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Le cinéma algérien est schizo
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Publié dans El Watan le 17 - 01 - 2014

Il y a deux cinémas en Algérie. Celui qui glorifie l'histoire, le présent sans pour autant lui confier les résonances de l'actualité. Les films sont médiatisés en Algérie mais pas à l'étranger, sauf exception. Et celui qui voit, interroge, doute, dont les films sont plus souvent montrés à l'étranger, mais rarement en Algérie. Au milieu de tout ça, peut-on évoquer un cinéma officiel et officieux ? El Watan week-end a enquêté.
Depuis une décennie, le cinéma algérien se caractérise (très) nettement par deux tendances filmiques. D'une part, les questionnements habituels autour de l'histoire, d'autre part, une propension de certains cinéastes à vouloir dessiner les contours du présent. D'un cinéma officiel face à quelque chose de plus officieux. D'un cinéma financé, raconté et médiatisé autrement face à une autre idée du 7e art, plus bricolé mais tout aussi –si ce n'est davantage– pertinent. Etat des lieux.
4 août 2013. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, signe quatre décrets, publiés dans le Journal officiel. Ils portent les numéros «13-275», «13-276», «13-277» et «13-278» et visent à reconsidérer «autrement» le système de production cinématographique. Depuis cette date, les autorisations et visa sont obtenues de manières différentes (il faut intégrer dans son dossier «le ou les diplômes, certificats ou tout autre document attestant des compétences ou références professionnelles du demandeur se rapportant à l'activité cinématographique pour laquelle l'autorisation est demandée»), la commission de visionnage des films est créée et renforcée par des aspects plus radicaux et surtout le système de professionnalisation s'étale dans la fabrication d'un film. Aujourd'hui, un Algérien désireux produire un film se doit d'être muni d'une carte professionnelle. Toutes ces nouvelles lois furent plus ou moins lues par les «professionnels de la profession» dont certains élevèrent la voix en pointant du doigt cette pensée autocratique du cinéma.
Tendances
Représentant une minorité conséquente, leurs réclamations n'ébranlèrent aucunement le paysage artistique algérien. Or, si nous analysons minutieusement ces trois décrets, si nous réécoutons les protestations, deux tendances cinématographiques se dessinent. Deux manières de mettre en scène un film, de le concevoir, de le penser. Dans les arcanes du cinéma algérien, il est usuel d'entendre les termes «cinéma officiel» & «cinéma officieux». Deux expressions antinomiques qui pourraient «réellement» et «définitivement» désamorcer le noyau du filmage en algérien avec son lot de processus administratifs kafkaïens, ses films épousant une cause et surtout ses médiatisations d'une certaine forme d'images. A ce stade, peut-être que les décrets votés et appliqués depuis l'été 2013 segmenteraient le cinéma algérien. Quand on pose la question à Karim Moussaoui, il sourit et lance une réponse tranchante : «mon film ne fait partie ni du cinéma officiel ni officieux. Il fait partie d'un cinéma, je le souhaite populaire et indépendant.» Moussaoui, on le connaît.
Cinéaste (trois courts métrages), parcourant depuis septembre 2013 les festivals internationaux avec son dernier film, Jours d'avant, beau regard sur l'Algérie des années 90, sur cette guerre sans nom, par le prisme d'une amourette adolescente. Moussaoui : «Les Jours d'avant n'est pas une commande, c'est un projet personnel. Malheureusement, il n'a pas reçu l'aide du Fdatic. Je ne connais pas les raisons de ce refus, donc je ne veux pas spéculer là-dessus.»
