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Santé : Nous mangeons aussi des antibiotiques !
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Publié dans El Watan le 30 - 05 - 2014

Viande, lait, œufs... les aliments que nous consommons tous les jours et qui échappent parfois au contrôle, peuvent présenter des risques pour notre santé. Les vétérinaires s'en inquiètent. Enquête.
Laghouat et El Bayadh de notre envoyé
Vous trouvez dans un méchoui fumant et bien grillé beaucoup de réconfort ? Pas si vite. Il se pourrait qu'il doive reconsidérer ce qui se trouve dans son assiette. Car en plus de la viande et des épices, il se pourrait que vous avaliez sans le savoir quelques ingrédients invisibles à l'œil nu. Comme… des antibiotiques. Car une grande partie de ce que nous consommons échappe au contrôle des services vétérinaires. Depuis quelques années, le passage des méthodes d'élevage traditionnelles à des techniques plus industrielles ont amené les fellahs à suivre les consignes des vétérinaires.
Objectif principal : la prévention des maladies animales. Mais les produits (vaccins, poudres, liquides…) importés, sont administrés dans la plus grande opacité. Une tendance qui inquiète les professionnels de la médecine vétérinaire. Une récente étude scientifique sur la résistance des bactéries animales aux antibiotiques (autobiorésistance) révèle que la moitié des bovins et caprins atteints de mammite (inflammation des mamelles) présentent une résistance aux médicaments. L'étude réalisée à El Bayadh et Ghardaïa par le docteur Bencharif, vétérinaire et directrice du Laboratoire régional vétérinaire de Laghouat, fait réagir les praticiens et suscite un intérêt particulier de la part du ministère de l'Agriculture.
Attention !
«Sur un total de 620 prélèvements de ces bovins et caprins de la région steppique, 302 se sont révélés positifs. Soit un taux de 48,70%», lit-on sur un résumé de l'étude qu'El Watan Week-end s'est procuré en se rendant à Laghouat. «L'étude a été envoyée à la direction de la Santé agraire de Laghouat qui a alerté à son tour la direction de la Santé vétérinaire relevant du ministère de l'Agriculture et du Développement rural», affirme le docteur Bencharif.
Pour suivre l'évolution du dossier à Alger, nous avons été reçu par le docteur Abbas, vétérinaire et directeur intérimaire de la direction de la santé vétérinaire (DSV) au ministère de tutelle. «Nous avons été saisis sur ce problème. Nous avons transféré le dossier à l'Institut Pasteur qui nous informe de l'évolution et qui nous prescrit les démarches à suivre afin de faire face à ce phénomène», rassure le docteur Abbas. Ces animaux destinés à la consommation, s'ils ne sont pas réceptifs à certains soins, présentent-ils un danger pour l'être humain ? Direction El Bayadh, au sud-ouest, pour rencontrer le vétérinaire Abdallah Berrabah, l'un des premiers à avoir alerté la tutelle et l'opinion publique sur ce problème.
Insouciance
A l'intérieur du bureau, l'air est suffocant, provoqué par l'odeur des vitamines. «Le fait de constater que des bactéries classiques (staphylocoques, streptocoques, E. coli…) aient présenté une résistance aux antibiotiques, cela veut dire qu'elles y ont été déjà soumises mais à des doses insuffisantes ou à des durées très courtes», explique le docteur Berrabah. Pour le ministère, il ne s'agit pas d'un problème de qualité des médicaments mais de maîtrise des méthodes de soins.
Pour le docteur Abbas, toutes les opérations d'achat de médicaments sont conclues selon des normes internationale conformément au décret exécutif 09-102 du 10 mars 2009, publié dans le Journal officiel n°16 du 15 mars 2009. «L'importateur agréé n'a le droit de commercialiser un médicament en Algérie que s'il est déjà testé dans le pays où il est fabriqué. De plus, nous suivons sa commercialisation, de l'importateur au grossiste et du praticien jusqu'aux éleveurs. Chaque importateur ou grossiste engage avec lui un directeur de santé, soit un vétérinaire ou un inspecteur de santé agraire, qui vérifie la qualité et l'efficacité du médicament», assure le docteur Abbas. Il se peut donc que le problème ne réside pas dans la qualité du médicament mais dans sa commercialisation.
Sur ce sujet, le docteur Berrabah soulève un point important : l'automédication qui, d'après lui, devient un phénomène répandu. Le fait que des éleveurs traitent directement avec des grossistes sans l'assistance de praticiens met l'élevage en danger, et le consommateur aussi.
Vigilance
Le docteur Berrabah considère même que la mauvaise utilisation des médicaments constitue une bombe à retardement en Algérie. «C'est une pratique qui s'est largement répandue chez les éleveurs qui se procurent des médicaments en tous genres et les administrent eux-mêmes à leurs bêtes. L'aberration ne s'arrête pas là : ils vont jusqu'à choisir eux-mêmes la nature du médicament qu'ils jugent plus efficace qu'un autre. Pour eux, c'est ‘tajriba' (l'expérience) qui parle», témoigne le docteur Berrabah.
