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L'Algérie : Entre les forces d'inertie et le lourd tribut de la reproduction systémique
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Les mutations ont été vécues à la manière des vases communicants : la rupture systémique tant attendue n'a pas eu lieu.
L'économie de marché a servi comme un nouvel habitacle aux fortunes tapies dans l'ombre d'un système. La création de cette économie de marché, qui n'est ni productive ni compétitive, est consécutive à la logique de reproduction du système. Les ostracismes infligés aux propriétés entrepreneuriales privées, dans les périodes de la planification centralisée et impérative, ont servi à creuser des vides, récupérés plus tard comme des terrains de recyclage de fortunes à droits préférentiels (dans l'accès au marché officiel des devises, à des avantages fonciers, dans le choix des secteurs, dans l'imposition de formes de présence dans ces derniers…).
Avec toutes les énergies du système (le parti, le syndicat…), ils se sont autorisés à faire des choses dans un contexte de désindustrialisation ce qu'ils auraient pu refuser aux autres dans le contexte d'industrialisation. Ils ont pu ainsi structurer une économie qui disqualifia les préceptes de toute la science économique, et ceci dans la radicalité d'un refus de toutes ses évidences. C'est par un surcroît de capacités à galvauder, à récupérer les schémas, les idées à son propre compte que ses coffins de réformes ne tarissent
jamais ; sinon, ces dernières ne tardent jamais à atterrir pour servir inlassablement la même cause : sauver le système. La question est de savoir qui du pays ou du système est une «malédiction» pour l'autre.
Le système fait supporter les coûts de la gestion de ses équilibres à la collectivité
Il est tellement l'objet de sa gestion qu'il ne lui reste plus rien de cette énergie dédiée à sa reproduction de quoi s'inquiéter de l'état de carence générale dont souffre l'avenir du pays. Au lieu des affaires du pays comme objet à sa gestion, il devient lui-même cet objet. Au lieu de servir le pays, il s'en sert. Ce qui permet à coup sûr de sécuriser et de pérenniser le système fragilise davantage le pays. Ce que gagne le système, le pays le perd. Voilà la véritable facture que nous fait payer le système sur les guichets de son intrépidité. Les affaires du pays sont en tous les temps en annexe de ses préoccupations, c'est-à-dire léguées à cette espèce d'espace «provincial», qui est donc l'espace institutionnel formel. Or, les agents mandataires se voient confier la mission du management sans les corollaires décisionnels.
Ces agents sont prédisposés à gérer dans le sens souhaité, c'est-à-dire inclinés à porter les coups nécessaires pour garder le statu quo. Les coûts de ce management vont des coûts de l'allégeance, des doubles coûts de signalement pour montrer la conformité de leurs actes aux intérêts des mandants et des faux espoirs créés au sein des populations, en passant par ceux induits par la supplantation des compétences du pays.
Dans les systèmes qui consomment les actes de gestion pour garantir leur pérennité, les éléments de coût sont ceux générés par les dépenses ostentatoires, pour les besoins de sa magnificence, ceux de la fabrique de la gestion populiste de l'économie et de la société, et ceux des usages outranciers de l'instrument bureaucratique. Les coûts de fonctionnement du système sont autant de ressources consommées par des postes oisifs, par les semblants de management et de contrôle mis en œuvre, par les dédouanements plus ou moins grossiers, par le gaspillage des ressources et des compétences du pays. Ils représentent «un coût des coûts» prenant des proportions démesurées, car ce qui est consommé par le système devait être réorienté pour produire de la valeur pour le pays.
L'économie rentière s'apparente ainsi à un menu qui préfigure toutes les formes de corruption
Elle est à la source d'un entrepreneuriat étatique «dépensier» ou des jeux de transferts qui engraissent et prolifèrent les foyers de corruption. En effet, le management n'est pas orienté vers la maîtrise des dépenses, puisqu'il n'est qu'un voile pour dissimuler les masses de dépenses qui s'engendrent sur le marché parallèle de l'exécution des projets. Aux coûts nécessités par le projet lui-même, s'ajoutent ceux liés à la création de marchés décidés sur avortement des délais de maturation de projets antérieurs, ceux engendrés par la surfacturation du projet lui-même, ceux liés à l'ineffectivité des dispositifs de contrôle de l'exécution des marchés (en raison d'un semblant de mode de séparation entre gestion et contrôle, qui, dans la forme la plus manifeste est «laâb hmida, recham hmida», cette forme particulière que prend le cumul de fonctions chez nous) et bien entendu ceux engendrés par le non-respect des normes d'utilisation des ressources dans la réalisation du projet.