Conflit
Le constat est d'autant surprenant que cet organisme de subvention, le seul qui soit étatique, le seul existant en Algérie, a pour vocation d'aider la jeunesse à s'exprimer à travers la culture et le cinéma. Cette question s'est répandue sur toutes les lèvres et la réponse ne vint jamais. Ou alors discrètement comme celle de ce membre du Fdatic : «C'est comme le cinéma officiel et officieux. Il y a un discours qui vise à caresser dans le sens du poil et un autre qui radicalise. Nous avons raté le coche avec Jours d'avant car nous avions peur que ce film devienne incontrôlable, qu'il motive d'autres personnes à réitérer ce genre de film. Nous préférons –c'est la directive principale– aider des films qui poursuivraient une certaine sacralisation des thématiques algériennes. Ce qui est effrayant, c'est de savoir que parmi les membres de cette commission, certains n'ont jamais mis les pieds dans une salle de cinéma.
Ça montre le revers de la médaille.» Or, personne n'est dupe de cet état des lieux, comme le remarque le réalisateur Malek Bensmaïl (La Chine est encore loin, Le Grand Jeu) : «On sait que ces sujets lèveront du fonds, donc un business se crée et il n'y a plus réellement de films faits par envie. Nous sommes toujours dans l'idée de désigner un ennemi, pas la nation, mais les autres. Donc l'occidental, la guerre, les islamophobes. Alors que la société algérienne fourmille de sujets incroyables qui s'inscrivent dans sa contemporanéité tels que la ruralité, le monde des étudiants, les femmes, la confrontation avec l'émigration d'Afrique subsaharienne. Nous sommes dans un business !»
Propagande
A cela, d'autres personnes du «milieu» constatent un véritable dysfonctionnement dans le système de financement et de production, cas de conscience qui couperait la poire du cinéma en deux. Ahmed Bedjaoui, ex-conseiller en cinéma du ministre de la Culture, se montre sceptique quant aux effets néfastes du monopole étatique dans la production cinématographique : «Le fait qu'une entreprise publique soit productrice ou coproductrice de tous les projets cinématographiques (en utilisant des financements publics et sans fournir de prestation technique) accentue encore cet aspect officiel. Un autre type de production de films est en train de se développer, en particulier chez les jeunes, mais on peut moins parler de cinéma officieux que de tentative de cinéma marginal.» De ce fait, une tendance se crée dans la narration. Le récit sur l'histoire et celui qui tourne autour.
Karim Moussaoui : «Le cinéma d'après-guerre est très important, il raconte cette période de la lutte pour l'indépendance. Mais on nous impose un regard officiel avec son lot de concepts, la figure du héros, la bravoure, la pureté... tout cela me semble un peu tiré d'un roman de science fiction. Il est plus intéressant pour moi de raconter l'histoire d'un Ali la Pointe, a priori proxénète, et de comprendre son cheminement personnel, de comment il est passé d'un état de proxénète à celui de résistant.» Or depuis 1962, depuis l'indépendance, le cinéma algérien s'est toujours alimenté dans les «magasins» de la guerre ou ceux des thématiques nationalistes telles que la révolution agraire ou le socialisme ambiant, renforçant le niveau propagandiste d'un 7e art.
Individualité
Les (trop) rares exceptions sont celles qui continuent, aujourd'hui en 2014, d'être nommées, d'avoir des résonnances avec le présent. Serait-ce la définition d'un cinéma officiel (passéiste) et officieux (plus ancré sur le présent) ? «Je ne sais pas, répond le cinéaste Djamil Beloucif. Comme si l'officiel était défini au préalable et qu'il ne pouvait produire de l'officieux et vice et versa. A ma connaissance, un film tel que Tahia Ya Didou était une commande dite officielle. Dans chaque film, il y a les deux, ou alors plutôt la vocation des deux. Montrer l'officieux dans de l'officiel et vouloir rendre officiel de l'officieux. Dans cette lecture journalistique “officiel contre officieux“, on altère ce qui se montre, “le cinéma“ qui (se) joue entre deux.» Près de lui, Yanis Koussim, figure du cinéma contemporain algérien, comme Beloucif, renchérit : «Malheureusement, nous ne sommes pas tous des Mohamed Zinet en puissance (auteur de Tahia Ya Didou, ndlr), et il arrive souvent que ces films de commande ne remplissent guère plus que le cahier des charges, sans la plus-value d'un cinéaste qui les transcenderait.»
