Ne pouvant rivaliser avec les grandes surfaces, les petits commerces n'ont souvent d'autre choix que de changer d'activité. Devant le foisonnement des superettes et autres centres commerciaux, pas toujours bon marché d'ailleurs, ils peinent à joindre les deux bouts. Ils voient leur clientèle, attirée par les étals achalandés des grands magasins, se réduire de jour en jour. «Mes efforts pour vendre moins cher qu'eux, ne changent rien à la situation. Hormis certains anciens et des amis, on ne compte plus de nouveaux acheteurs», indique un épicier du centre -ville qui pense se reconvertir dans la restauration rapide, plus rentable. Dans les villages, le petit commerce ne sert plus qu'à «dépanner» en attendant le lendemain. Si les commerçants arrivent à fidéliser un tant soit peu leur clientèle, c'est grâce à la baguette de pain fraîche et au sachet de lait que l'on peut y trouver de bonne heure. Ce qui dispense les villageois des chaînes fréquentes sur ce produit, toujours sous tension. Pour être sûrs d'être servis et de «garder le contact avec le vendeur», les clients n'hésitent pas à faire quelques achats de temps à autre, à l'unique magasin du hameau. Les consommateurs, quant à eux, ne sont pas très regardants sur les prix. L'un d'eux nous explique son choix : «Pour quelques dinars de plus, je préfère m'approvisionner à la superette où je trouve tous les articles dont j'ai besoin. Cela m'évite de faire le tour de plusieurs petites boutiques, dont l'offre est limitée à certains produits.» En plus de cette disponibilité, d'autres justifient leur préférence par l'espace des supermarchés où les produits sont diversifiés et à portée de main. Se dirige-t-on vers la disparition des petites échoppes au profit de grandes surfaces ? On est tenté de le croire. Les épiceries traditionnelles, boudées, brusquement, se convertissent une à une, en «fast-food» ou autre commerce de consommation rapide. Le petit commerçant assiste, malgré lui, à la réduction de sa clientèle qui semble trouver son compte ailleurs. Le commerçant du village qui, jadis, distribuait le courrier et rendait de multiples services aux personnes âgées, n'existe, déjà plus, dans certains bourgs.
