C'est une véritable tragédie qui a endeuillé hier l'Algérie : un avion militaire de transport de troupes de type Hercule C130 s'est écrasé dans la région d'Oum El Bouaghi. Bilan : plus d'une centaine de morts. Aucun survivant. L'avion, qui assurait la liaison entre Constantine et Tamanrasset, transportait des militaires et leurs familles. L'heure est pour le moment au deuil et à la compassion à l'endroit des familles affligées par ce drame national qui dépasse, en pertes humaines, toutes les catastrophes aériennes civiles et militaires que notre pays a eu à déplorer dans l'histoire de l'aéronautique en Algérie. Cette tragédie interpelle d'autant plus les consciences que des enfants se trouvaient à bord de l'avion qui s'est crashé. La joie de retrouver leurs papas pour quelques moments furtifs de bonheur familial s'est transformée en deuil et en voyage sans retour. Selon les premières indications, les mauvaises conditions climatiques marquées par de fortes perturbations atmosphériques aggravées par des rafales de vent exceptionnelles qui ont balayé le pays d'est en ouest et du nord au sud, ces dernières 24 heures, seraient à l'origine du crash. La catastrophe aurait-elle pu être évitée ? A-t-on fait une mauvaise appréciation de la dangerosité des conditions météorologiques ? Où se situe le dysfonctionnement ? Le plan et les conditions du vol ? La défaillance humaine et/ou technique ? Et parce qu'il s'agit d'un appareil militaire, il est difficile d'empêcher également certaines supputations et spéculations faites ici et à l'étranger. De bonne foi ou pour semer le doute et la confusion dans les esprits. Seule l'analyse des informations précieuses de la boîte noire de l'appareil est à même de fournir des pistes et des réponses sur les causes réelles du drame. Mais avant de faire parler la boîte noire, ce que retient à chaud l'opinion, de cette tragédie, ce sont ces «charters» qu'organise l'ANP pour les familles des militaires. Au plan sécuritaire, cette initiative à caractère social de programmation de vols spéciaux d'aéronefs de l'armée au profit des familles des militaires désirant rendre visite à leurs proches basés dans des structures militaires dans le sud du pays apparaît contestable et inappropriée pour beaucoup dans le contexte actuel instable que vit le pays. D'autres ne retiendront que ce privilège que s'offrent les militaires et leurs familles d'emprunter des vols spéciaux pour leurs visites familiales. Le lien est vite fait avec les vols Sonatrach et le reste des Algériens qui n'ont d'autre choix que les vols (ir) réguliers d'Air Algérie avec leur lot de tracasseries et les coûts exorbitants des billets d'avion. Si l'on ne peut pas empêcher ce genre de polémique dans l'Algérie rebelle d'aujourd'hui, ce débat apparaît toutefois insensé et proprement déplacé face au deuil qui frappe l'Algérie tout entière. En revanche, ce qu'il faut espérer, c'est que l'enquête sur ce drame ne connaîtra pas le même sort que celles des précédentes catastrophes aériennes dont la dernière en date, l'avion militaire de même type Hercule C 130 qui s'est écrasé sur des habitations à Boufarik, dans la wilaya de Blida. Le drame d'hier porte à trois le bilan macabre de ce type d'appareils qui se sont écrasés, en y ajoutant celui qui s'est crashé en Ecosse. Faut-il continuer à tenir cette comptabilité macabre des vies humaines sans réagir et sans prendre les dispositions nécessaires pour éviter à l'avenir de tels drames ?