Une économie rentière telle que la nôtre n'a pas besoin de faire appel à des politiques gouvernementales et encore moins à des instruments de management. Le management macroéconomique, lui, est en principe encombrant. Cependant, les rentiers ne peuvent pas s'en empêcher et mettre à profit les instruments de construction entrepreneuriale (les dispositifs Ansej, CNAC, construction d'autoroutes, exonérations fiscales…) au service de l'expansion de leurs marchés. Les leviers du management macro-économique ne servent pas sur l'échiquier d'une économie rentière des intérêts entrepreneuriaux : la construction d'une autoroute, par exemple, stimule l'offre des véhicules importés et facilite la traction des conteneurs. Après tout, le régime de croissance tiré par la dépense publique crée un pouvoir d'achat qu'il dédie aux importations.
Le système s'est donné le moyen de se tailler un habit institutionnel dissimulateur de sa logique de fonctionnement et
de ses enjeux propres
Le schéma institutionnel ne traduit pas en son sein une capacité à arbitrer les jeux sociaux dont les jeux économiques et entrepreneuriaux. Les modes d'institutionnalisation ne sont pas des compromis dictés par des nécessités de création de valeurs pour le pays. Ils sont imprégnés d'un juridisme qui fait miroiter l'image «du tout fait», «du tout essayé» pour loger, le cas échéant, les raisons de ses échecs en dehors du champ de sa gouvernance. Les mauvaises performances du système sont drapées dans des performances immatérielles résultant de la création et de la pérennisation d'un ordre institutionnel factice.
A la différence des pays où une crise systémique (multidimensionnelle) peut survenir d'une rupture dans les grands équilibres résultant des «compromis institutionnalisés», entre les différentes positions de l'espace social, chez nous l'entrée en dysfonctionnement des institutions n'affecte en aucun cas l'immunité du système rentier. En tant qu'écran, l'ordre institutionnel formel va s'interposer pour concentrer les critiques formulées à son endroit, pour placer les changements en dehors de sa structure et faciliter le jeu de sa reproduction. Ceci dit, les structures institutionnelles de l'ordre formel n'ont pas créé l'économie et n'ont de ce fait aucune emprise sur sa structure. La structure actuelle de l'espace économique est le produit d'une stratégie intentionnelle concoctée et construite à partir d'une récupération de tout le travail critique porté fortement par la scène médiatique durant la période d'ouverture.
Les régulations instituées sont construites pour et à partir d'un ordre économique rentier. Si le système rentier est inerte, c'est qu'il est capable de l'être autant pour porter les changements sur le terrain de l'espace institutionnel formel. C'est pourquoi le management de l'économie n'est pas celui qui s'offre les moyens d'une construction des actes entrepreneuriaux dans l'économie. Il n'est pas fait pour transformer la structure actuelle de l'espace économique ni pour accompagner une quelconque de ses évolutions, aussi importante soit-elle.
Le management appliqué actuellement à l'économie n'est qu'un simple support pour maintenir l'équilibre de la structure des intérêts des rentiers, pour assujettir tous les besoins de la société, du secteur public et du secteur privé au règlement par la rente. A l'occasion, le discours managérial du pouvoir politique est toujours fin prêt pour cultiver le dédouanement et inverser l'ordre des comptes à rendre pour les réclamer paradoxalement à des acteurs stigmatisés par l'ordre rentier.
Les intérêts entrepreneuriaux sont antinomiques à la logique de reproduction du système
Contrairement à une idée répandue, le régime rentier n'a pas travaillé pour empêcher la naissance d'une économie marchande. Son aversion serait plutôt d'y voir émerger des dynamiques de croissance et de compétitivité. Elle est réinventée par cette phobie aux jeux concurrentiels et aux compétitions que lui transmet en héritage le mode d'organisation institutionnelle antérieur, non pas seulement pour des raisons de création de valeurs, mais aussi pour les reconnaissances sociales des réussites politiques et entrepreneuriales d'agents outsiders.
Les agents dominants ont utilisé la transition marchande pour privatiser l'espace de la circulation des ressources rentières et en faire une orientation pour l'économie du pays. Ce qui particularise cette économie dans son fonctionnement n'est pas seulement la montée en puissance des importateurs, mais aussi d'être le lieu d'un pouvoir économique qui fait obstacle à toutes les forces entrepreneuriales de croissance ou de compétitivité qui peuvent venir au monde, un monde qu'ils croient leur appartenir pour toujours.
