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Bonne feuilles
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Publié dans El Watan le 28 - 03 - 2014


-Pages 14-15
Ah! Alger ...Blanche comme un passage à vide.Elle n'est plus qu'une ruine mentale, pense Ed Dayem en retrouvant la mythique capitale enlisée jusqu'au cou dans ses propres vomissures. Ah ! Alger, Alger... Inscrits aux abonnés absents, ses saints patrons se cachent derrière leurs ombres, un doigt sur les lèvres pour supplier leurs ouailles de faire les morts; quant à ses hymnes claironnants, ils se sont éteints dans le chahut d'une jeunesse en cale sèche qui ne sait rien faire d'autre que se tourner les pouces au pied des murs en attendant qu'une colère se déclare dans la rue pour saccager les boutiques et mettre le feu aux édifices publics. Hormis une minorité de snobinards qui emprunte à Paris ses pires défauts, c'est l'abâtardissement métastasé. Même le vice s'effiloche dans la platitude ambiante, et les allumeuses, qui d'habitude faisaient courir les culs-de-jatte, sentent les draps mortuaires et la sueur fauve des mauvaises passes.
Répandu sur la banquette arrière du taxi qui le ramène de l'aéroport, Ed Dayem écoute gargouiller ses tripes. Son malaise s'est déclaré à l'instant où il est monté dans l'avion et a empiré au fur et à mesure de l'approche des côtes algériennes. Les antidépresseurs qu'il consomme à l'envi n'ont plus d'effets sur lui. Chaque fois qu'il rentre au pays, il a le sentiment du meurtrier retournant sur les lieux de son crime.Pourtant, Ed Dayem n'est pas n'importe qui. Lorsqu'il porte la main à sa poche, on entend remuer sénateurs, députés, magistrats, maires et un tas de notables comme de la petite monnaie dans la tirelire d'un enfant gâté. Mais en Algérie, aucun dieu n'est tout à fait à l'abri.
-Page 28
Ed Dayem a toujours un frisson lorsqu'il pénètre dans l'immense demeure de haj Saad Hamerlaine. Il a l'impression de s'aventurer dans un labyrinthe hanté d'esprits frappeurs et pavé de trappes abyssales.
-Page 29
Même les lumières du jour semblent se garder de s'y hasarder. A peine l'allée et la véranda dépassées, une obscurité s'installe dans les esprits et refuse de battre en retraite. Ed ne se souvient pas d'avoir vu un lustre ou une lampe allumés à l'intérieur.Le valet se dépêche le long d'un couloir jalonné de vases colossaux, de commodes en marbre et de miroirs imposants.Occupé à peaufiner ses pièges avec la patience implacable d'une araignée, Hamerlaine ne sort que très peu. Pour mieux vivre en autarcie, il a ramené l'univers chez lui et a même installée un bloc opératoire ultramoderne au sous-sol, équipé d'un appareil de dialyse, d'un cabinet dentaire, et une salle de gym. Haj Hamerlaine ne se contente pas d'être un super-citoyen exonéré d'impôt, il s'autorise à racler le fond du Trésor public autant de fois qu'il le souhaite. En Algérie, on appelle ce privilège la «légitimité historique».Les deux hommes arrivent devant une porte en ébène. Le valet cogne dessus, attend un instant avant d'ouvrir et de s'effacer.
Ed Dayem doit aller chercher au plus profond de son être le courage de franchir le seuil de la salle qui semble vouloir l'engloutir.Le bureau de Hamerlaine est vaste, avec de hauts plafonds et des parois recouvertes de boiseries nobles parées de tableaux de maitres empruntés au musée national depuis si longtemps que plus personne ne songe à les réclamer.
-Pages 52-53
Aujourd'hui, j'ai décidé de m'adresser à Dieu plutôt qu'à ses saints. Je suis victime d'un système véreux, aussi je porte plainte contre l'Etat, ici même, dans le commissariat central d'Alger.Le citoyen défait le cordon qui ficelait l'énorme dossier et entreprend de chercher des documents. Ses gestes saccadés font trembler son visage er sa respiration rappellent soudain celle d'un asthmatique.
