La situation est désormais très grave, avec des interventions qui se font dans des conditions d'hygiène indescriptibles. Saleté, surcharge, manque de matériel, insécurité et bien d'autres maux déplorés par tout le personnel du service de maternité, au CHU Dr Benbadis, qui a observé, hier, un sit-in. Ils dénoncent une situation qui devient de plus en plus grave, et qui, selon eux, ne peut plus durer. Ces travailleurs affirment aussi faire l'objet de marginalisation par les responsables et avoir une surcharge de travail intolérable dans ce service. «Cela fait plus d'un an que nous dénonçons régulièrement cette situation auprès des différentes directions qui se sont succédé, et du ministère de la Santé; mais nos problèmes n'ont pas été pris en considération : Pensez donc, c'est aberrant, les patientes des 17 wilayas de l'Est atterrissent ici», fulminent les protestataires. Et un auxiliaire médical en anesthésie et réanimation, de nous préciser, non sans colère: «Depuis le premier janvier 2014 il y a eu 3 166 admissions; nous avons pratiqué 3100 accouchements en trois mois. Pour le seul mois de mars, il y a eu 1100 accouchements. Pourtant, la plupart des cas ne nécessitaient pas de transfert, attendu qu'il n'y avait pas de complications. Que fait alors le personnel des autres wilayas ?» Ce débordement les mène forcément à effectuer des accouchements qui n'obéissent pas toujours aux normes requises en matière d'hygiène. «Il nous est arrivé d'utiliser du matériel non stérilisé, quand il faut opérer deux patientes en même temps. Les tables servant pour les interventions sont sales, vermoulues et surtout dangereuses pour les parturientes. Tout est obsolète», disent-ils encore. Il faut savoir, que les normes internationales pour une sage-femme ne préconisent pas plus de 4 accouchements/jour. «Mais ici, une seule sage-femme pratique jusqu'à une dizaine d'accouchement/jour. En plus, il faut voir comment les parents des patientes nous traitent, ils sont allés même jusqu'aux agressions», martèle une sage-femme du service des grossesses à haut risque (GHR). Il faut relever aussi l'absence d'eau, de produits stérilisants et autres détergents, le manque criard de personnel de nettoiement… Nous avons été informés que des travaux de réhabilitation du service en question seront bientôt lancés, mais le hic pour eux, c'est que ces travaux devront se faire alors que les lieux doivent rester fonctionnels. Ce sera vraiment la débandade, disent les contestataires. Le même auxiliaire médical nous a dit qu'à partir de 14 h, tous les médecins spécialistes quittent les lieux, et seuls les résidents restent. «Le personnel paramédical travaille sans couverture médicale», note-on encore. La situation est très grave au CHU, et plus particulièrement au service de maternité. «Ce service est complètement abandonné, en plus de l'insécurité totale. Les responsables nous donnent ce que nous demandons uniquement quand il y a la commission d'inspection», râle un infirmier.