Pour la tutelle, ces pratiques sont interdites. Les responsables sont même passibles de poursuites judiciaires. «Les grossistes ou importateurs qui ont affaire directement avec les éleveurs sont suspendus. Des marchés déjà conclus ont été signalés. Les commanditaires ont été sanctionnés. Ils peuvent être interdits de vente pour une durée allant de trois à six mois. Cette sanction peut même valoir une poursuite judiciaire au pénal ou l'annulation du contrat en cas de récidive», prévient le docteur Abbas.
Concernant les risques sur l'être humain, le docteur Berrabah poursuit : «Cette pratique a une influence directe sur la santé publique de par l'exposition du consommateur qui mange des denrées alimentaires d'origine animale, telles que le lait, le beurre, la viande, etc. Celles-ci pouvant contenir des résidus médicamenteux très néfastes sur la santé, voire cancérigènes, explique docteur. L'autre risque est la contamination avec des bactéries, citées plus haut, et qui deviennent résistantes aux médicaments prescrits en la matière, ce qui engendrerait un grave problème de santé publique.»
Commerce
Si l'éleveur et le grossiste sont en partie responsables du phénomène de l'autobiorésistance et de certaines pratiques qui pourraient engendrer des effets néfastes sur la santé animale, qu'en est-il de la tutelle et des praticiens de la santé vétérinaire ? Le docteur Berrabah répond : «Il faut savoir que l'abattage n'est autorisé dans les abattoirs agréés que sur la base d'un certificat du vétérinaire chargé, par l'éleveur, du suivi. Cependant, certains vétérinaires peuvent délivrer des certificats avant le délai ou même sans avoir assuré le moindre suivi. Quant aux parcs non déclarés, (ce qui est particulièrement vrai pour la filière avicole, ndlr), il n'y a même pas matière à chercher le certificat du moment que l'abattage se fait clandestinement. Pour la ménagère, tous les poulets se ressemblent chez son boucher : elle regarde la couleur et la fraîcheur et rien d'autre… Seul Dieu sait ce qu'il y a dedans», s'indigne le docteur Berrabah.
La DSV, quant à elle, avoue qu'il est impossible d'assurer le suivi sur l'ensemble du territoire national. Par ailleurs, des moyens humains ont été mis en service afin de lutter contre le laisser-aller et assurer la bonne santé des animaux. «J'avoue qu'on ne peut pas être présents partout, mais nous avons nos inspecteurs de la direction de la santé agraire (DSA) qui travaillent en collaboration avec nos collègues de la direction de la santé de proximité (DSP) et la direction du commerce. Ils sont chargés des inspections dans les différentes wilayas. Nous recevons régulièrement leurs rapports. Nous appliquons toujours les dispositifs nécessaires afin de lutter contre les dépassements dans notre secteur», reconnaît le docteur Abbas.
Dispositions
Sachant que l'actualisation de la liste des antibiotiques se fait tous les deux ans, d'après le docteur Bencharif, le moyen de contrôle reste insuffisant. «Nous suivons chaque année la traçabilité d'une seule molécule (antibiotique)», ajoute le docteur Abbas. Pour le docteur Berrabah, l'autobiorésistance n'est pas le seul problème, il signale une autre possibilité de consommation d'antibiotiques destinés à l'animal par de l'homme. «Il faut noter que tous les médicaments ont un délai d'attente avant l'abattage de l'animal pour sa consommation mais rares sont les éleveurs qui respectent cette règle, même pour ceux qui sont suivis par des vétérinaires, car ces derniers n'ont aucune autorité sur eux et ne peuvent se porter garants devant le consommateur», ajoute le docteur Berrabah.
Sur ce sujet, docteur Abbas rassure : «Cette possibilité existe, mais elle est très négligeable. Le consommateur doit vraiment consommer des quantités considérables de la même viande dont la durée d'attente n'a pas été respectée.» Malgré toutes les assurances avancées par la tutelle, le docteur Abdallah Berrabah reste sur ses positions et persiste sur le fait que le danger sur l'animal existe.
Cette situation aura sûrement des conséquences sur le consommateur. Un problème qu'il faut absolument prendre en charge, d'après lui. Alors que la campagne a commencé à l'est du pays pour la vaccination contre la fièvre aphteuse qui guette l'Algérie depuis la Tunisie, la régulation de la marchandisation des médicaments présente toujours une défection dans la mesure où le vétérinaire est exclu de l'équation, seule habilitée à soigner les animaux.
La tutelle promet de mettre en place un nouveau moyen afin de lutter contre ces pratiques et assurer la santé des animaux. Le Docteur Abbas parle d'un plan de surveillance des contaminants et des résidus antibiotique (Pascra). Pour lui, le Pascra sera la solution d'avenir. «Avec ce nouveau moyen de lutte, nos inspecteurs contrôleront tous les abattoirs d'Algérie. Toute présence d'anomalie induira à la destruction de la marchandise. Les responsables seront directement sanctionnés.»


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