 janvier. Le directeur du Théâtre national Mahieddine Bachtarzi d'Alger (TNA) est parti dans le silence d'une soirée d'hiver à l'âge de 75 ans.
Il n'aura pas le temps de terminer l'écriture d'une dernière pièce qu'il voulait dédier aux Palestiniens. «Il a entamé l'écriture du texte depuis cinq mois. Il m'en a lu un extrait», s'est rappelé Benbrahim Fathnour, resté auprès du défunt jusqu'au dernier moment. «Il était un père et un grand frère pour moi. Je n'ai jamais senti qu'il était mon directeur. Il me consultait sur certaines choses. Nous étions d'accord sur l'idée que le théâtre doit appartenir à la jeunesse et qu'il fallait chercher les talents dans l'Algérie profonde», a-t-il ajouté. Au TNA, M'hamed Benguettaf a ouvert les portes aux jeunes comédiens de Tamanrasset, d'Adrar, de Ouargla et de Laghouat.
Le TNA organise depuis huit ans des journées au théâtre du Sud.
Tamanrasset attend depuis des années la construction de son théâtre régional malgré l'engagement par l'Etat de fonds pour la réalisation du projet.
M'hamed Benguettaf n'a malheureusement pas écrit ses mémoires. Benbrahim Fathnour, chargé de la communication au TNA, et Nacer Khellaf, chercheur en arts dramatiques, ont enregistré pendant des mois des confidences du comédien et metteur en scène disparu. «Il nous disait : écrivez tout cela après !» Il rêvait d'inaugurer un théâtre régional dans le Sud algérien et monter une dernière pièce. Souvent, il donnait des textes à des jeunes metteurs en scène pour monter de nouvelles pièces et les mettre à l'épreuve. Il était toujours heureux de découvrir de nouveaux talents. Pour lui, la relève est assurée.
Son credo était la formation... Il a donné la chance aux femmes pour occuper la scène en lançant le mois de la création féminine. Manifestation qui se déroule en mars de chaque année», a souligné Fathnour Benbrahim. «Benguettaf a trouvé le TNA comme une citadelle abandonnée dans le noir. Il en a fait un jardin fleuri. J'espère que celui qui va le remplacer terminera l'œuvre du défunt. Ce qui a été fait ne doit pas être effacé. Ce qui a été fait est important pour le théâtre algérien dans son ensemble», a-t-il plaidé.
M'hamed Benguettaf a dirigé le TNA de 2003 jusqu'à son décès. Il a donné une dimension retentissante au Festival national du théâtre professionnel (FNTP) qui se tient chaque printemps à Alger. Le festival est devenu le carrefour de la création théâtrale en Algérie.
Il a créé l'espace «Echo de plumes», animé par le poète et romancier Abderrazk Boukeba, pour rapprocher les auteurs des textes dramatiques des professionnels des planches.
M'hamed Benguettaf ne croyait pas «à la crise» des textes souvent évoquée pour «justifier» la faiblesse artistique de certaines pièces. «Au TNA, Benguettaf a ouvert un pont à la presse. Pour lui, la presse est un partenaire. Il a donné instruction aux agent de ne jamais demander aux journalistes de présenter une carte professionnelle ou un ordre de mission», a confié Fathnour Benbrahim. M'hamed Benguettaf avait accompagné la petite ouverture démocratique en Algérie, au début des années 1990, en créant avec Ziani Cherif Ayad, Sonia Mekkiou et Azzedine Medjoubi, Masrah Al Kalâa, une coopérative indépendante.
Hassan Assous, directeur du Théâtre régional de Sidi Bel Abbès, a connu M'hamed Benguettaf dans les années 1970 à Alger. «A l'époque, des débats étaient organisés à la Cinémathèque d'Alger. C'était là où l'on se rencontrait, passait des soirées ensemble. En rentrant chez nous, tard dans la nuit, on passait par la place du 1er Mai, là où M'hamed habitait. Son appartement situé au dernier étage d'un immeuble était toujours illuminé. On se disait que M'hamed était en train d'écrire des pièces ! Il était un acteur talentueux. On venait l'applaudir au théâtre. Il a traduit Kateb Yacine, L'homme aux sandales au caoutchouc. Il est passé à l'adaptation puis à la création. Presque soixante ans d'action pour le théâtre sans oublier le travail à la radio», a soutenu Hassan Assous.
M'hamed Benguettaf avait intégré la Radio algérienne dès 1963.
Il avait contribué à lancer le théâtre radiophonique. Selon Hassan Assous, M'hamed Benguettaf avait réussi le projet théâtral de «Alger, capitale de la culture arabe» en 2007. «C'est tout de même, une carrière. Le plus important est qu'il était un autodidacte. Il est natif de la Glacière, un quartier populaire à Alger. Il a passé sa jeunesse avec le petit peuple. Il a fait beaucoup de choses au TNA, à Annaba auparavant. Avec lui, le TNA a été ouvert à la création des jeunes. Bravo pour tout ce qu'il fait !», a déclaré Hassan Assous.
Djamel Marir, metteur en scène au Théâtre régional de Annaba, va dans le même sens que Hassan Assous. «Benguettaf est resté toute sa vie un homme de théâtre. Il a beaucoup donné à la pratique théâtrale en Algérie. Il a aidé de nombreuses associations de jeunes à émerger. Personne ne peut nier sa générosité et sa bonté. Nous avons perdu une plume aussi puisqu'il avait une expérience riche dans le domaine de la dramaturgie. Il va laisser un grand vide», a-t-il souligné.
Djamel Marir a rencontré M'hamed Benguettaf en 1974 lors du tournage du film de Mohamed Slim Riad, Sanaoud (nous reviendrons). «A l'époque, je venais juste de terminer mes études et c'était ma première expérience cinématographique. Benguettaf m'avait beaucoup aidé, m'avait pris en charge pendant toute la période de tournage. Quand j'étais directeur du théâtre régional de Annaba, j'ai coproduit une pièce avec Masrah El Qlâa.
Il a toujours été une partenaire qui croyait à ce qu'il faisait», s'est-il souvenu.
Habib Ayoub, directeur de l'Institut supérieur pour les métiers de scène et de l'audiovisuel (Ismas), a gardé un bon souvenir de la représentation de la pièce Fatma de M'hamed Benguettaf (mise en scène par Ziani Chérif Ayad), à l'occasion de l'Année de l'Algérie en France en 2003. «Benguettaf faisait attention de son écriture à la compréhension des petites gens.
Même traduits, ses textes gardaient toujours une certaine spontanéité et une certaine sensibilité», a-t-il relevé. Al Tamrine (La répétition) a été la dernière pièce mise en scène par M'hamed Benguettaf. Selon Khalida Toumi, ministre de la Culture, le défunt était engagé à préparer le programme théâtral de Constantine, capitale de la culture arabe 2015. Malgré sa maladie, M'hamed Benguettaf restait un homme très actif dans le vaste champ du 4e art.


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