- En 1997, la commune d'Aïn el-Türck m'a attribué un lot de terrain de cent quarante-trois mètres carrés. Voici l'ordre d'attribution signé et daté. J'ai payé la somme réclamée dans son intégralité, ainsi que les frais notariaux et ceux de la viabilisation dont voici les reçus et les ordres de versement. Un an plus tard, grande fut ma surprise lorsque j'ai constaté qu'une tierce personne avait construit une maison sur mon propre terrain. Et depuis, c'est la galère. Le squatteur est en règle. Il m'a montré l'ordre d'attribution à son nom, signé par le même chef de commune. Au début, on m'a promis un autre lot. On m'a fait courir des années durant.
A la réserve foncière de Sénia, où sévit une canaille de la pire espèce, on m'a appâté avec des promesses, puis on m'a ignoré. J'ai porté mon affaire devant le tribunal. Les juges avaient les yeux sur mes poches plutôt que sur mes requêtes. Ni les lettres recommandées ni les prières du vendredi ne sont parvenu à destination. Le préfet d'Oran se dit agacé par ma personne. Il estime que je le harcèle. Aux différents commissariats, les agents se signent pour repousser les sortilèges dès qu'ils me voient me pointer. J'ai écrit au ministère cent fois, au président de la République plus de vingt fois, pas la moindre réaction. Cette histoire m'a rendu hypertendu, sans compter mes problèmes cardiaques et mes crises d'angoisse. Je fonctionne aux antidépresseurs. Ma femme s'est réfugiée chez ses parents, mes enfants m'évitent, le plus jeune est mort en tentant de traverser la mer à bord d'une chaloupe pourrie Je n'en peux plus.
-Page 87
Ce que J'ha, Llaz et Ed Dayem ignorent, c'est qu'à cet instant précis ils incarnent le paradoxe algérien. Tous les trois appartiennent non pas à la race humaine, mais à l'espèce humaine, à cette catégorie de fous furieux incapables de générosité, mus par le besoin morbide de nuire, tellement tristes que si l'on venait à étaler sous leurs yeux toutes les splendeurs de la terre, ils ne verraient que leur propre laideur. Est-ce pour garder un semblant de lumière par rapport à ses jumeaux enténébrés que Dayem est furieux ? Pour le magnat, on n'a pas le droit de s'attaquer à celui qui redore l'image des Algériens sous d'autres cieux et qu'il voit comme une sorte de prouesse susceptible de rendre la déconfiture nationale moins insupportable.
-Page 127
Joher prend la mesure de son audace. Elle dégrafe le haut de sa veste et se laisse choir dans un fauteuil.
- Est-ce que je t'ai autorisée à t'asseoir ? lui fait-il de sa voix glaciale.
- Je t'en supplie, ménage-moi. Je n'ai pas dormi depuis des semaines et l'angoisse est en passe de m'anéantir.
- Ça ne te donne pas le droit de te croire exemptée de certains usages, ma jolie. Tu vas soulever ton gros cul et rester debout jusqu'à ce que je te dise Couchée!
Joher réprime un soupir et se remet debout. Haj Hamerlaine ne supporte pas la familiarité, surtout pas de la part des femmes, qu'il traite avec une discourtoisie à la limite du dédain. Mais elle sait que, dans le monde des tsars de la République où elle a échoué presque adolescente, il n'y a de place ni pour l'amour-propre ni pour l'amour tout court et que pour gravir les échelons, on est obligés de toucher le fond avant d'être autorisés à remonter.
- Qu'est-ce qui t'amène, ma cocotte ? Et ne tourne pas autour du pot. C'est déjà une immense faveur de t'accorder cinq minutes de mon temps. La prochaine fois, tu n'auras pas l'occasion de réaliser ce qu'il t'arrive.
Le ton est ferme et tranchant comme un rasoir.
Joher acquiesce de la tête.
- Mon mari n'a aucune chance aux prochaines élections sénatoriales, dit-elle.


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