A cela, Malek Bensmaïl se méfie de ces deux termes : «L'officiel et l'officieux sont deux termes qui sont similaires. Pour moi, l'officieux se caractérise par des propos tenus dans la discrétion, au contraire de l'officiel. Si l'on s'appuie sur l'étymologie, c'est le véritable sens.» Plus loin : «Nous sommes toujours dans du factuel comme s'il fallait être au service de l'histoire officielle et jamais au service du cinéma, de soi en tant que cinéaste, de cette question, comment je dois faire bouger les lignes. Il existe même des cinéastes qui s'autocensurent dans leurs propres créations. Le système a anéanti l'individu. Tout devient collectif. “Notre“ nation, “notre“ guerre, “notre“ histoire. Et malheureusement, la majorité écrit et sert une symbolique collective. Parfois c'est inconscient, ça devient de l'ordre de la psychanalyse. Qu'est-ce que je deviens dans cette histoire ? C'est une question que je retrouve que trop rarement dans les films algériens.»
Oubli
Or, cette question, paradoxalement, se voit, se lit, se ressent dans cette filmographie souvent éclatée, entretenue depuis une décennie par de nouveaux visages, par un cinéma contemporain : «Nous racontons notre époque. C'est logique. Chaque génération a sa lutte, la nôtre aussi», conclut Karim Moussaoui. Ce qui serait de l'ordre de l'officiel serait la représentation purement fantasmée, formatée, inconsciente d'une Algérie des chimères. Cherif Aggoune, auteur de L'Héroïne est catégorique : «Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Notre pays n'a généré que des héros sans peur et sans reproche. Nous n'avons jamais connu de guerre civile. Nous sommes un pays arabe et musulman.» Cet état d'esprit génère une vitrine qui sert l'Etat «ailleurs», dans d'innombrables festivals où les films algériens «suggérés» ne sont pas forcément «critiques» envers la société.
Claire Mazeau-Karoum, productrice (Un été à Alger, Alger by night de Yanis Koussim) remarque que «la politique culturelle qui mélange art et artisanat, culture et folklore, a un dessein très clair : donner une image glorieuse de l'Algérie. Le citoyen lui-même, biberonné à cela, s'indigne dans les débats post-projection de ce que le cinéaste n'ait pas montré un beau pays quand celui-ci a eu l'audace de donner à voir un pays soit sale, soit pris dans de véritables turpitudes sociales. Bref, le cinéma officiel, c'est le cinéma soutenu, celui qui ne dénonce pas, celui qui valorise l'Algérie et en majeure partie dans son rôle de héros et de chef de file des pays indépendantistes et un cinéma officieux, c'est-à-dire indépendant, qui refuse qu'on lui dicte ce qu'il y a à dire sur son pays.»
Division
Il faudrait certainement revoir les termes de cette tendance cinématographique qui prend de l'ampleur depuis le verrouillage étatique à des fins propagandistes, depuis les applications de lois parfois saugrenues, depuis que l'Etat a cerné les enjeux possibles et inimaginables du cinéma. Financement, construction du récit et diplomatie, tels sont les critères d'un cinéma algérien scindé en deux, tout comme le pays : «Aujourd'hui, conclut le cinéaste Omar Belkacemi, on a tous compris que la transformation d'une société n'est possible que par l'art, c'est-à-dire la création. Elle est par essence révolutionnaire, car elle remet en cause l'ordre établi.
Voilà pourquoi les “forces du mal“ ont depuis longtemps et encore aujourd'hui, instrumentalisé ce pouvoir magique qui est le cinéma, afin de servir leurs intérêts et l'intérêt des minorités au pouvoir. Donc il existe un “cinéma de commande“ à des fins purement politico-idéologiques avec un budget astronomique pour épauler cette minorité. Et en face, se trouve un cinéma indépendant et libre, porte-parole de la société, de son humanisme, de cette majorité opprimée et délaissée. Pour résumer, tout ce qui vient de cette minorité est appelé “officiel“, ce qui vient d'ailleurs est de l'“officieux“.»


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