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La tricontinentale de 1966 : Au temps de l'idéalisme révolutionnaire
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Publié dans El Watan le 11 - 02 - 2014

1966. L'axe Cuba-Alger a fonctionné l Sous l'égide du Che Guevara qui a œuvré pendant des années, la Tricontinentale se tient à La Havane.Ce sera la seule rencontre au sommet des révolutionnaires du monde entier.
Lyon
De notre correspondant

Ecrivain et reporter, Roger Faligot, dans sa dernière production, Tricontinentale, un livre paru aux éditions La Découverte, fait preuve d'un admirable talent dans les deux registres. Il ne manque plus que l'image pour en faire un documentaire de premier intérêt. L'auteur nous replonge littéralement au milieu des années 1960, entre Cuba et Algérie, avec errance dans le monde entier, du Congo jusqu'à Moscou, du Cap-Vert à la Guinée, du Caire à Dar Esssalam, du Venezuela à la Chine ou en Indochine, où la guerre du Vietnam fait rage, alors que la mémoire du conflit coréen est encore dans les mémoires.
Roger Faligot nous amène à voir un monde en mutation à la suite des guerres anticoloniales qui ont agité et celles qui continuent alors d'agiter de nombreux pays. De Cuba, qui a réussi sa mutation révolutionnaire, à l'Algérie qui a vaincu de belle manière le colon français, une synergie se fait. Elle se veut féconde.
L'axe Fidel Castro et Ahmed Ben Bella (en réalité il faudrait dire le trio Ben Bella/Boumediène/Bouteflika) fonctionne à plein régime, avec un moteur performant : Che Guevera et beaucoup de révolutionnaires qui piaffent d'impatience.
Le révolutionnaire bolivien, ministre de l'Industrie de Cuba, passe en réalité son temps en déplacement d'un coin du monde à l'autre, avec plusieurs haltes mémorables en Algérie. L'objet est de fédérer les aspirations mondiales à la justice et à la dignité, langage de lutte alors en vigueur.
Il s'agit de créer la Tricontinentale, organisation qui regrouperait les forces anti-impérialistes d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine.
Finalement, en janvier 1966, une première réunion se tient à l'hôtel Habana Libre, avec 82 délégations de pays décolonisés, de mouvements de libération afro-asiatiques et de formations de guérilla d'Amérique latine. Parmi ceux qui ont contribué à préparer cette rencontre historique : pour l'Algérie, le président Ahmed Ben Bella. Mais l'homme-clé ne peut être séparé, nous dit Roger Faligot, de la troïka «Boumediène-Bouteflika-Ben Bella». Selon les archives cubaines, nous confie Roger Faligot en exclusivité, les Algériens, avec les erreurs orthographiques possibles,— déjà — Lakhhar Brahimi ; Benguettaf chef de délégation ; Mohamed Harièche ; Abdelkrim Beraïd (ambassadeur au Mali en 2010) ; Mohamed Meghraoui ; Ahmed Zemirline. Pour les autres pays : le Marocain Mehdi Ben Barka (qui avait des liens étroits avec l'Algérie), Che Guevara, Salvador Allende, Ho Chi Minh, Amilcar Cabral, Douglas Bravo ou Régis Debray...
Tous ou presque connurent une fin tragique. L'angélisme révolutionnaire, même lucide et fondé, se heurtait à la surveillance des services de sécurité du monde entier. C'est ce que nous dit Roger Faligot : «Dans le camp américain, on essaie de tout faire pour savoir ce qu'ils font. D'ailleurs, ils inaugurent quelque chose qui aujourd'hui nous retombe dessus, telles la surveillance des aéroports, l'informatisation avec la NSA qui déjà est très importante, qui a des bateaux pour traquer le Che en Afrique et un bateau en face de La Havane. Les moyens engagés sont considérables. Un comité spécial est créé. Les alliés sont plus ou moins actifs. Il y en a qui sont à leur botte et d'autres, comme les Français, qui sont plus réticents, sous la direction du général de Gaulle qui se garde des Américains. Jusqu'à ce que dans les services français, une frange joue différemment avec l'enlèvement de Ben Barka qui est la cheville ouvrière de la Tricontinentale. D'autres cependant sont fidèles à de Gaulle. Du côté soviétique, ils sont embêtés par un mouvement révolutionnaire qu'ils ne maîtrisent pas, mais avec leurs moyens, ils ont du mal à suivre.»
Un grand projet de liquidation d'élites du tiers-monde
Jusqu'à l'échec de la Tricontinentale, lorsque les mouvements vont se satelliser autour de Moscou, comme le fera Cuba. C'est d'ailleurs une des raisons qui a intrigué Faligot : «La problématique était pour moi celle de l'après-guerre froide. A savoir qu'on a pu dire que Cuba était pro-soviétique. Ce n'était pas vrai, au contraire, avec la Tricontinentale le Che, Castro et d'autres tentaient de prendre des distances avec Moscou. Il y a dans mon livre des révélations intéressantes sur les Soviétiques qui font tout pour empêcher la tenue de cette Tricontinentale.»
Et si cela avait réussi, la face du monde en aurait-elle été changée : «Aujourd'hui, dans la situation de mondialisation dans laquelle on est, avec la victoire d'une certaine idéologie libérale, on ne peut pas s'empêcher de se poser la question, et j'espère que mes lecteurs se la poseront, savoir ce qui serait advenu si face à la Tricontinentale les Américains n'avaient pas élaboré un grand projet de liquidation d'élites du Tiers-Monde, singulièrement en Afrique et en Amérique latine, que ce serait-il passé quand on voit la qualité des grands leaders d'alors ?»
En tout état de cause, l'aventure, avec ses risques à peine calculés, était exaltante, avec une certaine gratuité dans la démarche politique : «Beaucoup de ceux que j'ai interviewés m'ont dit que c'était le meilleur moment de leur vie, c'était la fête en même temps, c'est pourquoi, certains me le reprochent d'ailleurs, j'ai mis plein de détails sur la vie quotidienne. C'est important qu'on sache les rapports entre les Africains, les Asiatiques, les Latino-Américains, ce n'était pas simple, il y avait ce côté idéaliste, c'est sûr, mais très vivant», nous confie Roger Faligot. Un vrai roman sur l'histoire est en train de se faire et de défaire.
* Roger Faligot, Tricontinentale, éditions
La Découverte, Paris, novembre 2013.
64 pages, 26 euros.


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