Les défis se multiplient pour les fournisseurs traditionnels de pétrole et de gaz, particulièrement les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Dans sa dernière livraison des perspectives des marchés de l'énergie à l'horizon 2035, la major British Petroleum réaffirme un constat établi : la révolution des schistes bouleversera le marché et l'OPEP verra son influence rognée par de nouveaux producteurs, à leur tête les Etats-Unis qui s'imposeront à terme, grâce aux huiles de schiste, comme acteur incontournable du marché. Le schiste bouleverse l'opep Mais pas que cela, car en plus des facteurs exogènes les pays de l'OPEP devront faire face à des défis endogènes pour maintenir leur place sur le marché. Ainsi, dans son Energy Outlook 2035, la croissance démographique, induisant une forte hausse de la demande en produits énergétiques subventionnés dans ces pays, créera de fortes pressions sur les exportations de pétrole de l'OPEP. Ces derniers devront aussi faire avec des perturbations de la production induite par les tensions géopolitiques touchant les zones de production – le cas de la Libye à titre d'exemple en étant la parfaite illustration. Cependant, BP n'écarte pas la possibilité selon laquelle il faudrait des années pour que les installations à l'arrêt se remettent totalement en production, ce qui offrirait une petite marge de manœuvre aux autres membres du cartel pétrolier. En tout état de cause, le rapport en question estime que la production de l'OPEP ne progressera que de 7,4 millions de barils/jour (mbj) durant la période cible alimentée notamment par la production de l'Irak, contre une hausse de 10,8 mbj de la production des pays hors OPEP, alimentée notamment par les Etats-Unis, le Canada et le Brésil. La consommation de pétrole devrait, quant à elle, ne croître que très faiblement passant d'environ 90 mbj actuellement à 109 mbj à l'horizon 2035. Même si la consommation devrait être portée par l'appétit insatiable des pays émergents, la Chine en tête, un recul sera marqué en zone OCDE, où la demande en gaz prendra le pas sur le pétrole et les produits énergétiques liquides. Combustible dominant en zone OCDE d'ici à 2035, la demande en gaz devrait augmenter en moyenne annuelle de 1,9% sur la période cible. De même que l'offre devrait croître de 1,9% par an. Cependant, les gaz de schiste seront la plus grande source de livraisons supplémentaires de gaz au marché, vu que la production augmentera en moyenne de 6,5%, largement dominée par la production nord-américaine. Néanmoins dès 2020, des producteurs comme la Chine pourraient devenir très influents. Le commerce du GN impactera lui aussi fortement le marché. La part du GNL dans les échanges globaux de gaz passera de 32% en 2012 à plus de 46% d'ici 2035. Cela reflète que malgré une domination du commerce de gaz par gazoduc, sa part devrait reculer au profit du GNL. La demande est, quant à elle, tirée par la région Asie-Pacifique où les importations risquent de tripler pour atteindre 51% des échanges interrégionaux nets à l'horizon 2035.