L'économie marchande est sapée de ses fondements entrepreneuriaux : les réseaux d'importation l'ont disputée aux réseaux entrepreneuriaux. Ses équilibres et ses légitimités s'obtiennent par un blocage de la fonction d'investissement du pays et se stabilisent et se rassurent par les intérêts servis des pays d'origine. D'ailleurs, si les moyens de diffusion satellitaires de ces derniers ne sont pas déployés pour accompagner les initiatives de déstabilisation du régime, c'est que leurs intérêts ont été bel et bien satisfaits. Ceci dit, la question de l'économie de la croissance compétitive est en dehors du champ de vision du système, elle lui est étrangère pour espérer y trouver les forces de son effectuation. Elle se présente à lui comme un risque qui menace ses équilibres et ses logiques de fonctionnement. Elle lui réserve tellement ses punitions qu'il est poussé à entreprendre des plus absurdes tâches pour pérenniser sa destinée.
Et tant que ses forces de régénération et de reproduction sont toujours offertes, il lui multiplie ses refus implacables, ses obstructions et ses tergiversations en reportant à l'occasion sur elle ses propres fatalités. Il n'y a pas de répondants internes au système qui puisse avoir d'effets structurants et laisser apparaître et développer des trajectoires de croissance dans l'économie. En Algérie, nous sommes dans un système où les dirigeants consacrent tous leurs efforts pour son maintien et sa pérennité. C'est là que le bât blesse.
L'ordre économique rentier délégitime les reconnaissances sociales entrepreneuriales en poussant et en cantonnant les agents entrepreneuriaux dans l'informel
Mais la dérive du régime populiste ne s'arrête pas là. Le choix des leviers d'action à effets immédiats, dont l'utilisation récurrente est pondérée par ses obstinations et ses rejets systématiques de toute idée de changement, est vraisemblablement celui qui génère la portion la plus importante des surcoûts au pays. Les rétributions qu'il assure ne sont pas, vu sa fonction objective d'intéressement, destinés à rémunérer les réussites et les distinctions sur l'espace des réalisations sociales. Justement, en matière de distinctions sociales, les agents politiques sont numériquement la catégorie la mieux lotie.
Dans notre pays, la structure de détention du pouvoir politique est un lieu par excellence de concentration des réputations sociales. Par l'hégémonie qu'ils exercent, ces agents monopolisent l'espace de distinctions sociales en jetant le discrédit sur les autres catégories de l'espace social ou en les dépossédant de leur capital de reconnaissances sociales. Dans les secteurs de l'industrie, de l'agriculture ou dans ceux, tout près de nous, de nouvelles technologies, les agents entrepreneuriaux sont retranchés dans leur anonymat et les entreprises entrepreneuriales sont dépersonnalisées ou plutôt personnifiées dans le modèle de l'agent systémique.
Ce qui semble être un paradoxe, c'est de maintenir sous leur hégémonie des forces entrepreneuriales possédant des potentiels de croissance et afficher un laxisme à une économie de «quincailliers». Dans ces circonstances, les années 1970 ne sont pas différentes des années qui ont suivi les réformes. Ainsi, les entraves et les blocages à l'investissement sont motivés par son intérêt à concentrer l'accumulation «d'un capital symbolique» pour empêcher les dynamiques réputationnelles de se former dans l'économie et la société.
En effet, le pouvoir politique décèle dans le monde entrepreneurial privé deux grandes menaces : une liaison au capital international et une transfiguration du capital entrepreneurial en capital symbolique. L'espace entrepreneurial peut s'imposer comme source de légitimité ou un lieu de construction de réputations concurrentes à celles construites par le volontarisme politique du régime. Ces attitudes réflexes concentrent l'essentiel des inerties à la rupture systémique. L'émergence des dynamiques entrepreneuriales est perçue comme une menace qui remettrait en cause les sources des légitimités politiques du régime. L'économie entrepreneuriale, publique ou privée, se trouve idéologiquement affaiblie. Les intérêts productifs qui en dépendent sont bafoués, instrumentalisés et mis à profit pour légitimer le jeu d'intérêt des rentiers. Dans ces circonstances, une entreprise publique n'a de fonction que de masquer le «tout importé».
Les rentiers ont imposé un ordre qui consacre le primat de la fonction commerciale sur celle de la production
L'ordre marchand est paradoxalement venu au monde sur la base de rapports non entrepreneuriaux. L'espace marchand n'a pas de logique entrepreneuriale propre, car les valeurs qui lui donnent son existence sont exogènes. Les fortunes en pouvoir d'achat d'accès à l'extérieur sont constituées en dehors d'une économie d'échange. N'ayant aucune légitimité entrepreneuriale, ces fortunes ne peuvent prendre la forme d'un capital. Le capital obéit à des modes de constitution indissociables des processus de maîtrise de métiers entrepreneuriaux.
Comment cet argent s'investit dans l'économie sans ses fondements culturels, sans le savoir-faire, sans les dispositions d'un ethos d'une vie marchande entrepreneuriale ? La seule façon de s'y prendre est «d'avoir un pouvoir sur le pouvoir de l'Etat». Bien sûr, cette façon de se situer au-dessus des lois ne confère pas aux fortunes les propriétés (le statut) d'un capital, mais des rémunérations en s'imposant dans les segments les plus lucratifs et les plus quadrillés pour mettre hors du jeu toutes les initiatives productives, concurrentes.
Le pouvoir des rentiers est de ce poids qu'il faut pour imposer un statu quo. Et quand une facture d'importation passe en l'espace de trois mois d'une cinquantaine à une soixantaine de milliards et quand les statistiques officielles nous disent que l'espace entrepreneurial est submergé par les activités commerciales, on ne peut que se demander jusqu'où les rentiers pourraient conduire le pays. La dérive des importations est l'expression de l'impuissance de l'Etat à s'imposer sur l'espace économique national.
Tout ceci pour dire que le système n'est pas fait pour changer mais pour rester aussi longtemps que les profits espérés sont garantis par la rente. Le système rentier trouve aussi les ressorts de sa logique de reproduction dans la manipulation des dynamiques de structuration des liens sociaux. Sa verticalité est conçue en réseau pour faire dépendre de lui toutes les réponses à donner aux demandes sociales (le recrutement, les demandes d'orientation dans les institutions scolaires, d'admission aux hôpitaux…). S'il y a un schéma d'organisation administrative formellement établi pour le règlement des problèmes des citoyens, il est dupliqué avant d'être rendu définitivement ineffectif en raison du dynamisme dans l'espace de l'organisation sociale parallèle.
Cette verticalité en réseau facilite des interpositions en chaîne et confère les leviers de la création de mouvements pour gérer les urgences du système et/ou autoriser le transfert vers le sommet des réputations réalisées en sous-traitance tout au long de ce réseau vertical. La dynamique de ce réseau vertical ne laisse rien au hasard.
C'est le moyen systémique pour discipliner, pour enrôler les énergies dans les sens souhaité. Ce qui est plus dramatique est que les coups fomentés, les conspirations ont définitivement ôté le droit de cité aux débats et au discernement. Dans les secteurs de l'administration et de l'économie locales, les performances institutionnelles, économiques et sociales sont définitivement ternies. On ne travaille plus pour son pays, pour l'institution, pour lui-même, mais pour l'employeur systémique.
Les logiques de népotisme, de clientélisme sont des stratégies de domestication de l'énergie sociale et des supports pour faire passer dans la réalité, jusqu'aux populations, les options du régime. Et, en retour, il est disposé et intéressé à délaisser l'exercice de certains rôles, comme celui de laisser les feux verts pour y assurer les recrutements selon les profils que valorise le système.Toutes les sources d'inertie ne sont pas endogènes au système.
Le jeu auquel se livrent ses forces ne saurait résister si leurs manœuvres, leurs pratiques dérogent à l'équilibre des rapports qui lui sont imposés de l'extérieur. Les foyers de contestation mis en veille, en interne, sont aussi sous l'œil d'aigle de ceux qui les considèrent comme un moyen maniable pour assouvir leurs convoitises.
Les Européens ou les Américains peuvent, logique de captation de la rente oblige, faire des déficits en matière de démocratie ou des droits de l'homme leur propre affaire, tant que l'autre, au bout de leur monde, est contraint par ses déficits en légitimité à donner plus.
Le régime rentier contesté fragilise les positions du pays sur l'échiquier extérieur et accroît les coûts de rétablissement de ses équilibres en interne. Par exemple, on paie plus pour gérer les contestations en interne et on paie plus en «désinstrumentalisant» par l'économique ces mêmes contestations, sur lesquelles d'ailleurs jouent les tenants de la globalisation qui les utilisent comme rempart dans leur contre-offensive marchande.
Le pays est hypothéqué en subordonnant ses avenirs aux règles d'un équilibre des intérêts internes et externes et en soumettant sa stabilité à une notation en deux temps : entre les signes de largesse sous forme de reconnaissance précipitamment envoyées au lendemain des scrutins, et les rapports de mauvaises performances dressés sous forme de mises en garde au système les produisant.


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